Géronimots XXI

lundi 31 août 2015

ANGOTHÉRAPIE


(J'avais écrit écrit ce petit texte, mis en lignes en 2015, après la parution en 2012 d'Une semaine de vacances, d'une dame Angot, attelée à la difficile succession de la diva Duras, tout comme à celle du mage Hugo le triomphal et farcesque Houellebecq : un tandem très contemporain qui aux yeux de celles et ceux qui ont des aptitudes à jouir dans la position du soumissionnaire, honore la France.
Revoici donc Angothérapie, au lendemain, dans un tout autre genre, de la prestation télévisuelle surjouée de la même Angot, le 23 mars,  "invitée surprise" et procureure farouche, sans beaucoup de danger, du candidat de la droite à l'aise dans ses costumes et empêtré dans ses affaires.)
Récemment publié sous le chef fourre-tout de "roman", Une semaine de vacances, de Christine Angot, narre par le menu l'inceste père-fille dont elle et/ou son double de papier fut ou furent victimes. Goûtant ou non les salaces détails ("Il est assis sur la lunette en bois blanc des toilettes (...) Il sort de son papier une tranche de jambon blanc qu'ils ont achetée à la supérette du village, et la place sur son sexe" - le sien, du papa, "il bande"), on prêtera ou non l'oreille au bruit qui courut bientôt le tout Saint-Germain-des-Prés : la prolifique auteure allait se vouer à la confection d'un grand récit : Huit jours à la campagne, pour remonter au prix d'une éprouvante anamnèse à son inceste originel et fondateur, dont celui avec le père n'était qu'un pâle succédané : l'inceste avec le grand-père ! Les séquences les plus fortes devraient avoir pour site la petite porcherie de la ferme familiale, le cochon opinant du groin aux ébats menés avec brio à même sa litière – d'où le néologisme de Litièrature, envisagé par l'auteure, pour dire la force de rupture de sa féminine écriture. Mais ce n'est pas tout : des confidences d'après-boire, soutirées à l'audacieuse écrivaine, suggèrent que viendront d'autres horribles travailleurs, et plus précisément : un petit-fils Angot qui vers 2040, accédant à la puberté, aura à s'escrimer sur une aïeule si possible en partance pour un prix Nobel saluant le don réitéré et transgénérationnel de son corps de femme à sa famille biologique et, par-delà, à la grande famille du Livre.

mardi 25 août 2015

L'OEUF


Lointaine anticipation (?) des Oiseaux d’Alfred Hitchcock, nous voyons ici une jeune fille, possiblement vierge, recevoir la visite inopinée d’un personnage dont les traits et les aspects humains ne sauraient faire oublier cette belle paire d’ailes, dûment ancrées dans son dos, attestant ses facultés aéronautiques et suggérant un atterrissage tout récent. Et rien ne dit que le volatile ambigu, pointant  une patte griffue vers la demoiselle visiblement apeurée, ne l’a pas déjà invitée à quelque embarquement immédiat, la jetant et l’assujettissant sur son dos, entre les deux puisantes ailes, et l'emportant dans la nue, comme Zeus changé en aigle enleva Ganymède, jusqu’à quelque repaire incroyablement haut perché où la soumettre à ses désirs, moins peut-être à des fins récréatives que reproductives ? Tant et si bien que d’entre les cuisses de sa partenaire pourrait bientôt tomber quelque gros œuf, dégringolant des formidables hauteurs, et grossissant toujours, pour atterrir enfin sur le sol dur  d’une plaine immense où il éclate aussitôt, tel sera le choc, libérant, comme une capsule spatiale venue d’ailleurs, l’étrange attelage d’un homme jeune, quasi nu, et d’une longue poutre double qu’il porte sur son dos, à peine sonné ou commotionné puisqu’il s’est déjà mis en route, ployé sous le poids de son lourd fardeau, vers certaine lointaine colline pour, s’il y atteint jamais, en gravir si lentement la pente, comme un tapis roulant dans le sens opposé à sa marche, que nous en venons à craindre que le sommet ne reste vierge de l’empreinte de son pied nu et de la marque de la pièce de bois dont il sera l’éternel convoyeur.

lundi 17 août 2015

MA FEMME EST JALOUSE sur ventscontraires.net 14 août

Ma femme est jalouse

Ma femme est jalouse, mortellement jalouse, non seulement de toutes ces femmes dont mon donjuanisme effréné a déjà fait la conquête, comme en témoignent mes tiroirs débordant de leurs lettres d'amour, mais aussi, et cette jalousie prospective l'obsède tout autant, de celles, peut-être encore plus nombreuses, que ma séduction extraordinaire et mon ascendant inouï vont fatalement aimanter dans les mois, les années, les décennies à venir. J'ai beau lui dire que je n'aime qu'elle, que je ne pense qu'à elle, mon passé ne plaide pas en ma faveur, où c'est à bon droit qu'elle pourrait lire l'augure d'un futur aggravé, car s'agissant du présent, si ça peut la rassurer, c'est le calme plat, je ne possède ni même ne désire aucune, absolument aucune de ces femmes qu'il m'est donné de croiser tous les jours dans la rue ou de côtoyer au bureau, et pour être tout à fait franc, ma propre épouse, dont je viens d'évoquer la jalousie morbide, je ne l'ai pas touchée depuis, depuis je ne sais quand, je la vois comme une ombre, c'est comme si je ne la voyais pas, et d'ailleurs je ne suis pas tout à fait convaincu de sa réalité, il m'arrive même à certains moments de me demander si je ne suis pas, tout bonnement, solitaire, célibataire, quant à ces lettres que j'évoquais tout à l'heure, qui faisaient de ma chambre une amoureuse caverne d'Ali-Baba, où sont-elles? je ne les vois plus, j'ai beau passer la main dans mon tiroir qui serait vide si n'y subsistaient, tout au fond, quelques vieilles photos découpées dans des magazines spécialisés, et qui ne me font plus rien quand mon désoeuvrement les exhume.

mardi 11 août 2015

JAMAIS JE NE DÉMISS


La démission-surprise de Benoît XVI a fait couler beaucoup d’encre. Nous sommes heureux de pouvoir livrer à nos lecteurs quelques échantillons de ses tweets, envoyés depuis son compte personnel @pontifex, et … censurés illico sur ordre secret de plusieurs prélats de la Curie :
 J’en ai trop marre de mon job depuis que j’ai appris que Dieu est mort et que le pauvre Jésus n’a peut-être même pas existé. 
 Ras la mitre des gays du Vatican, surtout quand ils susurrent que j’en suis !
 Ça ne va pas fort sur terre, alors je vous annonce que le prochain conclave ne se fera pas en latin mais en desesperanto
  La Fille aînée de l’Église a un Président qui prône le mariage homo mais vit en concubinage avec une femme, c’est quoi ce bordel ? LOL
   J’ai embauché la Cicciolina pour tweeter avec elle à quatre mains et avoir davantage de followers que cette dingue de lady Gaga.
 Je suis Benoît, seizième du nom, et pas Louis, ils n’auront pas ma tête.
 On veut m’empêcher de tweeter, plutôt crever, j’aime trop ça.
       Et le tout dernier tweet de Benoît  … :
   Jamais je ne démiss

lundi 3 août 2015

rentreelitterairedautomne.fr

Tandis qu'homo estivalis ordinarius se gave de polars, si possible bien glauques, sur sa serviette de plage, au risque de la voir se poisser d'un sang lourd que toute l'eau de la mer ne saurait effacer, nos aoûtiens libraires avalent à grandes lampées professionnelles les quelque 600 romans incessamment apportés sur nos riants rivages par la déferlante vague qui  a nom rentrée littéraire d'automne ! Voici, hélas, comme ce cliché en témoigne, qu'ici ou là dans les coulisses des librairies une mystérieuse pathologie, comme le mildiou pour les légumes, le phylloxéra pour la vigne, la myxomatose pour les lapins, a déjà commencé de s'en prendre à l'amas de ces romans de la Rentrée qui, tassés sur cette symptomatique étagère elle-même en voie d'affaissement, deviennent spongieux, voire spongiformes, comme les vaches en proie à l'encéphalite, sans que rien, semble-t-il, ne puisse endiguer le mal. Il n'est même pas sûr qu'à soulever, d'une prudente main, les écroulements qui s'observent au pied de la triste étagère, nous n'ayons pas à faire la découverte macabre du libraire en personne, englué dans les productions, et si bien dévoré, à force d'enfouissement dans les romans automnaux, par l'invincible épidémie qu'à l'examen histologique nous verrions ses propres tissus suppléés, désormais, par la verdâtre moisissure livresque.