Géronimots XXI

mardi 29 septembre 2015

EMMANUEL EMMANUELLE

Page Facebook de Denis Jeannet
"Marions-les, marions-les, je crois qu'ils se ressemblent. Marions-les, marions-les, ils seront très heureux ensemble" ...
Parce que sir Emmanuel, si joli,  si chic, si libéral, lui non plus ne cache rien : 
    "Il faut qu'il y ait des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires". 
    "Enrichissez-vous!", disait déjà Guizot, l'homme fort de la monarchie de Juillet. 
     Money Money Money
     Greed is good 
     Greed is God 
     et Emmanuel 
     est son prophète.

dimanche 27 septembre 2015

UN BALCON A VENISE

Sans doute aura-t-on déjà reconnu sur ce document le fameux Marcel Proust, qui fuyant la légion de ses fans n'a pas trouvé mieux que d'aller se planquer à Venise, scrutant d'un oeil inquiet, du fond de son fauteuil de rotin, les escadrilles de gondoles qui, dès qu'il sera repéré, cingleront vers son hôtel, et ce sera l'assaut des innombrables proustiens et plus encore proustiennes, bien plus dangereusement excitées peut-être que leurs collègues masculins, tant et si bien qu'à peine auront-elles franchi la balustrade, nous les verrons tomber sur leur dieu qui en cinq sec sera dépouillé de son melon, de son veston, de son plastron, de ses bottines, de ses boutons de manchette - heureux s'il réussit à sauver les poils de sa moustache ! -, et laissé tout pantelant sur le plancher du balcon cependant que dans les diffluentes gondoles ses adoratrices serrent sur leur sein une relique, bordure du chapeau ou manche de la chemise, et que déjà le grand homme, encore commotionné, s'est laissé retomber en caleçon, tout de ce qui lui reste de sa vêture, sur le fauteuil de rotin pour, se faisant de ses genoux un écritoire, entreprendre le récit de l'épisode qui cent cinquante pages plus loin, à la lueur dorée de la lune, ou rouge de la super-lune s'il y a éclipse spéciale, se poursuivra sous la plume fébrile du maestro, entrecoupé de descriptions en veux-tu en voilà et de considérations sur l'histoire troublée de la Sérénissime et les abîmes du coeur féminin.

vendredi 25 septembre 2015

VW

Entouré d'un cercle d'amis choisis, très chic dans leurs uniformes, et arborant comme lui l'insigne du club, ce civil en costume anthracite ne cache pas sa joie à la vue de son cadeau d'anniversaire, que lui présente un ingénieur : le modèle réduit d'une automobile affectant la forme sympathique d'une coccinelle! Sans doute notre homme se voit-il déjà au volant de cette bête à bon Dieu motorisée, roulant à fond la caisse, émettant et expédiant dans l'atmosphère, qui n'en demandait pas tant, un formidable nuage de particules telles que CO2, NOx, PM10 / 2,5 / 1,0 / 0,1 et peut-être même,  pourquoi pas,  pour compléter ce fabuleux bouquet, peut-être même, en sus, en prime, du HCN, alias acide cyanhydrique, plus connu sous le nom de Zyklon B? Et le bonhomme rit de plaisir à l'idée de laisser après soi une énorme, toujours plus énorme nuée, née du pot d'échappement de sa bagnole et montant dans le ciel puis retombant ici ou là pour envahir, portée par des vents judicieux, les alvéoles pulmonaires de quelques millions de malheureux secoués de quintes et de spasmes avant d'étouffer et de s'écrouler en tas, cependant que la coccinelle roule, roule, roule pleins gaz  sur l'Autobahn,


mercredi 23 septembre 2015

ÂMES DU PURGATOIRE

Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, écrit Baudelaire. Et les Âmes délaissées du Purgatoire, donc si de toute urgence une flopée de messes ne sont pas dites pour intercéder en leur faveur ? Mal aimées des vivants, qui ne songent qu'à leurs travaux ou leurs plaisirs, elles courent le risque, ces âmes-là, de rester clouées dans un Purgatoire qui, pour rigoureux qu'il fût, aurait pu, aurait dû n'être que l'antichambre du délicieux Paradis où les attendaient en grand arroi le Père, le Fils, le Saint-Esprit, la Bonne Vierge, les anges, les archanges, les angelots, les saints, les bienheureux, toute la céleste smala. Même, désabusées, désespérées, comme un suicidant se défenestre elles seraient capables, ces âmes délaissées, de se jeter en Enfer pour aller brûler ou geler, c'est selon, dans ces espaces désolés : tout plutôt que,  dirait l'auteur du Procès, cet atermoiement illimité où les voue notre indifférence, car il est rien moins qu'assuré qu'au jour du Jugement ces bonnes gens de la Sainte Trinité s'emploient sérieusement à chercher, dans l'énorme amas des dossiers en souffrance, des pièces décisives, peut-être, mais sur lesquelles personne, absolument personne n'aura, ici-bas, attiré leur attention, malheureusement diffuse, vague, incertaine : l'Esprit-Saint volette de-ci de-là ; le Père gémit ou somnole sous le poids des ans ; le Fils fait le mariole ; la Madone s'afflige in petto d'être restée confite en son état virginal. Et dans ces conditions, tout bien pesé, nous irions presque jusqu'à  suggérer aux Âmes délaissées du Purgatoire de prendre leur mal en patience, quitte à se résoudre à voir dans ce lieu ambigu, qu'elles ne croyaient qu'une étape, leur éternel séjour







samedi 19 septembre 2015

LE BENÊT DE L'ANNÉE

Vieille tradition enfin remise à l'honneur, dans ce village des Cornouailles, la présentation cérémonielle et solennelle du Benêt de l'Année! Le voici donc, affublé de tous les simulacres d'une royauté fantoche, la cape, la couronne, le sceptre, et rituellement encadré par un Parrain et une Marraine, celui-là en grand uniforme carnavalesque, celle-ci, selon l'usage ancestral, tout de blanc vêtue, en signe d'une pureté  que le Benêt, salué par le mugissement des bovidés, aura mission d'outrager dans la paille d'une grange, tout en recevant de la main de son Parrain, usant du sceptre pour badine, vingt cinq coups sur son postérieur à découvert. Viendront alors, avec leurs débordements inévitables, les joyeuses agapes villageoises, sous la présidence du Benêt bientôt tout à fait ivre.  Et peut-être, tard dans la nuit, si les rites vont à leur terme, le Benêt sera-t-il entraîné vers les Grands Marécages, à quelque distance du village, quitte, s'il ne sait se dépêtrer de leurs sols spongieux, à s'y voir avalé en silence, comme pour mieux favoriser l'oubli général de la Journée du Benêt, en attendant la présentation de son successeur l'an prochain.


jeudi 17 septembre 2015

LES DEUX MARIS

                                                        Deux bons maris
                                  Au demeurant parfaits amis
                       Et fort soucieux de la pudeur de leurs moitiés,
                             Les ayant mignonnement empaquetées 
                     Dans les mille et un plis d’un large voile noir,
                              Se croyaient à l'abri des déboires.
                          Las! En public tout soudain apparues
                            Les voici qui sous les spots demi-nues
                                    Et en toute franchise
                                  Sans honte et sans remords
                                   Affichent sur leurs corps
                                     D’insolentes devises ! 
                              Ce que voyant, les deux maris, 
                                                  Ahuris,
        En chemise et bonnet de nuit
                                        Ayant dûment délibéré
                                        Convinrent de les répudier
                              Et se jurèrent qu’ils allaient, pour époux,
                                    -  Dût-on vouloir le leur défendre     
                                Et dans la tête leur chercher des poux  
                           Ou la soumettre à l’art du lancer de cailloux, -
                                L’un l’autre immédiatement se prendre.
               

                                                                                             
                       
   
                                        

mardi 15 septembre 2015

LE VOL

Ces gentils ados pleins d'empathie ont convié à jouer avec eux, dans la piscine de la résidence, ce pauvre bougre qui en guise de bermuda, tenue de bain obligée de cette moutonnière classe d'âge, n'a pu faire mieux que de se nouer à la diable autour des hanches un méchant lambeau de tissu d'une blancheur douteuse. Sa gestuelle, peu orthodoxe dans le cadre d'un jeu de ballon, ne suggère que trop que loin de  relancer cet objet il serait bien capable, le voyant arriver sur lui, de s'y cramponner comme à  quelque support perdu, et qui lui manque, et c'est alors qu'à la surprise générale le ballon, entre les bras du pauvre hère, pourrait se mettre à grossir, grossir, grossir, comme gonflé par un souffle invisible, et soudainement s'envoler en emportant avec lui l'invité spécial, devenu, d'aquatique, aérien, voire céleste pour peu qu'il en soit déjà à s'absorber dans le ciel bleu, très haut au-dessus des ados mains en visière et puis bras ballants, tout déconfits autant qu'ébaubis de ce vol.

dimanche 13 septembre 2015

HÄR ÄR JAG ! VAR ÄR DU ?

Facebook  Signalétique Nils Detournay


jeudi 10 septembre 2015

LE CRÉATEUR

Plafond de la Sixtine, Jéhovah, by Michel-Ange
Désireux de se donner un peu de bon temps après les efforts exorbitants de la Création de l'Homme, le Tout Puissant, ou qui se croyait tel, a voulu s'offrir une petite croisière aérienne, sans conséquence, croyait-il, sauf qu'ayant par trop présumé de ses forces, le pauvre bougre  soudainement décrocha, et parti en vrille, sans du tout réussir à reprendre de la hauteur, encore moins à regagner ses célestes pénates, il a chu : et voyez-le qui a roulé dans le caniveau où présentement il gît, n'ayant sauvé de sa majesté que sa grosse barbe floconneuse, emphatique attribut patriarcal cruellement démenti par sa virilité en berne, sous le capuchon rouge, et maintenant pour oublier il boit,  jurant, mais un peu tard, honteux et confus comme le corbeau de la fable, qu'on ne l'y prendra plus. 

mercredi 9 septembre 2015

BEAU COMME



BEAU comme la rencontre
du PLUG géant de Paul McCartney
 et du VAGIN royal d'Anish Kapoor
 sous l'oeil écarquillé de Fleur     Pellerin

mardi 8 septembre 2015

L'AUGMENTATION

Son patron vient de crier "Entrez!", mais cet employé se tâte, il a très peur que la porte monumentale ne soit la plus dissuasive réponse à son dessein, entrant dans le bureau du big boss, de solliciter une ... augmentation! Quand la voici, l'augmentation, car hier encore, il en est sûr, cette porte n'était pas telle, qui durant la nuit aura grandi dans des proportions effarantes, tout comme, pourquoi pas, s'il osait pousser le battant, la personne physique du boss qui se dressant derrière sa table de travail immense, aura tout de l'allure de quelque géant mythologique, en costume trois pièces, sans doute, mais par simple concession au goût du jour, quand peut-être, à l'inverse, allant vers cet homme énorme il va, lui, rapetisser, et plus il rapetisse, plus son patron grandit, grossit, au point que d'un bond notre tout petit employé pourrait sauter telle une puce pour se retrouver à l'aise et cosy dans la vaste poche du veston du patron, et s'y prélasser, s'y endormir, non sans représenter, chose curieuse, par le seul fait de son occulte présence, un principe, comment dire, d'ébranlement ? Pour peu que désertant la clôture de son bureau l'Homme, en effet, octroyons-lui la majuscule, se soit mis à marcher à grands pas, à pas immenses à travers la campagne, secouant le sol et secouant le petit homme, ou plutôt le berçant, dans son hamac intérieur, lui occasionnant cet imperceptible mouvement pendulaire qui, à son tour, sans doute, meut celui qui le porte et le pousse et le force à marcher, à marcher sans trêve à travers la campagne infinie dont son large pied fait trembler les sols.


dimanche 6 septembre 2015

ADOPTEUNMEC.COM

Cette dame mature avait cru bon de chercher, non pas un coup d'un soir, mais l'homme de sa vie sur AdopteUnMec.com, et  maintenant elle fait la gueule aux côtés de sa recrue, cet énorme gaillard hirsute, dépenaillé, sorte d'hercule de foire qu'elle n'a pas trouvé mieux que de traîner dans cette réunion mondaine où le bougre, évidemment, détone au sein d'une assistance où le costard-cravate est roi, et la mine sévère de rigueur. Tant et si bien qu'il n'y aurait rien d'étonnant si le service d'ordre, sur un signe discret des organisateurs du raout, évacuait vers les coulisses l'énorme et difforme bonhomme, ou s'y essayait, confronté aux difficultés du remuement d'une si colossale masse, et à la fureur de la bonne dame qui s'avisant qu'on prétend lui enlever ce fiancé, alors même qu'elle n'était plus très loin, tout à l'heure, de se repentir de son choix, la voici qui véritable harpie, telle une Phèdre, telle une  Hermione, désespérément s'accroche et s'agrippe à cet amant pour, à défaut de son corps monstrueux, garder au moins de ce Falstaff ne fût-ce qu'un lambeau de sa chemise pour, dans l'intimité de sa chambre, jetée tout en pleurs sur son lit, follement baiser cette relique et se la frotter longtemps entre ses vieilles cuisses flétries.

vendredi 4 septembre 2015

LA DORMEUSE DU MONDE

(A la une du même Monde, ce même 4 septembre 2015, dans une attitude comparable, la photo-choc du petit migrant noyé Aylan Kurdi. Sac Gucci modèle Dionysus 1600 euros).
Le Monde Vendredi 4 septembre 2015 page 5

Une femme jeune, bouche ouverte, tête nue, 
Et le bras droit posé sur le doux sable gris,
Dort ; son parfum Dior fait palpiter sa narine. 
Elle dort dans le soleil, la main sur son sac 
Gucci. Elle a mis son blé dans un paradis.

mercredi 2 septembre 2015

BOAT PEOPLE

Entassés sur cette barcasse insalubre, à la coque mangée de rouille, ces migrants cherchent à gagner nos rivages, et pour ce faire ils n'ont pas hésité à hisser à la poupe de leur misérable esquif le drapeau tricolore, dans l'espérance qu'une ruse aussi naïve aura de quoi duper nos gardes-côtes. Même, siégeant à l'avant de la nef, derrière un passeur costaud, cet homme à l'air faraud, presque trop soucieux d'être propre sur lui, a cru bon de se mettre en veston-cravate ; quant à la migrante établie dans son dos, voyez-la qui se pavane en tailleur-pantalon crème! Vaines coquetteries pour peu que leurs deux passeurs aient déjà décidé de conduire tout ce petit monde, non pas au pays des droits de l'homme, mais, comme le Northumberland mena Napoléon déchu sur le rocher de Sainte-Hélène, vers quelque îlot perdu au milieu de ces eaux plombées et grises, dont rien ne garantit que la triste cohorte puisse revenir jamais.