A l’ombre des jeunes flics en fleurs

   Marcel, jeune bourgeois en villégiature avec sa grand-mère sur la côte normande, croise sur la digue surplombant la mer, tout près du palace où il réside, trois fonctionnaires de police faisant leur ronde et formant un trio, non pas renfrogné, mais plutôt charmant, malgré le pistolet à la ceinture et la matraque qui se balance sur la hanche. Ce que voyant, il revient sur ses pas et curieux de leur démarche, leur déhanchement, il se demande si ce ne seraient pas plutôt trois … fliquettes ? Ou alors, considérant les nouvelles tendances au sein de la société postmoderne, trois jeunes personnes en transition, embauchées dans la police nationale en vertu d’une politique de quotas ? De retour dans sa chambre, en proie à d’obsédantes élucubrations, il cherche à s’en délivrer en les couchant sur son carnet, avec pour résultat que, de ce jour, il ne cesse plus de noircir des pages et des pages où succèdent aux portraits des trois agent.e.s les aventures, souvent salaces, qu’il leur prête, sans compter les variants des prénoms dont il les affuble, l’un.e passant d'André à Andrée, l’autre de Gilberte à Gilbert, le ou la troisième d’Albertine à Albertin, tandis que pour sa part notre Marcel, sourd à sa gémissante grand-mère qui le supplie d’aller prendre l’air, a commencé de ne plus être au clair sur son identité de genre, et d’osciller sans fin, entre délices et tourments, de l’ajout d’un "e" à son prénom d’origine à son retranchement.