Géronimots XXI

mardi 31 mars 2015

LA LETTRE

Cet homme vient de recevoir une lettre d'amour, dont ne nous connaitrons jamais, c'est  fort dommage, que ces quelques gribouillis au verso, encore que suffisants à suggérer la plume d'une dame. Toujours est-il que lisant ou déchiffrant l'amoureuse missive, le bonhomme, non seulement déjà s'exorbite, mais sa curieuse coiffe vient de commencer, timide encore, de gonfler, en expression de l'émoi qui dès les premières lignes s'est emparé de l'âme du bienheureux lecteur ... : et dans ces conditions, après de tels débuts, tout nous laisse à penser que gonflant continûment, au fur et à mesure que s'accroît la lascivité des évocations,  cette coiffe enfoncée sur le chef de notre héros en viendra à se dresser dans une telle turgescence de ses tissus que ce sera, à l'acmé du processus, l'horrifique explosion, bien capable d'occasionner par contiguïté, car ils ne font plus qu'un, celle du pauvre bougre dont à même le plancher subsisteront tout au plus, discrets mais signifiants vestiges, les deux sourcils érigés et surtout, surtout les deux globes oculaires qui dans le paroxysme de leur bombement prouveront à la dame, si elle vient sur les lieux, ne fût-ce que pour ravoir sa lettre, miraculeusement intacte, combien elle fut, elle était, elle est encore aimée.



lundi 30 mars 2015

QUELQUES NUANCES DE ROSE

Influencé ou non par le fameux  Cinquante nuances de Grey, et  fort impatient de prendre ses marques au sein de la galaxie BDSM, cet homme vêtu de rose vient de faire son entrée dans ce petit club, ce petit clan installé comme chez soi devant ces colonnes, levant et brandissant un fouet voué à s'appliquer sur les dos nus de quelques soumis, lesquels font mine de se parer, sous l'oeil salace ou dubitatif d'une poignée de vieillards, tandis qu'une maman dépoitraillée quitte une scène peu convenable, en effet, pour des tout petits. Mais en cette dame elle aussi en rose, mollement alanguie à ses pieds, nous pressentons la partenaire prédestinée de l'intervenant, sans être encore en mesure, malheureusement, de supputer la configuration de leurs ébats lorsque les divers fantoches embarrassant la scène l'auront enfin désertée, ni de prédire si notre homme en viendra ou non à déclarer à la belle inconnue, comme à la marquise de Merteuil le vicomte de Valmont : Vous êtes, vous serez toujours, la véritable souveraine de mon coeur.

dimanche 29 mars 2015

APPASSIONATA

Mue par le bel idéal sociétal du vivre-ensemble, cette jeune femme aura voulu partager un moment d'intimité avec un partenaire assez éloigné des canons d'une esthétique conventionnelle. Même, s'étant hardiment dénudée, elle l'exhorte dans l'espoir d'une chaude étreinte : mais lui, impavide, pincé, laissant traîner sur l'accoudoir une main nonchalante, aux longs doigts filiformes, n'a pas vraiment l'air réceptif, malgré sa propre nudité, à cette amoureuse invite ... Il se pourrait, nous dira-t-on, que faute de pavillons auriculaires rien ne lui parvienne du pressant  discours dont on l'assaille? A moins qu'à l'inverse il n'entende tout, qu'il ne le décode dans la machinerie de son crâne énorme et soudain, comme en silencieuse mais fulgurante réplique, nous verrons deux rayons fuser de ses grands yeux, et celle qui aspirait au statut d'amante n'est plus qu'un tas de cendres brûlantes sur lesquelles, peut-être, à notre surprise ce personnage d'allure si apathique va se ruer, frottant son frêle organisme énigmatique sur ce poudreux matelas, remuant son ventre étroit, bombé, brunâtre sur l'amas pulvérulent, jusqu'à tant qu'une violente secousse le traverse et il ne bouge plus, couché sur ce lit de cendres, comme si la vie l'eût déserté en laissant glisser de ses yeux d'immatérielles perles incolores qui ne sauraient être que ses larmes. 



samedi 28 mars 2015

LE POING


Qu'est-ce donc que ce jeune bourgeois, orné de sa coquette moustache aux pointes effilées, pourrait bien tenir dans son poing gauche, sinon ... le coeur de sa pauvre mère, qu'il vient de lui arracher ? Et tandis que présentement la malheureuse est peut-être gisante, exsangue, entre les pieds de la chaise où siège son fils bien aimé, celui-ci, tout fier de sa conquête, autant que si c'était le Saint Graal, serre et crispe si fort son poing sur le cher et triste objet que si cette image se colorisait, nous verrions de rouges ruisseaux dégouliner sur son veston, sur le jabot de sa chemise, sur son pantalon, en un flux si abondant qu'il faudrait se demander si par l'effet d'un étrange prodige ne se mêle pas, au sang maternel, le sang du matricide?

vendredi 27 mars 2015

LE JARDIN

Comme une poule un couteau, cet ovin vient de trouver un livre, un gros livre, peut-être la Bible, tombée du ciel après avoir traversé la couche épaisse des nuages, ou alors un dictionnaire, un grand dictionnaire en XX ou XXX volumes ... : et le pauvre animal, même attiré par le tome I qu'on vient de lui livrer, aléatoirement ouvert à la page Abattoir, Artiste, Australopithèque, attend la suite, la collection complète dont l'atterrissage, surtout s'il y a, non pas, bagatelle, XXX tomes, mais CCC voire MMM,  aura de quoi joncher le sol désolé de la lugubre prairie d'hiver, et offrir à sa naissante curiosité des objets innombrables dont, à vrai dire, il pourrait bien être le tout premier de la série, pour peu qu'il soit bel et bien né, issu, surgi du Livre grand ouvert, à la lettre O, à la page Ovin, et c'est lui, qui serait  Cheval si c'était, à CH, la page Cheval, ou un peu plus loin Chouette, et tandis que le premier tout naturellement bêle, le deuxième hennit, perchée sur une branche la troisième ulule ou hulule ou hue ou chuinte, au choix, et peuplant la prairie immense et naguère nue ce sera bientôt, suscitée par les pages du Livre, toute une ménagerie, tandis qu'au pied du Pommier en fleurs qui  s'élance d'une page PO vient d'advenir, fort dévêtue, une Pom-Pom Girl et elle roule dans l'herbe entre les bras du premier spécimen mâle de l'espèce homo, né d'une page en H, et le concert des cris des animaux à plumes et à poils salue, avant de les imiter, la première étreinte de ce premier couple bipède en ce jardin.

jeudi 26 mars 2015

UNE PARISIENNE

Innocemment plongée dans son bouquin, à quelques encablures à peine de l'hôtel de ville de Paris, cette jeune personne n'en est pas moins une criminelle en puissance qui par le seul fait de sa position, de l'écartement ingénu de ses cuisses (que notre document, hélas, ne permet pas de mesurer en toute rigueur), n'aura pas manqué d'affoler plus d'un marinier qui n'aura évité que de justesse d'encastrer le nez de sa barcasse dans la proue de l'île Saint Louis, vaisseau immobile et site élu par la demoiselle pour, hic et nunc, nourrir son imagination d'une lecture en harmonie avec les eaux lentes et glauques de la Seine, comme, pourquoi pas, cette inquiétante Nuit rhénane d'Apollinaire où sept fées aux cheveux verts menacent, par leur force d'attraction, toute la batellerie? Ainsi, à elle seule, notre jeune parisienne, indolemment accotée au lampadaire, phare ne désignant l'écueil que pour mieux aimanter les rafiots qui à peine la nuit tombée cingleront, escadrille hétéroclite, vers ce point focal, au pied du mât métallique, qui sous la jupe de la fille irradie. 
                                                Géronimots N°100 depuis le 14 décembre 2014

mercredi 25 mars 2015

BOMBE

Ces trois donzelles auront apparemment été visitées par un certain Jesus (?) qui peut-être, entre deux séquences de son discours, si tant est qu'il soit discoureur, pouvait leur proposer, histoire de se détendre, et de les bluffer par la palette de ses dons, de se faire leur ... coiffeur? D'où, au sortir de ses artistiques travaux, ces plaisantes "choucroutes", et même des plus spectaculaires s'agissant, à côté de ses consoeurs auburn, de cette grande bringue brune qui sous cette coque deux fois plus grosse que son visage poupin, aurait de quoi dissimuler - à défaut d'en être une - une bombe? A tout le moins une bombinette qui, éclatant, projetterait à la ronde, non pas des éclats meurtriers, mais une nuée de versicolores serpentins de papier qui avidement déroulés par les amateurs, s'avèreraient tout marqués de signes : et désormais, pour avoir cru bon de s'en saisir, adossés à un mur ou assis sur un banc on les verra perpétuellement plongés dans ces minuscules grimoires, sourds désormais aux bruits du monde, tout entier requis par les âpres efforts de leurs déchiffrements et ne faisant plus que se demander qu'est-ce que c'est, was ist das, késako, mân-hou.

mardi 24 mars 2015

CAMPING

Cet homme, qui vient de découvrir les charmes du camping, n'est pas allé jusqu'à adopter la tenue vestimentaire qui généralement va avec : T. Shirt ou marcel, bermuda ou slip de bain genre Franck Dubosc, tongs. Non, cet homme-là, poussant la toile de sa tente pour faire sa sortie,  a tenu au contraire à garder sa tenue de ville, costume-cravate et grosses lunettes de petit employé de bureau ou de cadre moyen. Espérons qu'il ne va pas, dans ce rien moins que simple appareil, se faire bizuter  par les joyeux drilles du Soleil d'Or ou des Flots Bleus, bien capables de le bombarder avec leurs tongs, avant d'aller le balancer tout habillé dans la froide piscine du matin, dont il ressortira tout chiffonné et tout transi ... Bienheureux si, bronzant sur un transat, la petite chanteuse qui se produit ce soir devant les vacanciers, se lève gentiment, émue de sa détresse, pour lui proposer de s'envelopper dans son drap de bain, et peut-être, à la surprise générale, bras dessus bras dessous ce pingouin tout grelottant et la jeune artiste iront-ils roucouler sous la toile qui s'entrouvrait, quelques instants plus tôt, pour sa matutinale apparition. 




lundi 23 mars 2015

LA POMME

August Macke 1887-1914
Cette jeune femme semble très intéressée par ce petit livre qui pourrait bien être, après tout, non pas un polar, pour une fois, mais le ... catéchisme de l'Église catholique? Ou, mieux encore, l'un de ces très curieux Manuels des confesseurs, colligeant, détaillant et appréciant tous les péchés, surtout ceux de la chair, où Satan a reçu mission de pousser la créature. Malheureusement, cette main gauche descendue un peu trop bas ne nous en dit que trop, même en partie cachée à nos regards, sur la faute qu'elle se dispose à commettre, moins dissuadée que stimulée par le Manuel. Espérons, en tout cas, que dans le violent désordre de cet acte elle ne va pas, glissant convulsivement sur le sol, emporter le napperon rose, basculer chaise et console, renverser le compotier, et la belle et rubiconde pomme tombera, et, qui sait? tombant multipliera, et couchée de tout son long la pauvre femme, encore tout agitée de spasmes, se verra menacée d'une avalanche de pommes, comme s'il en pleuvait, comme si elles tombaient tout droit des tableaux, qui en regorgent, du grand Cézanne, jusqu'à la recouvrir toute et faire de la scène la plus luxuriante nature morte.






  

dimanche 22 mars 2015

WORK IN REGRESS

Photo Élizabeth Chamontin
Obsédés par leur théorie du réchauffement, nos experts climatiques ne semblent même pas s'être avisés du  rabougrissement de notre bon vieux, ou plutôt pauvre vieux soleil, comme ce document alarmant en témoigne. De précédents clichés ne manqueraient pas de révéler, pour signe et symptôme de ce work in regress, que de jour en jour les tuyaux de cheminées dont ces toitures sont ponctuées se rétractent, et quand ils ne perceront plus, peureusement nichés dans les entrailles des immeubles, c'est que l'astre qui nous éclaire et nous réchauffe aura, lui aussi, disparu d'un ciel désormais noir : et pour tout ornement ne subsisteront plus, hérissant les froides toitures, invisibles dans les ténèbres pérennes, que de maigres carcasses rouillées formées d'un mât surmonté d'un râteau : les antennes de télévision, tandis que recroquevillés sur leurs banquettes les habitants, immobiles, inertes, ont devant eux leurs écrans où pour tout programme poudroie une éternelle neige.

samedi 21 mars 2015

FRED ET GUS

Fred
Gus
                                                   














Hier encore, le monsieur sur la photo de droite n'était pas peu fier de ses bacchantes, les plus belles du monde, son miroir le lui disait tous les jours. Hélas, déambulant dans les allées du Salon du Livre, voilà-t-il pas qu'il tombe sur cet autre bonhomme à grosses moustaches, et depuis cette fatale rencontre Fred, appelons-le Fred, ne vit plus, mortellement jaloux des attributs pileux de Gus, nous l'appellerons Gus. Lequel Gus, pour sa part, même s'il a jeté un bref regard de connaisseur sur la  moustache du collègue, n'y pense déjà plus. Mais que va devenir le ravagé Fred? Ne va-t-il pas, dans un accès, se jetant sur sa tondeuse, ses ciseaux, son rasoir, anéantir un ornement qui, jusqu'à hier, faisait sa joie? Et demain ses amis, ses confrères, tel le coryphée de Sophocle interpellant le pauvre Oedipe : "Hélas, qu'as-tu fait là? qu'as tu fait de tes yeux?", ne pourront que s'écrier  : "Qu'as-tu fait, Fred, de ta moustache?". Et comme Phèdre après sa faute, le malheureux n'aura plus qu'à répondre : "Je ne dois désormais songer qu'à me cacher", avant de s'échapper du Salon, titubant vers quels mornes ou cruels désastres?

vendredi 20 mars 2015

AU SALON

Quel est le donc prolifique auteur qui renouvelant hardiment l'art immémorial de la pile, aura trouvé bon, pour faire parler de lui, de  conglomérer ses oeuvres complètes en ce formidable amas qui ne se soutient, si nous en croyons  la rumeur courant les allées, que de sa présence occulte au sein et au coeur de l'édifice, sachant qu'au moindre remuement de son invisible personne, cachée comme celle de l'Iman attendu depuis plus d'un millénaire par certains musulmans, tout l'énorme tas va se flanquer par terre et le roi, comme on dit, sera nu? A moins que, beaucoup plus fort, notre homme arcimboldiquement ne fomente de changer d'un coup  - et quel! - l'informe agrégat en la forme même, mais livresque, de son visage, surdimensionné, monumentalisé, par réaffectation intégrale et réorganisation instantanée - mais longtemps méditée dans sa cachette? - de ses ouvrages qui désormais ne feront plus qu'un et c'est Lui, suprême attraction du Salon autour de quoi, comme  les mahométans autour de la pierre noire de la Mecque , nous verrons tourner la foule des visiteurs, oublieux des prix Nobel, Goncourt ou du Café de Flore morfondus derrière la géométrie banale de leurs piles.



jeudi 19 mars 2015

THÉ

Encore une lectrice de Marcel Proust pour s'imaginer qu'à plonger la tête la première dans une tasse de thé, elle pénètrera les arcanes de l'oeuvre du maestro!  Quand à l'inverse ce pourrait bien être ce bon Marcello soi-même qui, avisant la posture intéressante de cette aimable ingénue, surgissant par derrière à pas de loup, en profite ni vu ni connu pour ... Sauf que déjà suffoqué, à cause de ses bronches fragiles, par les effluves des graminées, et bientôt achevé par, insurmontable épreuve,  l'odor di femina, nous verrons le téméraire assaillant flageoler puis s'écrouler et même basculer dans la tasse où peut-être, maintenant, au risque de sa vie la demoiselle cherche à le repêcher, mais en vain, surtout si par l'effet d'un fatal prodige le pauvret, comme un morceau de sucre, s'y est dissous, ne laissant pour souvenir de sa personne abolie que  les cercles concentriques qui indéfiniment ne cessent de se reformer à la surface du liquide orangé.



mercredi 18 mars 2015

LA ROBE

La crise frappe durement, même les catégories sociales favorisées. Ainsi cette jeune femme qui ne monte des marches que pour mieux afficher les douloureux prodromes de sa décadence : même plus de quoi s'acheter des dessous! Une robe seyante, sans doute, mais qu'en sera-t-il de son rétrécissement, déjà bien engagé, quand elle sera en haut des marches, et nue peut-être sauf les fines bretelles ne supportant plus qu'un résiduel bandeau horizontal noir, n'aura d'autre issue, désespérée, que de se jeter dans ce même escalier vertigineux pour en dévaler les degrés, à l'instar du plus célèbre landau du 7ème art dégringolant l'escalier monumental d'Odessa ... A moins qu'elle n'eût, avant de se lancer, promptement ouvert son ombrelle qui s'élargissant, s'agrandissant, comme pour la dédommager de sa robe, soudain l'enlèvera et voguant, dérivant au gré des courants éoliens, voyez-la qui sous le chapeau de ce champignon majestueux, dont elle est le plaisant pédoncule, offre aux passants, tout petits tout en bas, qui agitent leurs chapeaux pour saluer son envol, le spectacle de sa nudité, rehaussée par le noir apparat heureusement sauvegardé de son sac, ses bas, ses escarpins, et voici qu'une spirale ascensionnelle l'emporte, et montant, montant toujours elle est toujours plus petite, plus petite sous son ombrelle, et tout là-haut la nue l'aura bientôt dérobée à notre vue.


mardi 17 mars 2015

LA VÉRANDA

Frances Jones Bannerman (1855-1944)
Passionnément plongée dans son livre, et cosy sous sa véranda, cette dame s'est-elle seulement avisée des actuelles proportions de sa plante verte qui, peut-être, au début de sa lecture, à l'orée de l'histoire, n'était pas plus large ni plus haute que les fleurs, ses voisines, bien sages dans leurs pots respectifs ? C'est à peine, dès lors, si nous hésiterions à former le soupçon qu'au fur et à mesure que la lectrice tournait, tournait les pages de son petit livre,  les feuilles de la plante verte, corrélativement s'agrandissaient, s'élargissaient, au point de commencer de se faire aussi menaçantes que l'histoire, sans doute, narrée dans le roman ... : et comme nous avons tout lieu de croire qu'il y aura au moins quelques dizaines de pages à tourner avant d'arriver au mot Fin, toujours croissante, et toujours plus envahissante, la fatale plante devrait en venir à occuper, de ses feuilles désormais gigantesques, tout le volume de la véranda sans que, toujours plongée dans son petit livre, la lectrice ait seulement levé les yeux qui atteignant ce fameux mot FIN, la voici engloutie dans l'énorme amas palpitant des grandes lourdes feuilles vertes, voire absorbée, dévorée, phagocytée, comme en un crime parfait dont qui sait si le livre, à sa lectrice fascinée, ne  racontait pas l'étrange histoire?







lundi 16 mars 2015

LE NOEUD

Au dire même des autorités, il devient risqué de sortir aux heures tant matutinales que crépusculaires, comme  en témoigne ce document où cette robuste matrone vient de se jeter sur un pauvre bougre, va-nu-pieds,  SDF ou  Juif errant qui pour toutes richesses dispose d'une pelle de jardinier (se proposant, sans doute, pour de menus travaux d'horticulture?), et pour vêture d'un drap lamentable, retenu par le renflement d'un gros noeud que la bonne femme, comme au manège un enfant la queue de Mickey, vient de réussir à crocher! Le malheureux n'a pu retenir un geste de recul, impropre, hélas, à décourager une assaillante convaincue qu'en cinq sec elle aura raison d'un noeud qui, en vérité, pourrait se révéler aussi retors que celui que trancha Alexandre, faute d'avoir su en débrouiller les réseaux : et, n'ayant d'autre arme que ses doigts, si industrieux soient-ils, la pauvre femme n'aura pas fini de les perdre dans un entrelacs que ses vains efforts ne feront qu'emmêler davantage, et peut-être, même, à force d'être travaillé, ouvragé par ces doigts inlassables, le fatal noeud ira-t-il enflant, grossissant, s'épanouissant, sans que l'homme se départe d'une admirable patience, et comme pour éterniser la scène le soleil s'est arrêté, dirait-on, derrière sa tête, ainsi quand Josué s'écrie : "Soleil, arrête-toi sur Gabaôn!", et la lumière transparaissant suffit tout juste à produire, comme un faible projecteur de théâtre, le clair-obscur qui en tamise les contours.










dimanche 15 mars 2015

CONDOM

Cet homme a mal positionné son préservatif, au grand dam de sa partenaire qui s'en mordra les doigts, ou pas, lorsqu'il lui faudra admettre qu'elle est enceinte. Hélas, charmées par ce dispositif spectaculaire, mais ignorant tout, elles aussi, des obscurs processus de la génération, il se pourrait que ce soient toutes les femmes de la contrée qui ne désirent que de s'unir à ce gentleman, lequel, par voie de conséquence, en viendra à se retrouver le patriarche de toute une tribu, toute une horde primitive, pour parler comme un Sigmund Freud, tant et si bien que viendra le jour où, influencés peut-être, sans du tout l'avoir lu, par les théories du maître viennois, il faudra bien que ces jeunes gens immolent le vieil homme, quitte à se partager sa fabuleuse parure, dont chacun d'eux tirera de quoi se faire, tout au plus, un petit collier, tout juste suffisant à s'attirer les faveurs d'une dame.

samedi 14 mars 2015

PRINTEMPS DES POÈTES

                     

  Elle est retrouvée. Quoi ?

 - L’absente de tout bouquet


vendredi 13 mars 2015

TWINS

A peu de temps de là, craignant que la promiscuité de la vie commune n'en vienne à dégrader leur amitié ou que, fort différemment, elle ne prenne un tour que les bonnes moeurs réprouvent, ils optèrent pour des habitats distincts, pourvu que suffisamment proches : d'où ces deux hautes étroites maisons, à peine séparées par un vide interstitiel, et parfaitement identiques. Quant à savoir laquelle habiterait Bouvard, laquelle Pécuchet, impossible de répondre à cette question! Ils avaient bien envisagé de s'en remettre à un tirage au sort, mais l'irrationalité de cette méthode froissait leur Weltanschauung. Moyennant quoi, dans l'attente de trouver une issue à cette aporie, ils décidèrent de camper juste en face de leurs deux petites maisons jumelles, dans l'une de ces tentes dites "canadiennes" où ils étaient si à l'étroit qu'ils ne cessaient, la nuit, de rouler l'un sur l'autre et, pelotonnés dans leurs duvets, de rouler des idées de meurtre qui, s'ils s'endormaient enfin, les poursuivraient dans leurs cauchemars où l'un abattait sur le crâne de l'autre la poêle où, sur leur camping-gaz, ils se faisaient deux oeufs au plat, tandis que l'autre, au même instant, s'étant saisi de la casserole dévolue à la cuisson des pâtes, procédait de même et au même instant ils se réveillaient en hurlant, se rencognaient dans leurs duvets en grommelant, et l'aube grise les trouverait hagards, épuisés, découragés, ne récupérant un peu de joie de vivre qu'à la vue, ouvrant leur tente, de leurs deux maisonnettes jumelles dont un jour, peut-être, ils auraient, chacun, la jouissance de l'une, ou de l'autre.











jeudi 12 mars 2015

GAMBETTES

Jacques Henri Lartigue
A quelle occupation, sous les dehors du farniente, s'emploient donc ces cinq jeunes femmes, allongées sur cette pirogue, jambes pendantes au-dessus de l'eau? Nous sommes d'avis, quant à nous, que lasses de la condition humaine, et notamment de leurs décevantes relations avec la partie mâle de cette engeance, qui jamais ne comprit rien aux détours de l'âme féminine, elles attendent, elles espèrent le coup de baguette magique qui, reliant leurs jambes fuselées pour en faire une entité unique, assurera leur conversion instantanée en un quintette de sémillantes sirènes que nous verrons illico glisser dans l'onde, s'initiant en un rien de temps, par le moyen de leur souple nageoire caudale, aux modalités de la natation propre à leur nouvel état, tout heureuses de sinuer, fuser, virevolter dans les eaux limpides de la grande bleue, et de se laisser poursuivre par les plus performants crawleurs de ce genre qu'elles ont fui, et qui ont beau battre des bras et des jambes avec une vigueur presque surhumaine, tout juste si par instants ils réussiront  à frôler du bout des doigts la pointe des seins des vives et lestes créatures, et le large et souple et luisant pédoncule caudal, qu'ils voudraient prendre à pleines mains, toujours leur échappe et c'est à peine, hors d'haleine, s'ils réussissent à regagner le ponton.

mercredi 11 mars 2015

OVNI

Quel est donc le truc de cet artiste, apparemment capable de vous transformer en un clin d'oeil un agnelet banal en une bestiole fantastique? En quel music-hall donne-t-il, tous les soirs, son numéro sensationnel? Et quel sera le devenir de cet animal ainsi transfiguré? Mais peut-être le tour de magie n'aura-t-il eu lieu qu'une seule et unique fois, après quoi, toute idée d'agnelet abolie, nous verrions le bonhomme s'enlever, s'envoler dans le ciel, serrant toujours tendrement contre son sein une créature désormais sienne, puisqu'entièrement refabriquée, comme si, hier ovin ordinaire, aujourd'hui inouï ovni, il en était bel et bien le véritable créateur et promoteur : et parvenu tout là-haut, assis jambes pendantes sur quelque moelleux nuage, indifférent à toute autre espèce de réalité, le voici qui tient éternellement, contre les plis de sa robe candide, ce petit être littéralement issu de lui, effet de son art qui sans doute s'est épuisé dans cet exploit s'il est vrai que désormais notre homme s'abîme, et sans fin s'abîmera, dans l'unique soin de ce bercement éternel.                                     

mardi 10 mars 2015

CULOTTÉE

Plutôt que de bénignement nous exposer sans détours les beautés de son sexe, comme nous étions, regardeurs ou spectateurs, en droit de l'escompter, cette jeune femme aura opté pour la monstration de sa culotte, dont le bleu azuréen se sera vu imprimé, jusqu'au niveau de l'entrejambe, d'un fastueux  embrouillamini graphique, d'apparence quelque peu énigmatique - au moins autant que la fameuse machine dont il fallut tout le génie d'un Alan Turing pour casser le code -, voire, comment dire, inexpugnable, infranchissable? Car nous sommes d'avis que si, d'aventure, en proie à un désir irrépressible, nous ne pouvions nous empêcher de tirer, même avec délicatesse, sur l'azuréen tissu triangulé, qu'adviendrait-il de cette traction sinon une avalanche, un déferlement, une déferlante de lettres, de signes, de sèmes, de .... bref : tout un matériel graphique peut-être en expansion permanente qui, sauf à ce que nous détalions illico (mais n'est-ce pas déjà trop tard?), irait nous submergeant et nous ne ferions plus que nous débattre au sein de ce buissonnement, tantôt tout près de nous y engloutir, tantôt reparaissant mais sans jamais, même en lançant de notre mieux notre bras, réussir à atteindre l'objet, l'ineffable objet que nous dérobent les perpétuels rideaux de la pluie graphique que notre opération détermina.

lundi 9 mars 2015

JOURNÉE DE LA FEMME, BIS

La Journée de la Femme a parfois frappé très fort, à en juger par l'état de ce malheureux qui suite à un pari stupide, ou pour tout autre motif, aura  voulu faire barrage, à lui tout seul, de la seule arme de son corps, à l'une de ces grandes manifestations féminines du 8 mars ... Sans doute se sera-t-il frontalement heurté, en tête de la manif dont il se voulait le téméraire adversaire, à l'un de ces commandos de Femen toujours prêtes à en découdre? Il faut seulement espérer que réhabitées par la douceur et la tendresse qui font le fond, dit-on, de l'âme féminine, ces modernes amazones auront eu à coeur, après la brutale rencontre, de soigner ou du moins laver les maintes béantes plaies par où le bonhomme pourrait prétendre à figurer, en son petit slip, une version remaniée mais convaincante, voire superlative, de l'Homme des Douleurs, lequel n'offrit jamais que ses Cinq Plaies répertoriées ... Peut-être même ses infirmières improvisées iront-elles, franchissant un nouveau cap, jusqu'à se convertir à ses pieds en autant de Saintes Femmes, d'ores et déjà disposées à lui vouer une adoration perpétuelle, pourvu qu'en guise de Dernières Paroles puisse s'épancher, de ses lèvres livides, ne fût-ce qu'un vague bredouillis qui, transcrit en un gribouillis, suffirait à fournir les indispensables prémices d'un culte dont il serait la mystique, et physique, déité.



dimanche 8 mars 2015

JOURNÉE DE LA FEMME

                                                             
Petit poisson deviendra grand / Pourvu que Dieu lui prête vie : moins toutefois que cette jeune beauté, cette superbe géante  évidemment imprenable à nos petits pêcheurs qui, du reste, ne taquinant que le goujon, ne semblent même pas s'être avisés de sa présence, quitte à ne réagir qu'à son ... absence lorsqu'à la tombée de la nuit, à la lueur de la lune, ils verront ou devineront à leur côté l'empreinte immense de son corps sur le sable humide, comme si son apparition et sa disparition étaient les deux faces d'un même impénétrable mystère : et sans doute n'auront-ils pas fini, alors même que bobonne les attend à la maison, pour accommoder la friture, de contempler l'immense forme en creux du magnifique corps enfui, dont ils ne sauront jamais quel statut lui conférer : réalité? ou illusion? allez savoir ...







samedi 7 mars 2015

HORTOGRAPHE

     
 HORTOGRAPHE : Jardin de lettres
Le modeste hortographe sis derrière le Grand Hôtel avait d'abord attiré quelques curieux, quelques snobinards, et puis, plus personne ne s'y risquant, il n'avait pas tardé de retourner à l'état sauvage. Sourd aux objurgations de ma grand-mère, j'étais le seul à m'y aventurer quelquefois, à la nuit tombée, à la lueur de la lune. Telle était la hauteur des hampes que j'étais bien près de disparaître dans leurs hérissements, d'autant que j'avais la crainte vague que ma seule et noctambule présence dans ce jardin unique en son genre, et ma déambulation parmi les exubérantes volutes de sa flore, pourrait si bien aider à leur essor que ce ne serait, si j'étais leur nutriment, qu'à mon détriment, et sans même m'en rendre compte j'irais diminuant, me rapetissant à proportion que tout autour de moi ça poussait, poussait, jusqu'à finir, si je ne m'extirpais pas à temps des rets de cette folle végétation-là, par m'y résorber tout entier, ne laissant de ma personne nul vestige sinon tout au plus un tout petit soulier dont j'espérais au moins qu'il se retrouverait en pendentif entre les seins flétris de ma grand-mère.
        Addenda  aux 69 additifs  de Proustissimots
                       Éditions Champ Vallon, 2013





























vendredi 6 mars 2015

L'OEUF


                                                                   
Ovoïde comme la plus célèbre casquette de la littérature, coiffant un certain Charles Bovary, le crâne  superbement lisse et parfaitement nu de ce monsieur, pensif, méditatif, pourrait bien être dans l'attente ou l'espérance d'une imminente éclosion : et de même que la déesse Athéna naquit, dit-on, tout armée du crâne de Jupiter, nous verrions, immédiatement consécutif au fracas de ce crâne, jaillir d'un élan irrésistible un ... livre! un gros livre dont il faut croire qu'il s'était formé et fabriqué au secret de cette boîte ovale, hermétiquement close, au prix d'une longue et lente gestation, et lorsque l'heure fut venue, après quelques fendillements annonciateurs, ce fut l'éclatement soudain, la soudaine fracture de la paroi courbe, jusqu'alors sans aucune solution de continuité, et vêtu de cuir, doré sur tranche, flambant neuf, le lourd in-quarto sauta gaiement hors de sa niche laquelle, dès l'heureuse expulsion, se refermait, et notre homme, sans doute point près d'en finir de machinalement se passer la main sur son chef dûment restauré, comme s'il celait l'introuvable clé d'un  ténébreux mystère, nous l'eussions vu se pencher sur l'ouvrage, le volume, le livre et, tournant les pages, commencer d'aller pour ainsi dire à sauts et à gambades dans leur succession, comme s'il s'exerçait à leur lecture, si riche, profonde, profuse qu'il aura à s'y prendre et s'y reprendre on ne sait combien et combien de fois, en autant de laborieux mais fort plaisants et réjouissants essais.










jeudi 5 mars 2015

JE SUIS CHARLOT



Nous avons reçu cette lettre, que nous avons jugé bon de communiquer à nos lecteurs :
                                        
   Françaises, Français,

 Éloigné des affaires depuis près d’un demi-siècle, à la suite de certain BAL TRAGIQUE à Colomb-Béchar … à … colombier … à Coulommiers à … j’ai oublié le nom du patelin -, c’est à peine, dans ces conditions, si la rumeur a pu enfin m’atteindre de ce drame qui aurait frappé et même, paraît-il, endeuillé la France. Quoiqu'il en soit, je tiens à vous dire  que sans hésitation, sans façons, sans flafla, sans tralala, sans tambour ni trompette ou plutôt si : avec tambour, avec trompette : JE SUIS CHARLI pardon : LO ... LO ... CHARLOT, et je veux que cela se sache. Même, du haut des hauteurs où je réside, je souhaiterais que l’écho de ce JE SUIS CHARLOT répercuté, amplifié, gonflé par des batteries de haut-parleurs, revînt vers moi afin que désormais je sois environné, enveloppé, comme de ses bandelettes la momie d’un pharaon, bercé, comme un enfançon par l'air que lui chante sa nourrice, par ce beau, ce grand, ce généreux JE SUIS CHARLOT ... OH ... OH, c'est l'écho, qui me sera le mol oreiller sonore où reposer ma pauvre vieille tête. En espérant, Françaises, Français, que dans le sursaut qu’avec ce drame vous me causâtes, mon képi, mon cher képi n'aura pas chu … Auquel cas, vous n’aurez qu’à lui courir après pour le réceptionner à l’atterrissage et vous en faire une relique, à moins qu’à la faveur de son interminable chute il ne se mette à s’agrandir, s’agrandir, s'agrandir au point de menacer, vous tombant sur le chef, de vous coiffer tous, tous ensemble, d’un seul coup, et enclos en cette boîte ronde vous n’aurez pas fini de l’entendre bourdonner mon JE SUIS CHARLOT JE SUIS CHARLOT JE SUIS CH …




















mercredi 4 mars 2015

CANIS LUPUS FAMILIARIS

Cet animal familier, Canis lupus familiaris, sans demander son avis à son maître a entrepris le grand oeuvre de sa désincarnation, bien loin d'être achevée, sans doute, mais tout de même assez prometteuse, si nous en jugeons par l'état présent de son ombre qui ne fait qu'anticiper sur l'évolution, pour l'heure virtuelle, de son corps. Tant et si bien que nous avons tout lieu de croire que les temps sont proches, ou ne tarderont pas de l'être, où de cet exemplaire de canis lupus familiaris, non seulement l'ombre se sera néantisée, aussi absente, désormais, que celle du Peter Schlemihl d'Adalbert Von Chamisso, mais, fatalement, le corps, et dans la main du maître ne restera qu'une laisse définitivement veuve du cou qu'elle entourait, bienheureux si le pauvre animal a réussi à sauver, de ce qui fut son être, jonchant le dallage un mic-mac de taches ou de plaques noires, rescapées de l'abolition, que nous suggérons à ce maître esseulé de recueillir au plus vite, on ne sait jamais, pour enfourner cette humble, mais réelle, collection tout au fond de sa poche, où remuant même machinalement l'inassemblable puzzle de ces quelques dizaines de pièces, tout en tendant l'oreille pour percevoir le bruit léger de leur entrechoc, du moins aura-t-il gardé par-devers soi un quelque chose de ce qui fut son chien.

mardi 3 mars 2015

LE PATIENT


Cet individu rondouillard, aux airs débonnaires, est en réalité des plus dangereux : raison pourquoi, autorisé pour la toute première fois à faire un petit tour hors de l'établissement de soins, le voici encadré par deux infirmiers, suivi par deux psychiatres, et escorté par quatre gardiens en uniformes. On aura remarqué qu'au moins deux des membres du personnel ont un carnet et un stylo, de sorte à pouvoir consigner aussitôt les propos délirants qui  risquent à tout moment de sortir de la bouche du psychopathe. Nous avons eu connaissance de son dossier, qui témoigne d'une mythomanie et d'une mégalomanie sans faille : il se dit convaincu que le parc et les bâtiments indiqués sur le plan, dans son dos, tout a été fait par lui, pour lui, tout est de son ressort ; il croit, de même, qu'il a tout pouvoir sur l'ensemble du personnel, si ça lui chante ou s'il le juge bon il ordonnera à tel ou tel de tomber à genoux devant lui, de se jeter à l'eau pour lui, de lui rendre des services sexuels. Il ne sait pas qu'au moindre geste suspect, le solide infirmier qui marche à sa droite lui sautera dessus pour le stranguler, s'il n'a pas été devancé par l'un des quatre gardiens qui, dégainant son arme de service, lui tirera une balle en pleine tête, avant  même que l'un des deux psychiatres n'ait eu le temps de lui planter sa seringue pour le neutraliser. Et ne restera qu'à se débarrasser du corps, peut-être en l'inhumant sous l'immense panneau, tel une pierre tombale, pour qu'il ait le bonheur de reposer sous la représentation de son domaine.











lundi 2 mars 2015

UN DÉFILÉ DE GIANFRANCO

La sensation, au très glamour défilé de mode annuel de Miami, est venu de cet ensemble estival griffé Gianfranco Ferré. L'alliance pour ainsi dire oxymorique de la somptueuse cappa magna, dévalant à gros bouillons grenat dans le dos du mannequin, et de ce slip de ville diagonalement structuré, a suscité un engouement immédiat dont l'expression la plus emphatique fut donnée par cette jeune spectatrice, que l'on vit littéralement s'élancer vers le top-model de Gianfranco, avec tant de vivacité que le service d'ordre en resta cloué. Notre beau jeune homme, heureusement, ne se démonta pas, se contentant de ralentir sa marche, en avançant légèrement le bras pour parer à tout nouvel assaut de l'admiratrice, sans lâcher, non pas la canne, mais la pelle négligemment tenue dans sa main gauche, attribut dévolu sans doute à donner une touche de dandysme mais qui, en la circonstance, aurait pu fournir une arme redoutable, voire létale. Aux dernières nouvelles, alors que le défilé est terminé depuis belle lurette, que tout a été remballé, et que la place est vide, la jeune personne serait encore là, dans la même posture, immobile et comme pétrifiée, adoratrice d'un objet désormais absent mais que ses mains, toujours tenues écartées, ouvertes, s'apprêtent indéfiniment à saisir, et ses yeux restés écarquillés c'est comme s'ils voyaient ce qui n'est plus et, sauf pour elle, ne sera peut-être plus jamais? 












dimanche 1 mars 2015

FRENCH LOVER

                                                       

      Un french lover dans la Cité Interdite 

                                                                           

                                                                                          Photo Diane Arbus

A la faveur d'un empêchement du Président Mao, Jean-Paul Sartre, son invité spécial, s'est emparé de son fauteuil et ... drague ses concubines !