Géronimots XXI

jeudi 31 décembre 2015

FIAT

(PS : classé par erreur dans "Art-Contemporain")

Le conducteur de cette Fiat 500, ayant discrètement garé dans l'encoignure son modeste véhicule, s'est faufilé à l'intérieur de la maison à dessein de rendre visite à son fils, la chair de sa chair, du moins le croit-il, ou l'espère-t-il, car faute d'un réel rapprochement   physique avec la mère de cet enfant, il ne sait trop quel fut au juste le modus operandi qui la féconda, et dans quelle mesure il fut admis à y prendre part : eut-il à se contenter de tenir la chandelle dans un processus qui, pour le reste, l'excluait? Ou bien, interférant davantage, allait-il jusqu'à aider aux intimes ajustements nécessaires, en principe, en ces sortes d'affaires? Il ne sait plus, ne se souvient plus, tout juste a-t-il la vague image d'un battement d'ailes, d'un blanc plumage dont un fragment, lors d'un envol, probablement se détacha puisque, reliquat de l'épisode, il a gardé par-devers lui une belle plume bien blanche dont il a épointé le bout et, le soir, l'ayant trempée dans son encrier, il la fait courir sur les pages d'un cahier où il voudrait relater tous les moments d'une séquence tout enveloppée, comme un petit enfant de ses langes, d'un brouillard blanchâtre qui ne se lève pas.

mardi 29 décembre 2015

ON S'ENTÊTE

Dûment décapité par Daech, comme  tel ou tel de ses ancêtres aurait pu l'être par Maximilien de Robespierre,  disciple du bon Jean-Jacques et apôtre de la Terreur, ce  Parisien a nonobstant entrepris de gravir cet escalier. Nous ne pouvons que saluer son effort et lui souhaiter de remporter cette épreuve même si, parvenu  au faîte, sans doute ne pourra-t-il, tel le jeune Rastignac embrassant le panorama urbain du haut du Père-Lachaise, apostropher la capitale en ces termes restés fameux : "A nous deux maintenant!"

dimanche 27 décembre 2015

QUI PEUT PEU PEUT PNEU

Proposition : le soi-disant "Art Contemporain" est à l'émotion esthétique ce que l'auto-proclamé "État Islamique" est aux Droits de l'Homme. 
Un échantillon d'Art Contemporain sur le journal Facebook de Nicole Esterolle

vendredi 25 décembre 2015

ELLE ET EUX

Sur journal Facebook de Patrick Boriès

( jeudi 15 décembre 16 "Vitrines mystère au Quai Branly"  = os péniens de petits mammifères d'Amérique du Nord ...)

mercredi 23 décembre 2015

CHOC DE SIMPLIFICATION

Journal Facebook Hubert Mounier
Sous la bienveillante impulsion du pape François, les épreuves préalables à ce stade suprême du bonheur : l'entrée en Paradis, devraient être revues à la baisse. Dans cette perspective, la stagnation à durée indéterminée dans l'enceinte d'un revêche et démoralisant Purgatoire, pourrait avantageusement être remplacée par un épisode cuisant, peut-être, mais bref, sauf si l'officiant, loin de scrupuleusement s'en tenir au programme de la séquence, s'échauffant autant que l'objet précisément dévolu à subir les atteintes punitives, en venait à ne plus pouvoir enrayer son geste, voire à l'enrichir par des menées adjacentes, d'une portée toujours plus étendue, au risque de si graves désordres, éventuellement contagieux, que le directeur du Parc serait bien inspiré de dépêcher de toute urgence quelque escadrille d'anges, archanges et autres séraphins pour séparer les parties voire,  à grands battements d'ailes, repousser dans les ténèbres extérieures, hors du cercle des bienheureux, le justicier abusif.

lundi 21 décembre 2015

HOME SWEET HOME

(Photo et citation ci-dessus de Henri Bosco sur le journal Facebook de Thierry Maugenest)
Tout récemment encore, voire hier soir, cette maisonnette était  une vaste demeure qui , nul ne sait pourquoi ni comment,  aura mis à profit la nuit noire pour réduire ses dimensions jusqu'à ne plus offrir qu'une seule porte et trois fenêtres, dont une aveugle. Encore n'est-ce pas forcément fini, et les temps pourraient bien être proches où le résiduel édifice devrait tout juste laisser entrer, pas même un adulte, mais  tout juste un enfant qui à peine dans les lieux ne pourra plus, mais plus du tout bouger, tant et si bien que s'il aspire à croître il va lui falloir jouer de tout son corps pour repousser les murs qui menacent, de leur propre mouvement, de l'écraser ...   Souhaitons-lui d'être le plus fort, fût-ce au prix de l'éclatement soudain de la plus que minuscule bicoque, et notre homme - car  c'en est un, désormais, fort loin de son ancien statut d'infans -, encore tout courbatu et meurtri, telle fut la lutte, nous le verrons partir sans se retourner, emportant au fond de sa poche une pierre de ce qui fut sa maison.

samedi 19 décembre 2015

ROUGET



Chappatte








Serons-nous jamais délivrés du sang impur  appelé à s'épancher dans nos sillons et  ruisselant jusqu'à plus soif dans le refrain de  cette Marseillaise que nous devons au bien nommé Rouget (de Lisle)? N'en déplaise aux sophistes qui pour dédouaner cette fatale expression de ses accents sricto sensu (sangsue) racistes, voudraient y voir le sang "impur" et généreusement versé des sans-culottes, par opposition au sang pur des aristos, tous les commentaires des acteurs de la période révolutionnaire  (Marat, Hébert, Dumouriez, Barnave etc.) n'y voyaient, pour s'en réjouir, que le sang de l'ennemi, de ces féroces soldats aimablement animalisés qui mugissent. Viendra plus tard le grand Jaurès qui, lui, parmi d'autres, déplorera ce sang impur : "l'expression est atroce", qui n'a pas fini de faire couler de l'encre.

(Voir Wikipedia, article "la Marseillaise", paragraphe 5.2)











ue.



jeudi 17 décembre 2015

MÈRE & FILLE

By Philippe Mouchès


Révoltée par les tenues vestimentaires de sa fille, trop occidentalisées à son goût,   et d'inspiration par trop mécréante, cette maman n’a pas hésité à sacrifier son ample voile noir intégral pour, d’autorité, en empaqueter la jouvencelle, quitte à se retrouver elle-même à l'état de nature, n'était ce bandeau, sauvegardé, qu’une pudeur lui intima de s'appliquer devant les yeux. Et tels l’aveugle et le paralytique, elles iront désormais de concert sur les chemins, celle-là titubant par le fait de son voile bien trop ample et bien trop long, celle-ci n’y voyant goutte, au point de n'avoir pu s'aviser du colifichet islamiquement incorrect qu’un plaisantin lui a passé autour du cou.

mardi 15 décembre 2015

HÔTAGES


 Ce couple de touristes, tout de blanc vêtus, n'avaient d'autre dessein que de visiter le pays, et les voici tombés entre les mains d'un chef rebelle barbu, en treillis, s'efforçant de faire bonne figure tout en soupesant leurs chances d'être délivrés, soit par le versement  occulte d'une rançon, soit par le biais d'un échange ... Mais il se pourrait que leur apport à la communauté nationale dont ils procèdent soit jugé si peu concluant, ou si grevé de maintes forfaitures, que l'on risque, en haut lieu, de s'en laver les mains, et d'envisager sans trop d'état d'âme qu'ils puissent, dans le meilleur des cas, si ça leur chante, tenter de pactiser avec l'ennemi, monsieur proposant à toutes fins utiles les ressources d'une rhétorique qu'il manie avec autant de brio qu'un jongleur ses quilles ou ses cerceaux, madame toute disposée, pour sa part, à se vouer à sa façon bien à elle à la cause du sexe qui est le sien? Mais peut-être leurs ravisseurs, plus que circonspects quant aux talents dont ces captifs se prévalent, choisiront-ils de les libérer, les relâchant en pleine nature où ces familiers du Flore ou des Deux Magots auront à composer avec de  peu amènes chimpanzés ou des gorilles en rut au sein d'une jungle hirsute qui pourrait bien finir, hélas, par les avaler. 


dimanche 13 décembre 2015

SHORT STORY

Cette jeune personne aurait-elle un peu trop  lu et relu les maintes et maintes pages de l'opus proustien consacrées aux fameuses Jeunes filles en fleurs? Tout nous porte à le croire, eu égard à ce délicieux jardinet dont généreusement elle nous ouvre la porte, comme en invitation au voyage dans cet exubérant massif qui, si nous savons en traverser, tel un insecte assidu, l'odoriférant fouillis floral,  devrait nous mener à la source secrète qui le vivifie.

vendredi 11 décembre 2015

LA NUÉE




mercredi 9 décembre 2015

PHILOU & JULIETTA

Photo Samuel Kirzsenbaum
Comment ce sympathique couple d'horticulteurs pourrait-il cacher sa joie, venant tout juste de remporter une médaille de bronze, catégorie senior, aux VIème Floréales de Neufchâtel ! Leur fierté éclate à nous présenter l'orchidée, élevée avec amour, objet de soins constants, qui leur a valu cette troisième place largement méritée, derrière M. Bizet, de Quincampoix, et M. Caron, d'Argueil, médaille d'or. Mais dès demain matin, sans se laisser griser par le succès, ils seront dans leur charmante boutique, affables, modestes, tout empressés à recevoir une clientèle qui vient parfois de loin pour faire son choix chez "Philou & Julietta", assurée d'y trouver, sinon d'étranges fleurs sur des étagères, en tout cas une jolie corbeille ou un bouquet tout frais sans prétention.

lundi 7 décembre 2015

L'AVOIR OU PAS

Désavouée du bout des lèvres par Tatie Marine, chaleureusement approuvée par Papy Jean-Marie, damoiselle Marion annonce que si elle est élue en PACA, elle créera dans toutes les communes un poste d'agent chargé de vérifier, avec un instrument de mesure anthropométrique ad hoc, si les citoyens ont le front national.

LA LIBERTÉ ENLÈVE LE BAS

Rappel : Demain  (disait-elle hier) j'enlève le bas













dimanche 6 décembre 2015

DEMAIN J'ENLÈVE LE BAS


                                            ************************************
PS, qui n'a rien à voir : 
Curieux penseur que Philippe-Joseph Salazar, professeur de rhétorique à l'Université du Cap, auteur de Paroles armées - Comprendre et combattre la propagande terroriste, prix Bristol des Lumières. Il voudrait, sur France Culture ou ailleurs, que cessant de dire "Daech" ou "l'État islamique" - soi-disant islamique -,  nous n'appelions cette monstrueuse entité que "le Califat" . "Califat" auto-proclamé, qu'aucun État ne reconnaît, mais notre auteur s'en moque, qui tient absolument à parler comme l'ennemi qu'il prétend combattre, à répercuter en bon perroquet ses plus flatteuses dénominations, puisque Ph.J Salazar exige aussi que les tueurs du supposé "Califat" nous leurs reconnaissions l'honorable qualité dont ils se prévalent de "combattants" ou de "partisans". De même, à suivre notre puissant penseur, s'agissant du grand tueur de masse Staline, sans doute aurait-il fallu pieusement énoncer les périphrases et métaphores de sa propagande, comme "Le petit père des Peuples" ("dépeuple" serait plus juste) ; s'agissant de Mao, autre assassin d'envergure : "Le Grand Timonier". Il est vrai que le penseur déclarait aussi, dans l'excellente émission Cultures Monde, qu'il trouvait "très beaux" (sic) les discours d'Al-Bagdadhi, le présumé "Calife". Opposons à l'étrange et fasciné Ph.J. Salazar cette réflexion de Cornélius Castoriadis, co-fondateur en 1948 de "Socialisme ou Barbarie" : "URSS : quatre initiales, quatre mots, quatre mensonges"


samedi 5 décembre 2015

DU MONDE AU BALCON

Afficher l'image d'origineIls sont retrouvés! Quoi? 
Les  soutifs de la Liberté! 
Photo J.Paul Pelissier (Reuters)

jeudi 3 décembre 2015

LA COLLINE

Journal Facebook de  L'Armurerie





Ce lecteur, assis au faîte de cette suréminente colline, sur cette chaise au très haut dossier, est présentement plongé dans un livre qui succède à tant d'autres, précédemment lus ou parcourus ou feuilletés et jetés en vrac, souvent encore ouverts, à même le sol qui en est presque tout entier jonché, comme de feuilles mortes un sous-bois automnal. Mais peut-être cette bibliothèque en désordre est-elle littéralement, si l'on peut dire, tombée du ciel, de ce ciel crépusculaire, aux couleurs fanées, comme pour instruire ce jeune homme d'une très ancienne histoire qui aurait trouvé son dénouement en ce même lieu, sur ce site surplombant, là-même où s'appuient les quatre pieds de sa chaise, sans que ses lectures lui aient encore apporté, semble-t-il, ne fût-ce qu'un début de réponse à l'énigme de cette vieille affaire, obscure comme le sera bientôt le paysage enténébré, et il s'endormira sur sa chaise, la tête tombée au-dessus de son livre  ouvert, au sein du noir total.

mardi 1 décembre 2015

L'IDOLE


Les membres de cette tribu bizarre, ayant endossé un habit cérémoniel verdâtre, entourent étroitement un homme vêtu de lin blanc et d'une capuche noire. Le pauvre diable est-il au moins un peu conscient que d'un instant à l'autre, brandissant l'épée qu'ils ont au côté, et que l'un des leurs, tout frétillant, assis au premier rang, a déjà dégainée, ils vont se ruer sur lui pour la seule, simple et bonne raison qu'il n'est pas vêtu comme eux ? Peut-être, dans le meilleur des cas, soudainement enclins à l'indulgence, vont-ils se suffire de le bombarder avec tous ces  gros bouquins, pour l'heure soigneusement rangés sur les rayonnages, jusqu'à tant que leur victime ait disparu sous le livresque monceau, et ils quitteront la salle, sur la pointe des pieds, comme après un grand crime, laissant le malheureux enfoui sous l'amas énorme mais dont qui sait si là-dessous il n'a pas commencé, par un étrange prodige, de s'amalgamer les milliers, les dizaines de milliers de feuillets, et son corps, resté semblable en sa forme, devrait finir par représenter une bibliothèque portative, accueillante au visiteur même si l'incroyable compression des feuillets, de la tête aux pieds du bonhomme livresque, a toutes les chances de rendre toute consultation impossible, ne concédant à ceux qui vont se succéder en ce lieu que le droit de se pencher sur ce gisant tout doré sur tranches, telle une idole infiniment précieuse mais dont ils ne savent comment user.                                                           

dimanche 29 novembre 2015

FRUNCÉ SI VOUS SAVIEZ ...

Facebook Dominick Drouin
A peine tombée, la nouvelle affole la communauté des proustiens : Illiers, Eure-et-loir, ne serait devenu Illiers-Combray que sur la foi d'une erreur tragique,  car c'est le petit village de Fruncé, Eure-et-Loir, qui, et lui seul, mériterait ce label, pour la bonne raison que la véritable maison de la tante Léonie, l'alitée de la Recherche, dont le grand Marcel s'amuse à se dire un avatar, générant la littérature, ne se serait jamais trouvée sur les terres d'Illiers, mais de Fruncé ! "Illiers, écrit le professeur émérite Lestiboudois, dans la première livraison du Nouveau bulletin proustien, n'est redevable de l'imposture de sa fortune qu'au jeu de mots subliminal qui, à l'inconscient abusé des Islériens,  aura  fait croire depuis presque un siècle qu' Il y est ... Lui qui n'y fut jamais, lui qui était à Fruncé, où sur le site de la vraie maison de la tante Léonie, démolie depuis des décennies, règne aujourd'hui le pavillon d'un retraité de la Poste, une maison Phénix ..." ; mais, ajoute le Professeur, "N'avons-nous pas dans ce Phénix l'augure d'une renaissance?". Et d'inviter tous les Islériens, tous les tenants de la toponymie trompeuse, à déserter Illiers pour laisser leurs désirs partir en caravane vers ce Fruncé qui, médiocre bourgade, dès lors que baptisé Fruncé-Combray n'en sera que mieux le support d'une transfiguration. Reste à savoir combien de nos proustiens, même ébranlés dans leur croyance, voudront ou sauront se détacher des murs d'une maison qui, serait-elle illégitime, est aussi sacrée à leurs yeux qu'aux mahométans la pierre noire de la Mecque. Selon  de bons connaisseurs de la confrérie, un schisme n'est pas exclu, avec deux Combray ennemis,  Islériens et Fruncéens se regardant en chien de faïence, s'anathématisant, se lançant la Recherche à la tête ; de nouveaux manuscrits, même, pourraient sortir des tiroirs, de nouvelles paperoles accréditant ou censées accréditer Fruncé. Les plus pessimistes craignent une guerre de cent ans, bien de nature à écorner la gloire inouïe qui nimbe le nom du génial écrivain. Quant à notre professeur émérite, en son inlassable ardeur, aux objets renouvelés, il serait sur le point de lancer un Néo-bulletin voltairien aux fins de météoriquement jeter, dans le jardin des dévots du grand écrivain des Lumières, cette non moins terrible pierre : Ferney-Voltaire est une erreur, le véritable château du philosophe du canton de Gex se dresse à quelques kilomètres de Ferney, dans une localité dont la première livraison du Néo-Bulletin fera éclater le nom. D'autres bisbilles en perspective, dont nous ne manquerons pas d'informer nos lecteurs.


vendredi 27 novembre 2015

ENTRE-DEUX

Photo sur le journal Facebook de Katto Tokyo partagée par Marie-Pierre Wattiez

Au mépris de toutes les consignes, franchissant le périmètre de sécurité ce garçonnet a cru bon de s'approcher au plus près et d'engager sa tête dans cet entre-deux, sous les yeux probablement effarés de ses camarades, hors-cadre, hors-champ, dont nous espérons que faisant promptement la chaîne ils tenteront de décrocher le petit malheureux, en proie à une fascination irrésistible  ... A moins que tout au contraire, un peu moins fou que les autres, il ne soit le dernier survivant de son groupe de copains, pour peu que tous aient tour à tour été happés, comme autant d'insectes par le trop séduisant calice d'une fleur carnivore, et courageusement, faute d'avoir pu les dissuader, il s'est lancé vers le lieu fatal où, s'égosillant, il les hèle, il crie leurs noms dans l'espérance de les voir revenir au jour, mais rien ne répond à sa voix sinon l'écho démesurément amplifié de la banderole sonore des Kevin ... Enzo ... Hugo ...  Mathéo ... Sacha ... Arthur ... Liam ... Lucas ... Nolan ... Maxence ... , tournoyant et se gonflant comme entre les parois d'une sombre caverne.

mercredi 25 novembre 2015

A CROQUER

Sans un regard pour le gros oeuf Fabergé que lui présentent deux éphèbes, ce vieil homme, bizarrement attifé, se frotte les mains à la vue de son autre cadeau, qui semble pourtant moins attractif, consistant en une figurine fixée sur deux planchettes, le tout posé sur un gros coussin, rouge, comme sa drôle de capuche. Il couve cet objet d'un oeil chargé d'une telle convoitise que tout laisse penser que d'un instant à l'autre il va, n'y tenant plus, se ruer, comme un enfant sur un bonhomme en pain d'épices, et ouvrant une bouche grande comme un four nous le verrons qui a commencé de croquer la friandise, avec des dents on dirait de loup même s'il n'est pas exclu que soudain, crac, le vieux glouton vient d'un coup de s'en casser quelques unes sur la substance, jusqu'alors friable, de son cadeau, et qui peut-être se régénérait à mesure que ses ratiches y creusaient des trous, mais sans préavis elle s'est durcie, comme du stuc, comme du marbre, inexpugnable à la mâchoire bien entamée du vieux bougre qui grimaçant de douleur, marmonnant des injures ou des imprécations, jette des regards effarés vers la statuette intacte, impavide, dont nous pressentons qu'il n'aura pas fini, dans la clôture de ses appartements, d'interroger la redoutable énigme.


lundi 23 novembre 2015

FLORIDA SAISON 1

Certains de nos lecteurs auront déjà identifié dans ces trois grâces, délocalisées aux États-Unis, années 60, et comme par hasard - la mention sur la portière l'atteste - en ... Floride, les fameuses jeunes filles en fleurs du bien connu Marcel Proust, shootées en plein tournage d'une série télé qui  devrait, vaille que vaille, acclimater chez nos amis américains l'univers de la Recherche du Temps perdu. Gisèle et Andrée posent modestes au second plan quand la brune Albertine, en bikini jaune, a commencé d'approcher un brave flic qui ne saurait être que notre Marcello, projeté par le scénar hollywoodien dans ce rôle dévolu à lui donner un supplément, sinon d'âme, du moins de virilité. Dans un moment nous le verrons emballer sa conquête dans la Coccinelle, vers quelque plage solitaire où, comme un Sean Connery une Ursula Andress, la posséder sur la grève, à moins que soudainement rattrapée par le Temps la jolie fille ne lui fasse le coup, au premier french kiss, à la première caresse profonde, de se résoudre en un milliard d'atomes de poussière déjà emportés par la mer, ne laissant à notre héros, pour tout vestige, que le slip jaune du bikini dont ses collègues, s'étonnant à peine, car l'ayant toujours trouvé un peu piqué, n'ont pas fini de le voir s'éponger le front, en sueur sous le casque, avant de renfourner cet objet qui lentement se déteinte, se décolore, jusqu'à n'être plus qu'un chiffon sale et froissé mais dont jamais, jusqu'au mot FIN, notre héros ne se désolidarisera.

samedi 21 novembre 2015

LA GARDIENNE














Est-il admissible qu'un gardien, que - pire ! - une gardienne en poste au prestigieux Musée du Louvre, prenne ses aises et s'abandonne à l'instar de celle que voici, surprise en cette pose pendant les heures de service? Et que je te fume une clope, entre deux gorgées d'un ballon de blanc, et que je te croise très haut les jambes, avant de cyniquement les ouvrir, comme pour rivaliser avec certain tableau du Musée d'Orsay, de l'autre côté de la Seine, histoire de montrer qu'au Louvre aussi on a les idées larges ?  Pas au point, tout de même, de tolérer pareilles infractions, au vu de notre deuxième document qui nous suggère que la trop désinvolte gardienne vient de perdre son job ... Et naguère lascive et licencieuse, désormais licenciée, elle poireaute esseulée près du Musée qui l'évinça, dans la prosaïque attente du 39 ou du 95, les mains vides, sans même un carton pour ses effets, et sans qu'aucun Parisien compassionnel, aucun touriste empathique lui adresse ne fût-ce qu'un regard, un sourire en réponse à celui, calculé, qui flottait sur ses lèvres, ou plutôt à cet air narquois où elle se complaisait, et qu'elle n'a pu garder.

jeudi 19 novembre 2015

UN ÉTÉ ENFLAMMÉ EN PACA ?

Je remets en ligne ce texte publié en juillet 2012 sur la Revue en ligne 
du Théâtre du Rond-Point, ventscontraires.net . Texte prémonitoire, j'ose le dire, voire, 
n'ayons pas peur des mots, visionnaire en ce qu'il évoquait toute une efflorescence de dérives 
sectaires, d'une dangerosité certaine pour la région PACA ... Affaire à suivre, donc.


Un été enflammé en PACA ?

Roger Talpoin, le nouveau ministre des Cultes, a du souci. Non 
seulement l'hérésie vaudoise a repris du poil de la bête dans plusieurs 
vallées des Alpes, mais on signale, ici ou là, des processions de 
Flagellants qui n'y vont pas de main morte, occasionnant, de plus, 
une rupture de stock dans les divers modèles de martinets.
 Talpoin doit compter aussi avec une éruption de Fraticelles 
militants, géolocalisés dans la Lozère, mais qui pourraient faire 
des émules jusque dans le Bas-Languedoc. Ce qui ne serait rien si la 
Surveillance des Cultes n'avait signalé une épidémie de Galvanistes dans le  Sud du Dauphiné 
et, déjà, en Haute Provence, combattus jusqu'aux abords du massif des Maures - très combustible, 
comme on sait – par des bandes d'Arianistes, de Docétistes, voire de Nestoriens, autant d'excités qui
voient dans le rite, jusqu'ici consensuel, du pastis, l'occasion idéale d'entrechoquer leurs dogmes et 
d'en venir aux mains dans tous les bistros, bientôt, de PACA. Talpoin panique, dit-on, à la 
perspective d'une contamination des plages sur toute la Côte, inclus Saint-Trop', où les arts conjugués 
de la bronzette et du flirt se verraient dangereusement suppléés, chez les Juillettistes et les Aoûtiens, 
par la rage des excommunications. Homme à poigne, il envisagerait, d'après nos sources, 
d'éteindre l'incendie qui menace en envoyant les canadairs, de sorte à noyer en vrac 
Monophysistes et autres Pélagiens sous les eaux attiédies de l'indifférentisme postmoderne 
néorépublicain.

mardi 17 novembre 2015

"FRANCE MÈRE DES ARTS"

Vu par le quotidien Le Progrès à la Biennale 2015 de Lyon 
Contre la barbarie de Daech, contre son obscurantisme inégalé, la France doit faire appel à toutes les forces de l'esprit, à toutes les ressources de la culture et de l'Art, y compris celui contemporain, trop décrié par les esprits forts qui ne s'épanouissent que dans l'ironie. Nous ne savons pas si ce jeune homme en pantalon révolutionnaire rouge fait partie ou non de l'oeuvre qu'il contemple, mais l'oeuvre est là, devant nous, dans sa force et sa radicalité, dérangeante, perturbante, exigeante, aussi, et nous espérons qu'elle sera suffisamment protégée pour qu'une femme de ménage ne se croie pas tenue, avisant ce que son ignorance crasse lui aura fait prendre pour un foutoir, de le jeter à la poubelle, drame déjà maintes fois vécu par les produits les plus âpres de l'Art Contemporain.

dimanche 15 novembre 2015

OIES BLANCHES


Soigneusement décervelées et dûment reformatées par des experts sur un site ad hoc, cette cargaison d'oies blanches est  en partance pour le Daechland, où elle devrait arriver sous peu si Dieu le Miséricordieux le veut.

vendredi 13 novembre 2015

WAITING FOR

                                                             
Ces voyageurs attendaient leur train, normalement prévu pour 9h11, ou 11h18, ou 18h10, ou 10h32, et ils en sont encore à l'attendre, depuis un laps de temps d'autant plus  indéterminé que le Temps, la notion du temps, il se peut qu'ils l'aient perdue, à supposer qu'ils ne soient pas allés jusqu'à perdre la conscience même qu'ils attendent, ou du moins qu'ils attendent leur train : ils ont beau se tenir en arc de cercle au plus près de la voie, à force de n'avoir aucun signe, sonore ou visuel, de son approche, si lente soit-elle, pire que le plus paresseux des tortillards, l'idée de train en est venue à s'estomper en eux, et a fini par s'abolir, emportant avec elle l'idée de voie ferrée, alors même qu'ils la jouxtent, mais dépourvus désormais du bagage lexical qui leur permettrait de nommer le ballast, les traverses, les rails : ils ne savent plus ce que c'est, sans pour autant être en mesure de s'éloigner de ces deux poutrelles métallique ancrées à même le sol, dont le parallélisme s'étire à perte de vue ... : et peut-être même finiront-ils par s'y engager, par marcher à la queue le leu sur ce support, et si d'aventure, un jour, alors qu'ils marchent depuis, depuis ils ne savent plus quand sur ce chemin de fer (car ainsi l'auront-ils nommé, sans y trouver malice, puisque c'est leur chemin, et qu'il est de fer), si d'aventure ils entendent, au loin, le hululement typique, et s'ils voient s'élever le panache typique, et si le typique grondement leur devient audible, et grandit, grossit, et s'ils voient enfin apparaître, émergeant d'une longue courbe, le Train, tracté par sa locomotive, les voici qui se rangent  au bord de leur chemin de fer, pour laisser passer ce monstre bruyant et fumant qui leur en dispute l'usage, et ils reprennent leur route rectiligne, de leur pas égal, sans se presser, sans traîner, sur leur chemin de fer qui luit à l'infini sous le ciel bas.



... PS qui n'a rien à voir : en cette nuit de terrorisme islamiste à Paris, me revient en mémoire l'une des phrases les plus stupides, les plus irresponsables, que nous devons à la plume pontificale d'André Breton : "L'acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings,à descendre dans la rue et à tirer au hasard tout ce qu'on peut dans la foule". De même le "surréaliste" et futur stalinien Aragon voulait-il ... gifler le cadavre d'Anatole France - lequel a tout de même écrit "Les dieux ont soif ", roman qui décortique la conversion d'un artiste peintre au fanatisme sanguinaire de la Terreur robespierriste.










mercredi 11 novembre 2015

PETIT POILU

                                                                                                                                                                     




Petit Poilu deviendra grand
Si boucherie lui prête vie
S'il échappe aux gaz asphyxiants
S'il s'abstient de mutinerie.

lundi 9 novembre 2015

LA BLESSURE


Sur Facebook Frédéric Atlan


Inscrite à même le tronc d'un arbre,  au plus touffu d'une forêt profonde, cette ligneuse blessure aurait le don, nous dit-on, d'attirer des légions de messieurs, jeunes ou vénérables, qui galopant comme des cabris à travers la sylve, ou s'étayant difficultueusement sur une canne, ou  pendulant sur des béquilles, font route vers le site, aidés d'aucun panneau indicateur mais convaincus que s'il y en avait ils ne feraient que les éloigner de ce but idéal, devenu l'unique objet de leur quête. Il semble, du reste, que la plupart de ces obstinés chercheurs finissent par se perdre en chemin, et ce ne sont pas les quelques uns qui s'en retournent, ou s'y essaient, après avoir réellement approché,  et religieusement touché, palpé, caressé la sinueuse entaille, délicatement ourlée, qui pourraient, le voudraient-ils, guider les égarés tant le souvenir fût-il déjà flou de leur récente expérience, ou déjà ancienne, a tracé dans leur esprit une autre encoche, immatérielle, par où s'est dissipé tout sens de ce que d'ordinaire nous appelons réalité.

samedi 7 novembre 2015

LIBERTÉ

Journal Facebook d'Alice Inthelight
Ce pauvre bougre avait au programme, ce vendredi-là, de se grimper en plein cagnart la pente d'une colline, avec, sans doute pour l'amour du sport, un grand et lourd machin en bois sur le dos ! D'un naturel assez arrogant pour se voir déjà, par la grâce de son exploit, tel un Mohammed Ali le roi du monde, il était allé jusqu'à, semble-t-il, se couronner lui-même, comme Napoléon le jour de son sacre, quand voyez-le traîné par deux agents du parc vers le poste de secours où l'on tentera de le réanimer, sans beaucoup d'espoir à en juger par son visage sans expression, son corps inerte, et cette teinte verdâtre, pour ne pas dire cadavérique, qui se retrouve sur les plis épais de ces voiles dont il avait cru bon de s'envelopper, pour un supplément de sudation ... Mais n'y aurait-il pas là, désormais, une manière de suaire, comme s'il était question, moins de le ramener à la vie que de le conduire au tombeau? Et si d'aventure, plus bravache que jamais, histoire de nous bluffer pour de bon notre homme tentait en sa funèbre clôture de se réanimer tout seul, avec les douteux moyens du bord, ce sera son affaire, et un acte de sa liberté.




jeudi 5 novembre 2015

FATALE

                                       
Ces deux messieurs sont en compétition pour le coeur et le corps de cette blonde, qui semble avoir jeté son dévolu sur le plus BCBG des deux, mais rien ne nous  dit qu'elle ne va pas, se ravisant, élire le bad boy en parka grisâtre, à moins que se refusant à choisir elle ne prenne la paire ? Et nous les verrons s'emmêler tous les trois sur les marches de l'escalier - leur domicile fixe, ou plutôt mobile - et bientôt, en proie à leur fureur érotique, le dégringoler, et peut-être même les malheureux viennent-ils d'amorcer leur descente vers Dieu sait quels souterrains Enfers où en ces lieux sulfureux nous pourrions voir la tignasse de la blondasse s'embraser et brûler, non pas en un moment, mais sans fin, sans que ses deux amants se découragent qui voudraient, non pas éteindre, mais étreindre cette torche qui se tord dans les profondeurs et lentement les calcine, les carbonise, jusqu'à ne laisser de leurs tristes personnes que deux blocs noirâtres piétinés et concassés sous les bottes de la blondasse qui, lascive, ondule dans l'ombre traversée par le feu éternel de ses longs cheveux.



















mardi 3 novembre 2015

GONCOURT

      Homard en mousse
       Foie gras d'oie
Dos de bar cuit à la vapeur
Soufflé glacé au Grand Marnier
… de quoi être soufflé, ou pas, par le menu servi dans le cadre obligé du Drouant au lauréat et au jury de ce déjà lointain Goncourt-là (2011). L'art français de la table vaut sans doute L'Art français de la guerre, mais que les médias ne manquent jamais de nous divulguer le menu Goncourt du Drouant, suggère que ce prix serait, pour un Roland Barthes, une mythologie française, quand avec Mircea Eliade on y lira une hiérophanie, une manifestation du sacré. Grands, petits, moyens, minis, tous nos autres prix littéraires n'ont d'essence que profane, on ne va pas en faire un plat de ce qu’auront mangé et bu jurés et lauréats, quand le Drouant, à l'inverse, est la sainte chapelle où s'autorise et s'opère la manducation du repas eucharistique par les dix apôtres du jury, dommage qu'ils ne soient pas douze, entourant le Messie de l'année. Pour preuve, cette image pieuse où l'impétrant, ravi, les mains largement ouvertes - quoique non stigmatisées -, arbore une longue écharpe qui est une étole liturgique ; et, tel, voyez-le qui sous les spots et les flashs, garants techniques de la transfiguration, sanctifie la nappe blanche de la Cène. Ecce homo.






dimanche 1 novembre 2015

SEPTUPLE SAUT


 

Vos chroniques

Jacques Géraud
Septuple Saut
J'ai très envie que les prochains JO, ou les suivants, en 2024 ou 2048 ou 2096, je m'emmêle un peu les pinceaux dans les dates, se tiennent chez nous, en France, à Paris ! M'est avis que mes chances en seraient plus fortes d'être sélectionné dans l'équipe nationale. Quant à la spécialité, moins polyvalent qu'un Jesse Owens, je crois que je choisirai le ... voyons, le, voilà, le, c'est ça, le, mais oui, le, très bien, le, parfaitement, le, c'est dit : septuple saut !!!!!!! Le septuple saut en longueur, et si je suis le tout premier à m'illustrer dans cet art, je n'irai pas m'en plaindre, ravi et plus que ravi d'avoir établi ce record olympique-là, qu'il appartiendra aux générations futures, s'il y en a, d'améliorer, voire de pulvériser. Je promets à mes challengers que je suivrai leurs tentatives devant mon poste de télé, les applaudissant s'ils le méritent, nullement jaloux des compétiteurs qui m'auront dépossédé de mon titre olympique de Septuple Sauteur, pourvu que tout en les regardant, les admirant et les ovationnant, je puisse machinalement tripoter, comme un dévot son chapelet, ma médaille d'or accrochée à mon cou ou discrètement rangée dans ma poche où je m'imagine qu'avec mes doigts qui passent, qui repassent, astiquée de la sorte, pas que durant les JO, mais tous les jours, tous les jours, elle va continuer de luire, dans l'ombre de la poche de mon pantalon, quitte à lentement s'user, comme moi, et nous vieillirons ensemble, ma médaille d'or et moi.

vendredi 30 octobre 2015

LE CERTIFICAT


Nous  avons le plaisir de porter à la connaissance de  nos lecteurs le Certificat ci-joint, rédigé dans la langue dite "de Molière", et attestant avec tout le sérieux administratif requis le bienheureux état virginal d'une sainte personne répondant au prénom de Marie,  qui aurait obtenu, Dieu sait comment, de doubler cet état de celui de ... mère! Mais ce n'est pas tout, s'il est vrai que le support physique dudit Certificat, jauni par les temps et dentelé sur les bords, ce ne serait pas un quelconque vélin, papyrus, ou  autre parchemin, comme un examen superficiel pourrait le laisser croire, mais ... la membrane même de la virginité! Ô combien précieux objet que cette dame, sentant sa fin prochaine, aura donc généreusement confié à qui de droit pour qu'un jour, délicatement déplié par une main experte, il pût recevoir, tracés d'une plume miraculeusement légère, les mots qui certifient ce qu'il en est de celle qui avait en lui son trésor inaltérable.