Géronimots XXI

lundi 3 août 2015

rentreelitterairedautomne.fr

Tandis qu'homo estivalis ordinarius se gave de polars, si possible bien glauques, sur sa serviette de plage, au risque de la voir se poisser d'un sang lourd que toute l'eau de la mer ne saurait effacer, nos aoûtiens libraires avalent à grandes lampées professionnelles les quelque 600 romans incessamment apportés sur nos riants rivages par la déferlante vague qui  a nom rentrée littéraire d'automne ! Voici, hélas, comme ce cliché en témoigne, qu'ici ou là dans les coulisses des librairies une mystérieuse pathologie, comme le mildiou pour les légumes, le phylloxéra pour la vigne, la myxomatose pour les lapins, a déjà commencé de s'en prendre à l'amas de ces romans de la Rentrée qui, tassés sur cette symptomatique étagère elle-même en voie d'affaissement, deviennent spongieux, voire spongiformes, comme les vaches en proie à l'encéphalite, sans que rien, semble-t-il, ne puisse endiguer le mal. Il n'est même pas sûr qu'à soulever, d'une prudente main, les écroulements qui s'observent au pied de la triste étagère, nous n'ayons pas à faire la découverte macabre du libraire en personne, englué dans les productions, et si bien dévoré, à force d'enfouissement dans les romans automnaux, par l'invincible épidémie qu'à l'examen histologique nous verrions ses propres tissus suppléés, désormais, par la verdâtre moisissure livresque.