Géronimots XXI

vendredi 30 décembre 2016

PATER ET FILIUS

Ce vénérable patriarche,   orné de sa barbe blanche comme neige, et respirant la force et la santé, nous semble pourtant fort perplexe : et comment ne le serait-il pas, ès-qualités de géniteur de ce triste individu posant à ses côtés, qui n'offre à l'objectif que sa tête malade, sa mine défaite, ces lèvres pincées et cet oeil fixe où germe peut-être l'ouragan de pensées non seulement, chose banale, homicides, mais, horreur, parricides ? Est-ce un hasard si la pointe du noeud qui ferme le col du misérable suggère la lame d'un couteau? Tout disposé qu'il pourrait bien être à la plonger dans le coeur généreux du vieux bonhomme, et secrètement réjoui d'être aspergé des jets puissants de son sang, voire intarissables et tant pis si pour sanction d'un crime si hideux, si contre-nature, le torrent pourpre devrait emporter le funeste personnage vers Dieu sait quelle maudite destinée.

mercredi 28 décembre 2016

YESWEVATICAN.COM

Oubliés, les poupées gonflables et autres gadgets minables ! Pour une obole modique, toi aussi tu peux t'inscrire sur yeswevatican.com et participer à notre grand jeu ! Nombreux lots très attractifs, dont le gros lot : UN PAPE ! grandeur nature, latex  extra, costume complet. Et notre bonus : il parle! Un mécanisme ingénieux te permettra de lui faire débiter à la demande les articles les plus désopilants de son répertoire tels que, en vrac : Résurrection, Création Divine, Ascension, Assomption, Jugement Dernier, Virginité Perpétuelle de Marie, Sainte Trinité, Enfer, Paradis, Purgatoire, Transsubstantiation eucharistique, et tant d'autres tout aussi plaisants. De plus, grâce à une connexion spéciale, tu seras informé en direct des pensées sociétales qui lui passent sous la mitre, concernant par exemple les abus de la laïcité à la française, Les enfants qu'on ne laisse pas naître à cause de l'IVG, les abominations de la pilule et du D.I.U, l'horreur de toute euthanasie,  de toute mort médicalement assistée, ou la déplorable théorie du genre.

lundi 26 décembre 2016

HOTTISME




Au lendemain de noël, certains enfants n'ont toujours rien reçu de la part du Père Noël ! Inutile d'attendre, d'espérer, de sangloter,  de supplier : ces petits malheureux ne recevront rien du tout, non par l'effet d'un dommageable retard dû à une tournée trop longue, trop dure, mais par suite de cette maladie  psychique professionnelle, appelée hottisme par la Faculté, qui sévit de plus en plus dans la corporation. Le Père Noël affligé du syndrome hottistique oublie purement et simplement de "faire le job" ; au lieu de monter sur les toits pour descendre dans les cheminées inscrites à son parcours et déposer les cadeaux, vous le verriez marcher toute la nuit du 24 au 25 décembre, ployé davantage au fil des heures sous la lourde hotte de son état, que la distribution d'aucun cadeau, d'aucun joujou n'allège. Et lorsque, au matin du 25, il se présente au Bureau des Pères Noël, inconscient de son mal, et de la faute commise, il tendra ingénument la main pour recevoir sa paye, fera du scandale si au guichet on ne lui donne rien, s'accrochera de toutes ses forces à sa hotte que les agents du Bureau, s'y mettant à plusieurs, vont chercher à lui ôter, et s'il réussit à leur échapper, titubant sous sa hotte toujours pleine à craquer ce sera pour aller se jeter dans le fleuve, et s'y noyer aussitôt, entraîné dans le fond par le grand, lourd, haut panier d'osier arrimé à ses épaules et qui lui est comme une expansion de son être, un prolongement insécable, la hotte et lui ne faisant plus qu'un voué à s'engloutir.

dimanche 25 décembre 2016

BETHLEEM HERALD TRIBUNE 25 décembre 0000

Un drame affreux a frappé la nuit dernière notre petite cité. Une jeune femme, quoique sans doute très éprouvée par un long voyage, venait de mettre au monde avec succès un garçon dans la paille d'une grange, faute d'avoir trouvé de la place dans l'une de nos auberges, saturées par les opérations du recensement. La jeune mère et son mari, un homme déjà âgé, ayant dispensé les premiers soins à leur enfant, s'étaient laissés gagner par le sommeil. Quand ils s'éveillèrent, à l'aube, la paille rougie de la mangeoire qui avait tenu lieu de berceau était vide ! Tout laisse penser qu'un ou deux prédateurs, loup affamé ou chien féroce, ont trouvé leur pitance dans la tendre chair de l'enfançon,  ou même quelque vagabond encore bien endenté et doté d'aptitude au cannibalisme, comme s'il eût entendu une voix qui lui eût dit : prenez et mangez ... La pauvre mère est prostrée, à peine a-t-elle pu balbutier aux enquêteurs que cet enfant était promis à une destinée prodigieuse, tout entière vouée au bien et même au salut du pays voire de l'espèce ! Croyance naïve, fantaisie extravagante, née d'un cerveau dérangé ou insufflée de l'extérieur ? Le Dr. Pigeon, dans le service duquel la malheureuse a été admise, nous a avoué qu'il reste les bras ballants devant un tel mystère.

samedi 24 décembre 2016

IN TRUMP WE TRUST J-4

Donald, plutôt que de se niquer les neurones à lire les mémos dont on l'accable, au vain motif de le former, préfère s'adonner entre deux tweets à la déco de son deuxième bureau à la Maison Blanche, annexe cosy du Bureau Ovale. Nous sommes heureux de révéler à nos lecteurs le tout dernier projet du président élu : ni livres, ni journaux, mais la seule et unique et invasive présence du seul papier qui ait jamais ému ses sens : le papier-monnaie ! Las d'avoir à brasser les grandes affaires du pays et de notre pauvre monde, Donald trouvera en ce lieu secret et sacré le temple où pratiquer sa religion, froissant avec bonheur dans ses grosses paluches les devises étalées, roulant son corps énorme dans leur amas frissonnant, et dans ses orbites ses mirettes écarquillées si leur venait un jour la béatifique vision de sa trogne ou sa tronche remplaçant, à même les saintes espèces, les faces augustes des Washington, Jefferson et autres Lincoln.




jeudi 22 décembre 2016

JJ ROUSSEAU ET AVATAR ?

"Bisons futé " :  Embrassons à bon escient

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En visite à Chambéry, François Hollande vient de rendre un hommage appuyé et convenu à J.J. Rousseau,  le grand homme du coin, sans daigner exprimer aucune empathie pour les
tourments du jeune Jean-Jacques : "J'étais comme si j'avais commis un inceste", initié de force aux joies de l'amour par la blonde Mme de Warens, très chaude, et que l'auteur des Confessions feint de croire frigide, qui l'avait pris sous son aile et sa coupe - "Petit fut mon nomMaman fut le sien" - dans le cadre quiet mais trouble ô combien de la maison des Charmettes.

Notre intéressant jeune homme aurait-il, si l'affaire eût été possible, épousé cette accorte personne, séparée de son mari ? Aurait-il, plus tard, passionné de la chose politique, présenté sa candidature à l'Élysée, s'il avait vécu en République ? Allez savoir, mais il était penseur, et bien ou mal pensant plutôt qu'acteur ou orateur. N'empêche qu'à certains égards, mutatis mutandis, ne pourrait-on s'amuser à voir aujourd'hui un curieux avatar de l'étrange Jean-Jacques dans ce presque encore jeune homme de 39 ans, joli mari d'une blonde très mature (63 ans), s'affichant complaisamment avec elle dans les magazines people, et qui monte, monte dans les sondages?





mardi 20 décembre 2016

MORE GOMORRHE

Le Minnesota's First Proustian Women's Congress, rassemblant à Duluth une lot de dames de la meilleure société, avait à peine commencé ses travaux, après la délicate allocution inaugurale de sa Présidente, Eva Thompson-Saint,  que soudainement apparues deux très jeunes filles ne trouvaient rien de mieux que d'en troubler le cours avec ce fougueux baiser gomorrhéen, genre Albertine et Andrée, suscitant illico dans les rangs des congressistes, par-delà leurs moues réprobatrices, une sidération aggravée. La Présidente suspendit la séance, les deux trublionnes furent expulsées sans ménagement, le Proustian Women's Congress put reprendre, mais le mal était fait et certaines mines songeuses, certaines ondulations de popotins, une attention rien moins que flottante, et presque déjà naufragée, aux communications qui se succédaient à la tribune, des corsages qui incidemment s'entrouvraient plus que de raison, des sourires suspects échangés d'une rangée à l'autre, autant d'éléments bien de nature à présager les plus graves désordres. 

dimanche 18 décembre 2016

1964/2016 JEAN-PAUL & BOB

Bibliothèque du Musée Nobel, photo sur la page Facebook de Livres Hebdo

En haut à gauche, on reconnaît ou on devine sur trois étagères, reliure brun clair, les oeuvres complètes, augmentées par la corydrane, du prolifique Jean-Paul SARTRE, qui refusa le prix Nobel de littérature (1964) et suggéra au jury de l'attribuer la prochaine fois au stalinien CHOLOKHOV, prix Lénine 1960, et ... prix Nobel 1965, merci Jean-Paul.
Texte de déclaration de refus du nobélisé français, l'idiot utile de la famille communiste : 
" C'est pourquoi, dans la situation actuelle, le prix Nobel se présente objectivement comme une distinction réservée aux écrivains de l'Ouest ou aux rebelles de l'Est. On n'a pas couronné, par exemple, Neruda, qui est un des plus grands poètes sud-américains. On n'a jamais parlé sérieusement de Louis Aragon, qui le mérite pourtant bien. Il est regrettable qu'on ait donné le prix à Pasternak avant de le donner à Cholokhov, et que la seule œuvre soviétique couronnée soit une œuvre éditée à l'étranger et interdite dans son pays."
... Et, avant-dernière étagère en bas, disposées à plat : les oeuvres complètes de Bob DYLAN, prix Nobel de littérature 2016.

samedi 17 décembre 2016

DVD

Pour son 80ème anniversaire, cet homme a reçu ce jour un DVD ! Hélas, largué par le progrès, en retard de 2.000 ans, il cherche désespérément le mode d'emploi de cet objet inconnu, tel jadis le président Chirac confronté à la souris d'un ordinateur. Sans doute espère-t-il qu'à force de scruter ce luisant disque de métal, un miracle pourrait advenir, et des mots tombés du ciel s'y inscrire, comme au mur du festin de Balthazar  Mane Thecel Phares ? Ou quelque autre formule, si possible plus favorable, comme, au hasard, Pater et Filius et Spiritus Sanctus, cette trilogie dût-elle ne renvoyer qu'au vide, au néant, au non-être, mais n'importe pourvu que le vieux bonhomme, halluciné, puisse croire dur comme fer à ce que lui révèle sa galette aluminée.

jeudi 15 décembre 2016

VITRINES MYSTÈRE AU QUAI BRANLY

Une très intéressante expo, encore qu'un peu hétéroclite, au Musée des Arts Premiers, Quai Branly, à Paris ! Mais on regrettera que certaines vitrines aient eu à se passer de toute légende. Ainsi, à gauche, cette collection d'objets énigmatiques, visiblement de la même famille, qui pourraient être autant d'ustensiles servant à se gratter le dos dans une tribu inuit aujourd'hui disparue, ou s'agissant des objets les plus petits, les testicules? Le bien connu Jean Malaurie, dans une confidence à un chercheur junior, aurait émis que les plus grands articles de la série, semblables à des manchons, étaient probablement des outils masturbatoires initiatiques à l'usage des adolescents, invités à faire leur choix dans la panoplie, en fonction du gabarit de leur organe. Quant à l'autre collection, d'origine inconnue, sans doute s'agit-il d'armes de chasse, ou de guerre, ou d'instruments de scarifications rituelles, ou pour quelques uns, en forme d'haltères de petit format, d'un équivalent de ces fameuses boules de geisha qui nous viennent de l'empire du Soleil Levant ?
(Pour l'identification officielle de ces objets voir Libellés, rubrique "Éros" : " Elle et eux" 25/12/15)

mardi 13 décembre 2016

KKKARNAVAL

     L'élection de Donald 
   donnait un coup de jeune 
    à ces costumes d'antan,            carnavalesques et festifs, 
      que l'on ressortait 
          joyeusement 
           des armoires.
          *******
Trump : un Président doré sur tronche

dimanche 11 décembre 2016

MODE PUDIQUE

Les temps changent, et le Créateur lui-même en convient qui  révisant ses vues originelles, hautement approuvées par une passante réjouie, enjoint son adamique créature de planquer vite fait son organe, quoique riquiqui, inversement proportionnel à sa massive musculature, dans ce slibard grisâtre dont il lui fait don. 
Alex Howitt sur Facebook

vendredi 9 décembre 2016

BASKETS

Photo Isabelle Bonat-Luciani sur Facebook
Les lectrices et lecteurs de l'illustre Recherche n'auront pas manqué de reconnaître, non pas à son visage, masqué par ses cheveux, ni à ses fesses, dont le bon Marcel malheureusement ne nous dit que couic,  mais à ses baskets la trop délurée Albertine : "Elle  avait souvent aux pieds de curieuses chaussures très souples,  légères, montantes, en mince toile bise ou brune, offrant des rangées d'oeillets où son bon plaisir était de me faire  enfiler les lacets, longs et rouges. Assise sur un tabouret elle  me tendait son pied, elle le secouait un peu en manière de commandement et moi, à genoux dans la poussière de la digue, de m'évertuer à ces minutieux travaux dont ses trémoussements aggravaient la difficulté, redoublée par les tremblements de mes mains, soit que j'eusse la crainte, presque la terreur, que lasse de mes retardements elle ne me congédiât, ou qu'elle ne me frappât sur la caboche avec un gros roman dont je suis sûr qu'elle n'avait pas lu une ligne, mais qui la quittait rarement because les jeunes snobs du Grand Hôtel en étaient, cette année-là, entichés, ne jurant que par le nom, monosyllabique, de son filandreux auteur qui dans son peu lisible opus, surtout pour le cerveau simplifié d'Albertine, ne pouvait produire une phrase qui ne se déployât en des cascades de relatives, de conjonctives, dans les rets desquelles étaient pris des objets parfois infimes qui y acquéraient des proportions monstrueuses. J'étais tout suant et  tremblant aux pieds d'Albertine, presque pour ainsi dire entre ses guiboles, mes doigts n'arrivaient même plus à glisser les lacets dans les oeillets, je n'osais pas lever la tête de peur, quand même la torturante jeune fille n'aurait pas eu le moindre mot de réprimande, d'être soudain frappé à quelques centimètres de mes yeux, dans l'axe exact de mon regard, par la vision sans échappatoire de cette ... de cette chose qui ... que ..., dont la révélation m'aurait tué, j'en étais sûr, et chaussée de ses "baskets" aux lacets traînant dans la poussière elle se lèverait, gracieusement m'enjamberait, sans un regard pour mes yeux vides, grand ouverts, qui ne voient plus, et la voilà qui court vêtue et légère gambade sur la digue en sifflotant, laissant après soi mon jeune cadavre dont c'est à peine si ma pauvre grand-mère accourue réussirait - mais à quoi bon ? - , à force de massage cardiaque et de bouche à bouche, à le ranimer.

mercredi 7 décembre 2016

HAÏKUS

                              Jeanne Calment
                            Dînait tous les soirs
                           D’une poire Doyenné

                                     ***********
                             
                          La cantatrice chauve
                               Couchait avec
                            Le cadavre exquis

                                   **************    
                                    
                             L'hermaphrodite
                            Dévotement récite
                               Le bénédicité 

                                    ***********   
                   
                  La mahométane se faisait plaisir
                        Avec son rabbit vibrant
                            Cadeau du rabbin

lundi 5 décembre 2016

GERMAOPRATINS

« UNE PROPAGANDE QUE DES CRIMINELS DICTAIENT À DES CRÉTINS » (1)

En septembre 1976, quarante ans avant la mort du camarade Castro, la Chine et le monde perdaient en la personne du camarade Mao le plus grand tueur de masse de l’histoire de l’humanité, médaille d’or du crime devant Joseph Staline, médaille d’argent, et Adolf Hitler, médaille de bronze. Le Grand Timonier fut pieusement adoré et adulé avec une admirable constance par la prestigieuse avant-garde de notre intelligentsia, dont notamment :
le comique-troupier Sollers,
l’onctueux chanoine Barthes,
la sémiologue, sémioticienne, sémillante Kristeva, 
l’aveugle universel Jean-Paul Sartre.
En 1971, cinq ans avant la mort du Grand Timonier, le sinologue belge Simon Leys publiait aux Éditions Champ Libre Les habits neufs du président Mao, démolition intégrale du mythe de la « Révolution culturelle », ou plutôt anti-culturelle.  Trois ans après ce grand livre, en 1974, le trio BSK - Barthes, Sollers, Kristeva - et quelques autres dévots partaient en voyage organisé dans la Chine rouge du camarade Mao encore en piste, et en revenaient tout contents, tout fiérots, un peu moins peut-être le camarade Barthes qui faute d’avoir eu permission de draguer le garde rouge, s’était un tantinet morfondu.
De Simon Leys on lira avec  profit la séquence Chine dans Le studio de l’inutilité (Champs essais, Flammarion, 9 €), et l’ensemble de ses Essais sur la Chine dans la collection Bouquins chez Robert Laffont.

(1) In S. Leys,  Le studio de l’inutilité p 43


samedi 3 décembre 2016

Un certain Marcel Proust, 51 ans, rentier, a été tué net devant son domicile parisien, 102 Boulevard Haussmann, par un éclat de Temps perdu qui l’a frappé à la tempe. « Il l’avait un peu cherché », nous confie la concierge.

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Monothéiste et polygame, et pourquoi pas l'inverse, pour changer?

jeudi 1 décembre 2016

TRUMP EYQUEM CASTRO

  Bush Jr, Trump, je broie du noir et des monosyllabes .

                           
 Michel Eyquem, seigneur de Montaigne, vient de s'enclore en sa tour périgourdine pour suivre sur son écran plat la finale mondiale du Master de Littérature à Manhattan, dont le gagnant ou la gagnante recevra le prix, d'une valeur de 10 millions de $, des mains du Président élu, au sommet de sa Trump Tower.

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L'urne contenant les cendres du Commandante, mal fermée par un imbécile qui sera fusillé demain, laissait sortir des nuages de poussière qui, envahissant le paysage, rougissait les yeux des millions de citoyens alignés en rang d'oignons tout le long du périple, et les faisait pleurer.