Géronimots XXI

dimanche 31 mai 2015

MODE HIVER 2015 : UNE CAPUCHE FEMME

Pierre Flourens & Michel Hyacinthe Deschamps
L'hiver prochain sera-t-il froid,  voire glacial, pour défier la 21ème Conférence Climat de décembre, à Paris? On pourrait le croire au vu de ce modèle de capuche femme, encore dans les cartons, mais promis à protéger des frimas la tête de nos élégantes des beaux quartiers. On notera la forme en conque, très enveloppante même si, rassurons-nous, cette conque devrait élastiquement s'évaser de sorte à laisser largement paraître le minois féminin. Surmontant la conque, on est frappé par l'ampleur de ces deux ailerons, ornementaux, bien sûr, mais qui sous l'action du vent pourraient se mettre à battre au risque, diront les alarmistes, d'emporter la femme dans les airs, d'où cette main, stylisée par l'artiste, comme pour maintenir au sol celle qui allait décoller, mais aussi, juste au surplomb de l'ouverture, cette tige médiane à vocation stabilisatrice, et assez lourde pour faire lest? Faisons confiance aux créateurs de mode, quel intérêt auraient-ils à inciter nos femmes à jouer les filles de l'air, à s'envoler jusqu'au septième ciel?

vendredi 29 mai 2015

ECCE HOMO ?

Leo Testut fecit
Enfin exhumé des caves du Vatican, ce dessin intitulé Ecce homo, et signé Leo Testut (pseudonyme de l'illustre Leonardo italien?), jette une lumière crue sur l'apparence physique du Nazaréen, déployé ici sur une croix virtuelle, mais anatomiquement assez éloigné d'une Incarnation de type homo sapiens ... En guise de mains nous avons des efflorescences, quant aux bras ils se dédoublent en des sortes de tiges présentant un renflement bulbaire, un peu analogue à un biceps? Le thorax, rudimentaire, figure assez bien une calebasse, comme pour receler une tête rétractable, et offre deux appendices latéraux qui pourraient être les organes de la vision. Le sexe fait défaut, ou s'est invaginé? Les jambes, longues et graciles, se concluent par des pieds en forme de sabots, ou de palmes. Faute de légendes correspondant aux  chiffres, les exégètes et les experts n'ont pas fini de se déchirer. Le pape va-t-il rédiger une encyclique, convoquer un concile? A moins que le Saint-Siège ne se hâte de replonger la déconcertante image christique en ses profondes caves, ou de la brûler sur un bûcher discret ou dans un poêle Godin.



mercredi 27 mai 2015

VUITTON JETABLE

A l'intention des super-riches, Vuitton met sur le marché le sac jetable à 10.000 dollars ! Une grande Soirée de Lancement est prévue à San Francisco, en présence du PDG de LVMH Bernard Arnault, 13ème fortune mondiale. Nos amis les super-riches seront invités à jeter  leur sac, étiqueté à leur nom, du haut du Golden Gate Bridge, pour qu'il fasse plouf dans les eaux de la Bay Area où les super-pauvres auront permission de plonger, depuis la rive, pour les repêcher. Une séance de selfies réunira les couples formés d'un heureux repêcheur et d'un généreux jeteur. Le contenu des sacs est laissé à la discrétion des propriétaires - cailloux, détritus divers, saloperies en tout genre. LVMH n'a pas précisé si le célèbre monogramme de la marque survivrait à l'immersion du sac. S'il devait s'effacer - comme on le murmure -, ne restera au  repêcheur qu'un sac poubelle dégriffé, les déchets qui en emplissaient la panse, et attestant son exploit le selfie qui sur la paroi de sa cahute montrera le super-pauvre tout sourire sans-dents, sauf celles résiduelles, collé à son super-riche toutes ratiches éblouissantes dehors.

lundi 25 mai 2015

JEUNE FILLE EN FLEUR

Photo Diane Arbus
Sans doute aura-t-on déjà reconnu le fameux Marcel Proust, engagé dans une encoignure qui devrait lui permettre, espère-t-il ingénument,  de s'employer à la possession de cette jeune fille en fleur, selon le cliché dont il se délecte, laquelle apparemment ne demande que ça, écartant les jambes à l'envi pour favoriser l'amoureuse entreprise du lubrique assaillant. Encore devons-nous observer que ce courageux amant a tout l'air d'être l'objet, entre les jambes de sa partenaire, d'un assez inquiétant processus d'amenuisement dont nous pouvons présager, s'il n'est pas enrayé au plus tôt - mais n'est-ce pas déjà trop tard? - le plus cuisant fiasco, encore heureux si dans les minutes qui viennent le pauvre Marcel, toujours rétrécissant, ne se voie pas voué à se résorber dans ces jupons qui si généreusement s'ouvraient pour lui, comme pour une mouche une fleur carnivore. 

samedi 23 mai 2015

GLOBE(S)

Jan Vermeer + Man Ray = Philippe Mouchès


A peine ce savant austère eut-il posé la main sur son globe céleste, que cet objet se trouva changé en celui que nous voyons, plongeant ipso facto notre homme dans la confusion de ses désirs, partagé qu'il est entre la libido sciendi et la libido amandi ... : va-t-il, peut-être d'une simple amorce de rotation, tenter de retrouver le globe de la connaissance du ciel? Va-t-il rester obnubilé par cet autre globe, d'une  égale splendeur ? A moins qu'il ne trouve moyen de passer sans cesse de l'un à l'autre, d'un simple glissement de la main, sans réussir à se fixer sur aucun de ces deux objets, au risque d'en avoir le tournis et de finir par tomber par terre, et il ne bouge plus, et le globe céleste est redevenu stable tandis que l'autre globe a disparu sous les jupes chastement rabattues de celle qui, lestement descendue de la table, enjambe le corps inanimé de l'homme dont les yeux continuent de rouler, comme des astres, dans leurs orbites.





























"La philologie mène au pire"
( Ionesco La Leçon)
et l'astronomie ... au meilleur !

jeudi 21 mai 2015

LA FENTE (1)

Aux yeux de quelques rêveurs et autres visionnaires, cette mystérieuse fente, cette étrange faille, tout récemment révélée sur le site du National Geographic, pourrait figurer quelque chose comme, à les en croire, l'origine du monde! Quant à savoir par quelle ruse, ou au prix de quelle effraction, le monde, comme ils disent, aurait bien pu sortir de là ... Probablement tout chiffonné, tout replié sur soi, pour se mettre aussitôt à l'oeuvre de son déploiement, avec le fracas et les tracas qu'on imagine, laissant derrière soi la trace, le vestige de son surgissement ... Et bientôt, sans doute, innombrables seront les curieux qui vont cheminer vers le site, et faire des pieds et des mains pour tenter de l'approcher au plus près, quitte à  tomber dedans et de ces imprudents il ne sera plus jamais nouvelle.

mardi 19 mai 2015

"DUO SUNT", L'ENCYCLIQUE QUI TUE D'UN SIMPLE CLIC?

Nous avons pu nous procurer les bonnes feuilles de la prochaine encyclique papale : Duo sunt - Ils sont deux - où de l'avis de la faction des prélats les plus tradis, le "fantasque" voire "foutraque" François, sape les bases de l'Église en prônant et même en prononçant l'éviction pure et simple de la troisième personne de la Trinité : le Saint Esprit. Quelle mouche aurait donc piqué le 265ème successeur de Pierre pour rejeter ainsi dans les ténèbres extérieures la blanche colombe qui sur ce document, classique depuis les conciles de Nicée, envoie ses rayons lumineux jumeaux sur ses collègues trinitaires, le vénérable Père et le juvénile Fils? L'avant-propos de Duo Sunt n'aura pas hésité, en tout cas, à présenter comme urgentissime ce "choc de simplification" (sic), décrétant "oiseuse" et "surnuméraire" cette troisième Personne, non sans ironiser sur "l'éclectisme" de ses représentations : souffle, colombe, langue de feu, "what else?" (re-sic). Certains monsignori vont murmurant que ce pape "François", lui même sans numéro, mais qui à coup sûr en est un, s'il a "viré" le Saint Esprit, c'est pour  préparer la place, dans une autre sulfureuse encyclique, à la Sainte Vierge ainsi promue au rang de Troisième Personne, ceci au nom de la "mixité" et du "vivre ensemble" et autres "foutaises" modernistes. De là, ajoutent-ils, affolés, et voyant dans cette dérive future un effet paradoxal mais fatal du mariage pour tous, de là à proclamer  urbi et orbi que le Père et la Mère se seraient unis pour engendrer le Fils ...

dimanche 17 mai 2015

ALBERTIN

                                        Un scoop dans la galaxie proustienne !


La fameuse et vicieuse Albertine Simonet, qui aura fait tant de mal au narrateur de la célèbre Recherche, avait un frère jumeau : Albertin! Un jeune doctorant de l'université de Pont-à-Mousson vient de débusquer ce double au sein d'une liasse manuscrite retrouvée sous un plancher du 102 boulevard Haussmann, dans l'appartement même où le grand monument littéraire du XXème siècle s'élabora sous la plume fiévreuse du maestro. Kevin Marvel, le brillant chercheur mussipontain, s'apprête à présenter sa découverte au prochain congrès du Proust International Council, qui se tiendra en septembre 2015 à Chicago. De belles empoignades sont à prévoir entre, notamment, les sourcilleux affidés du Cercle des Vieux Proustiens  (CVP), dont le pouvoir reste considérable, et la Jeune Garde Proust (JGP), follement excitée par l'émergence d'un Albertin! Nous ne manquerons pas d'informer nos lecteurs des rebondissements de cette affaire. 

vendredi 15 mai 2015

MONA S'EN VA

C'est à regret, sans doute, que le Louvre vient de se résoudre à se séparer de la fameuse Mona Lisa, suite à une demande instante du gouvernement japonais, de plus en plus agacé par les diverses modalités d'addiction de ses ressortissants à la (trop?) célèbre toile de Leonard. La mesure fut à son comble quand il fallut s'aviser que les rituelles photos des pommiers en fleurs et du Fuji Yama tendaient à devenir moins nombreuses que celles du sourire obsédant, et peut-être ironique, ou simplement un peu niais, de la nommée ou supposée Lisa del Giocondo. Au-delà de ce prurit patriotique nippon, nous croyons savoir qu'une croissante partie du personnel du Louvre commençait à faire des réactions de rejet de l'immortel chef-d'oeuvre. L'agrément était sur le point d'être donné en haut lieu à un jeu de fléchettes dont la souriante dame aurait fait les frais. Pulvérisant le record du monde, un émir du Golfe aurait déboursé quelque 500 millions d'euros pour mettre la main sur le chef-d'oeuvre qui, enfermé dans un souterrain, à cent mètres sous les sables, sera enfin neutralisé.

mercredi 13 mai 2015

COCCINELLA


Quel est donc ce rocher escarpé, vertical, au sommet et sur le flanc duquel vaquent ou s'activent la myriade de ces mignonnes bêtes à Bon Dieu, sinon peut-être, justement, l'antre ou le bunker où serait basé Celui-là même dont elles sont censées procéder et dont elles sont les gardiennes, les sentinelles, évoluant comme autant de vigies minuscules sur les parois de la suprême demeure, et quelquefois, à la faveur d'une faille opportune, s'y immisçant pour aller à l'aventure dans le réseau des veines étoilant la compacité du bloc, et lentement leur pourpre procession sinue dans le ténébreux dédale, aux galeries infimes et infinies, dont leur incessante locomotion meuble le vide.

lundi 11 mai 2015

METROPOLITAN STORY

Philippe Mouchès (ventscontraires.net 13/12/13)
Cette femen allait au rendez-vous prévu pour quelque intervention haute en couleurs quand, tournant la tête, elle vient d'aviser ce jeune bourge, adhérent de l'UMP, venu de Neuilly, Auteuil, Passy pour applaudir un meeting du chef de son parti, et qui pour l'heure ne parvient pas à détacher son regard de la plantureuse activiste laquelle, de son côté, a tout l'air de si bien kiffer le jeune sarkozyste qu'il ne faudra pas s'étonner s'ils descendent tous deux à la prochaine : et peut-être verrons-nous notre jeune bourgeois courir dans les couloirs après la femen athlétique, tantôt se rapprochant, presque à la toucher, à plonger sur ses jupons soulevés plus haut que ses cuisses, tantôt perdant du terrain, et tant pis si oublieux, lui du meeting électrique de Sarko, elle de la provoc agitant quelque parvis, tant pis s'il s'avère que leur destin est de  courir, lui après elle, dans ces interminables couloirs du métropolitain dont on dirait qu'ils n'ont de cesse de se ramifier devant eux.

samedi 9 mai 2015

JIM

Jim Morrison n'était pas, on le sait, à une outrance ou un scandale près, au grand dam de ses acolytes des Doors. Sur ce document enfin révélé au public, nous voyons le fantasque Jim littéralement s'offrir à la foule en liesse de ses fans en plongeant, non pas, chose banale, depuis la scène, mais du haut du balcon! Et qui mieux est à peu près nu, tout juste ceint d'un vague torchon dont bien évidemment il va, à peine atterri  dans les bras énamourés de ses groupies du beau sexe, se faire dépouiller illico, et tandis que son corps sera entre leurs mains l'objet des plus fiévreuses caresses, ce linge blanc qui lui faisait parure ne sera bientôt plus, entre les mains avides des jeunes gens, que bribes et lambeaux voués à donner lieu à un culte appelé à se répandre, surtout si ces petits bouts d'étoffe venaient à multiplier autant et plus que les épines ou les clous de la vraie croix tels qu'évoqués par Jean Calvin dans son  sarcastique Traité des reliques

jeudi 7 mai 2015

LE RAT ET LES LIVRES

Vu sur le journal d'Éric Poindron
Tel l'âne scolastique de Buridan,  également assoiffé et affamé, placé à égale distance d'un seau d'eau et d'un picotin d'avoine, et inapte, dès lors, à opter, ce sympathique rat venu se poser entre deux piles de livres, saura-t-il jamais quel livre, en quelle pile, il va commencer à ronger? D'autant qu'à sa droite ce pourrait être un Musso (Guillaume), à sa gauche un Lévy (Marc), et d'un côté un d'Ormesson (Jean), de l'autre un Sollers (Philippe), vit-on jamais plus cruel dilemme? Pauvre rat qui risque, du coup, de se figer, et à défaut de rongerie d'entrer dans une songerie où pourrait en venir à s'effriter, sous son crâne effilé, son amour jusqu'alors inentamé des livres.

mardi 5 mai 2015

UN STAYER

La recherche du temps perdu, déjà évoquée dans nos colonnes, bat son plein sur cet anneau de vitesse, plus fabuleux que celui du LHC du CERN près de Genève. Nous ne saurions dire au juste combien de tours ce stayer, pédalant ferme derrière une motocyclette impavide, a déjà effectués, suffisamment en tout cas pour avoir d'ores et déjà obtenu, s'il avait pris le départ jeune homme, de soustraire quelque quinze ou vingt unités au chiffre de ses ans. Reste maintenant, et c'est peut-être le plus difficile, à gérer la fin de la course sans accroc, c'est-à-dire en évitant de passer, comme un fauve dans un cerceau tendu de papier, littéralement au travers du Temps, sous peine de tomber  dans une sorte d'antimonde où ne subsisterait, de notre petit coureur, que son vélo minuscule dégringolant et tournoyant dans une nuit noire, sans astres, sans étoiles, comme si, peut-être, le petit vélo en eût capté et assimilé tous les éclats, les concentrant jusqu'à léser, à force d'éblouissement, tout oeil qui viendrait à viser cet objet, s'il y avait un oeil pour voir ce monde vide, n'était l'incandescent petit vélo qui tombe et tournoie dans le noir.

dimanche 3 mai 2015

ÉLETTROCHOC / ÉLITTÉRATURE



ÉLETTROCHOC Très forte commotion occasionnée par un livre à son lecteur.

ÉLITTÉRATURE Celle qui n'est pas "grand public".

La grosse mama, pour s'être trop souvent manuellisée aux pages supposées salaces des San-Antonio et autres S.A.S., sans parler des diverses Nuances de Grey, récusant soudain ces ouvrages vulgaires, aspirait à se tourner vers l'élittérature ! Et voici que dans une librairie intello, ses doigts boudinés s'étant posés au hasard sur l'autobiographie de  Thérèse d'Avila, elle  tomba sur le fameux récit où la sainte évoque, avec force détails, sa jouissive transverbération par le dard du séraphin coquin! A deux doigts de porter derechef une main addictive à sa vulve déjà trempée, la pauvre femme, courroucée de cette tromperie sur la marchandise, se ravisa, rejeta rageusement le livre, et se jura de passer désormais tout son temps devant des séries US à la téloche.

vendredi 1 mai 2015

MOSQUITO - extrait de "Goyave au goût de l'inouï"

MOSQUITO Moustique monté de travers
 Empaqueté dans mon lit défoncé, aux draps dégueus et moites, je matais d’un œil haineux ces gros mosquitos s’ingéniant à leurs trajectoires absurdes, zigzagantes, qui vouaient à l’échec mes tentatives réitérées pour les écrabouiller à l’aide d’un vieux numéro de l'Obs gisant sur la table de nuit où que des couples en lune de miel avaient entrelacé leurs initiales à la pointe d’un canif. Je lus sur la une du magazine, en caractères gros comme mes mosquitos :  
                       DSK : être ou ne pas être un pig
           Les bonnes feuilles du roman de Marcellina Iacul 
J’essayai de me branler sur cette histoire où j’entravais que dalle. J’arrivais même pas à bander avec les considérations zoophiliques de Iacul sur le cas de ce DSK dont je ne savais que couic. J’aurais préféré trouver dans le tiroir la bible des Gédéons, comme à New-York, j’avais eu des érections formidables avec cette histoire après le feu à Sodome, quand les filles de Loth font boire leur vieux et  lui montrent leurs chattes pour qu’il les engrosse fissa. Je lâchais Iacul et son DSK, Y-à-qu’à et son DSQ, que je me disais, ça m'arrachait même pas un sourire. Je bandais toujours pas. J’éteignis le lustre, la lune moche éclairait la chambre, les mosquitos vrombissaient.
            Louis-Ferdinand Céline Goyave au goût de l’inouï