Nous avons le plaisir de porter à la connaissance de nos lecteurs le Certificat ci-joint, rédigé dans la langue dite "de Molière", et attestant avec tout le sérieux administratif requis le bienheureux état virginal d'une sainte personne répondant au prénom de Marie, qui aurait obtenu, Dieu sait comment, de doubler cet état de celui de ... mère! Mais ce n'est pas tout, s'il est vrai que le support physique dudit Certificat, jauni par les temps et dentelé sur les bords, ce ne serait pas un quelconque vélin, papyrus, ou autre parchemin, comme un examen superficiel pourrait le laisser croire, mais ... la membrane même de la virginité! Ô combien précieux objet que cette dame, sentant sa fin prochaine, aura donc généreusement confié à qui de droit pour qu'un jour, délicatement déplié par une main experte, il pût recevoir, tracés d'une plume miraculeusement légère, les mots qui certifient ce qu'il en est de celle qui avait en lui son trésor inaltérable.
vendredi 30 octobre 2015
LE CERTIFICAT
Nous avons le plaisir de porter à la connaissance de nos lecteurs le Certificat ci-joint, rédigé dans la langue dite "de Molière", et attestant avec tout le sérieux administratif requis le bienheureux état virginal d'une sainte personne répondant au prénom de Marie, qui aurait obtenu, Dieu sait comment, de doubler cet état de celui de ... mère! Mais ce n'est pas tout, s'il est vrai que le support physique dudit Certificat, jauni par les temps et dentelé sur les bords, ce ne serait pas un quelconque vélin, papyrus, ou autre parchemin, comme un examen superficiel pourrait le laisser croire, mais ... la membrane même de la virginité! Ô combien précieux objet que cette dame, sentant sa fin prochaine, aura donc généreusement confié à qui de droit pour qu'un jour, délicatement déplié par une main experte, il pût recevoir, tracés d'une plume miraculeusement légère, les mots qui certifient ce qu'il en est de celle qui avait en lui son trésor inaltérable.
Libellés :
Beata Maria Virgo
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
mardi 27 octobre 2015
LE TEMPLE
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Photo journal Facebook Alain Rothstein |
Ce dévot aura poussé le zèle jusqu'à faire de sa personne même le temple de la divinité ! Ses yeux immensément agrandis témoignent de l'effort qui dut être sien, mais sa joie doit être extrême à sentir que sur son chef le fameux insigne et symbole vient délicatement de se poser, et tant pis s'il s'ensuivait un léger chatouillis, d'abord imperceptible, puis de plus en plus obsédant, au point d'être cause, à notre dévot personnage, pétrifié et sanctifié, d'une sorte de tremblement intérieur qui pourrait s'exprimer par une lézarde, courant sur sa pieuse façade et s'allongeant, s'élargissant jusqu'à tant qu'horrifiés, nous signant à ce spectacle, nous ayons à voir l'édifice se fendre et s'écrouler à grand fracas, changé en un monceau de moellons dont nous pourrions avoir la divine surprise de voir lentement s'extirper, comme en une difficile naissance, un homme presque nu, les hanches à peine couvertes d'un pagne, qui hâve, échevelé, tremblant et tout en sueur a sur son dos l'emblème même qui, avant sa destruction, surmontait la sainte bâtisse, et voici que grimpant la pente instable de cet amas pyramidal, dont il s'est extrait, elle s'étire devant lui et c'est, déjà, une colline caillouteuse, promise à s'agrandir en une véritable montagne de pierres et de gravats que le pauvre bougre n'aura pas fini de gravir, tombant, se relevant sur ses tremblantes guiboles, noyé de sueur, zébré d'écorchures, et grimpant toujours, toujours grimpant tel un Sisyphe dont le gigantesque bloc serait la montagne foulée par ses pieds nus, et le faix l'emblème cruciforme qui, naguère léger, ne cesse de s'alourdir sur son dos.
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JC
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
dimanche 25 octobre 2015
LAKE POETS
Quelle limo, on se le demande, serait assez longue pour, de pare-chocs à pare-chocs, occuper sur cette aire un espace correspondant à la banderole graphique qui orgueilleusement déploie le toponyme d'un lake dont la surface, hélas, pourrait s'avérer inversement proportionnelle à son nom, lequel aurait reçu mission de compenser, par son gigantisme, le minimalisme d'une pièce d'eau pompeusement baptisée "lac" quand ce n'est tout au plus qu'une minuscule mare, grande comme un mouchoir de poche, voire une simple flaque et un moment après l'orage elle aura séché au soleil, dénuée dès lors de toute réalité aquatique, telle aujourd'hui la malheureuse mer d'Aral, mais riche, fabuleusement riche de la séquence des quarante cinq lettres d'un nom qui est la véritable attraction locale, car nul doute que le dimanche c'est un flux de touristes qui allant au lake n'auront pas jugé bon de se pourvoir d'un costume de bain, si tant est que cet attribut soit utile, ni d'une épuisette pour tenter de happer le nom immense et, l'énonçant à haute et intelligible voix, en déployer les anneaux serpentiformes pour, l'ayant enfin mémorisé, le ramener à la maison et jusque dans leur lit, avant de s'endormir, littéralement s'enrouler dans cette immatérielle écharpe qui n'en finira pas d'onduler, langoureuse, au plus secret des rêves de ces poètes du lac.
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Lake Poets
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
vendredi 23 octobre 2015
ROMA TERMINI
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Vatican
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
mercredi 21 octobre 2015
FERRARI
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En peinture Simone ! Alain Créhange , Fage éditions |
Ce conducteur n’est peut-être pas trop content d'avoir reçu en partage une simple dedeuche, même si ce papier que, l'air de rien, lui tend le monsieur, depuis sa guitoune, pourrait avoir de quoi lui
remonter le moral ? Surtout si c’était un bon d’échange de l'humble dedeuche contre une luxueuse BM, voire une aristocratique Jaguar, voire une
rouge Ferrari ? Auquel cas, poussant à fond le foudroyant moteur, tout au bout de la route
toute droite nous pourrions voir notre homme soudain s’arracher du bitume, et tout simplement
décoller ? Et déjà, tout
réjoui, notre audacieux pilote perfore les gros nuages gris qui à son fulgurant passage, comme par contagion, se colorent en rouge, et il grimpe
toujours dans le ciel qui toujours davantage rougeoie tandis que la Ferrari se
déteinte jusqu’à devenir de plus en plus terne, ternasse et même, comme usée
par ses efforts de complète recoloration du paysage céleste, pourrait tout bonnement finir par disparaître comme si elle s'était corps et biens abolie, désormais introuvable quand bien même le majestueux monsieur, qui
officiait dans la guitoune, ayant pris son bâton de pèlerin aurait entrepris
d’aller à sa recherche en arpentant, inlassable, les rouges édredons des
énormes nuages, cherchant des indices d’autant plus insituables que, du pilote et du bolide abolis, ne subsiste, émané de nulle part ou de partout, que le
vrombissement caractéristique sonorisant les célestes espaces
illimités aux ondoyants reliefs, rouges, que le grand vieillard appuyé sur sa canne semble voué à
parcourir sans fin.
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Alain Créhange
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
lundi 19 octobre 2015
LE RUGBALL
Les bleus à l’âme n’étaient
que trop perceptibles, le week-end dernier, chez les supporters d’un XV de
France anéanti par les All Blacks, tandis que nombre d’amants du foot peinent à se remettre des vilenies de la FIFA, impliquant éventuellement leur cher "Platoche", sans parler, pour les fans les
plus vertueux de l'illustre PSG, de le savoir, comme la Coupe du Monde 2022, 100% qatarisé … D’où l’idée, déjà en germe depuis
quelque temps chez plus d’un cerveau footballistique ou rugbystique désenchanté,
de créer dans notre pays un sport collectif inconnu, promis à représenter
l’heureuse synthèse des deux entités que ces novateurs voudraient voir
défuntes : le rugball ! Et s’il est vrai, comme nous l'assure le Saint Livre, qu'au commencement il y a le Verbe, la suite physique, matérielle et concrète –
règles, sponsors etc. - devrait bientôt arriver et se dérouler comme la verte pelouse sous les crampons des futures équipes - à 26 (15+11) joueurs ? – poussant du pied et lançant de la tête et des mains un ballon
qui - c'est le hic, de l'avis des putatifs rugballeurs - aura à s'affranchir de la sphéricité comme de l’ovalité, figurant un objet tridimensionnel aussi introuvable peut-être que, dans le Ciel vide, un bon Dieu qui apparemment ne joue plus.
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"Rugball"
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
samedi 17 octobre 2015
JEREMY COMPTON-CALL
Peut-être aura-t-on déjà reconnu, sur cette photo volée, le fameux écrivain misanthrope du Minnesota : soi-même Jeremy Compton-Call ! Nous le découvrons ici dans ses oeuvres, consistant à s'imbiber dès son réveil, généralement vers midi, et ce jusqu'à une heure avancée de la nuit. Jeremy a beau tenir assez bien l'alcool (tous les alcools, y compris, si la cave est vide, celui pharmaceutique à 90°), on peut comprendre que l'écriture d'un roman lui prenne une bonne douzaine d'années. A la différence d'un Jim Harrison, le romancier du Montana, Jeremy Compton-Call ne chasse pas, ne pêche pas, ne s'intéresse pas à la nature : il boit. Boire l'empêche pratiquement d'écrire, mais il ne saurait écrire s'il ne boit pas. Alcoholic, qu'il considère comme son roman majeur, narre sur quelque cinq cents pages ses déboires de buveur. Il ne cache pas que sa plus grande ambition serait de faire mieux, alcooliquement parlant, qu'Hemingway, Faulkner, et J.Scott Fitzgerald - autre natif du Minnesota - réunis, et c'est sur un tonitruant "Je les écraserai!" qu'il concluait une interview au Minnesota Tribune, en débouchant une nouvelle bouteille de gin, ou de rhum, ou de vodka, ou de pastis, ou de vin, rien de ce qui est alcool ne lui étant étranger.
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Écrivains
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
jeudi 15 octobre 2015
OUVERTURE PROGRESSIVE DES ORIFICES
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Alicia Martin |
Enfouis dans l'énorme masse opaque de la Rentrée Littéraire d'Automne, ce sont souvent les livres les plus forts qui deviennent l'objet de la cécité générale. Ainsi le dernier né de Katarina von M : Ouverture progressive des orifices. On ne résume pas un tel ouvrage, son ambition est prodigieuse, qu'il nous suffise d'avertir le lecteur putatif que dès les premières pages, un gouffre s'ouvrira sous ses pieds, un vertige affolera son être, et s'il n'a pas le réflexe salvateur - s'il n'est pas déjà trop tard - non seulement de refermer le volume mais, ainsi le jeune Nathanael, enjoint par le narrateur des Nourritures terrestres, de le jeter par la fenêtre, il est perdu, tout comme le passant qui va ramasser le livre tentateur, gisant sur le trottoir, et tout en marchant il le feuillette, il est happé, il ne voit plus rien de la réalité matérielle, qu'une plaque d'égout vienne d'être ôtée, et il tombe, il tombe avec à la main l'Ouverture progressive des orifices, il tombe comme tombent les marins dans le maelström d'Edgar Poe , et peut-être lui non plus ne le verra-t-on jamais remonter.
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
mardi 13 octobre 2015
HAÏKULTURE
Le miroir
Réfléchit
Le vide
La jolie fille
Ciseau de ses jambes
Clic clac
Le tamanoir
A lancé sa langue
Trop tard
Réfléchit
Le vide
La jolie fille
Ciseau de ses jambes
Clic clac
Le tamanoir
A lancé sa langue
Trop tard
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Haïkulture
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
dimanche 11 octobre 2015
L'APPARITION
Cet homme en robe brune, au chef fort dégarni, surmonté d'un cerceau en sustentation, vient de voir lui apparaître à portée de main la représentation géométrisée du - quoi d'autre?... - sexe d'une femme, dûment frangé du riche appareil des poils prévus par la nature, et voici que dans l'ovale de cette vulve s'est encadrée une curieuse figure mythologique, déployée sur un support de bois et tout emplumée au-desous de la taille ... Bien évidemment le bonhomme scrute avec intérêt ce dispositif, avant que de, peut-être, s'il l'ose, lancer le bras pour agripper cette hybride créature aux fins de l'extraire, tel un obstétricien dans la phase cruciale d'une parturition, sans avoir du tout l'assurance, et nous non plus, que le sujet va consentir à se laisser arracher à cette niche écologique qu'il pouvait considérer, après tout, comme son éternel séjour? Auquel cas nous pouvons parier que repliant son support, ou se débrouillant pour se mettre sur un axe oblique, il va en toute hâte regagner les matricielles profondeurs de sa demeure, et notre homme en robe bure se retrouver Grosjean comme devant, et d'autant plus que le beau vestibule vulvaire, s'il y voyait l'objet de ses éventuelles investigations, vient, à peine apparu, de s'escamoter dans les plis de la nue turquoise.
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
vendredi 9 octobre 2015
MANHATTAN A/R
Cette jeune femme laissait complaisamment l'air chaud, pulsé par une grille du métro de Manhattan, soulever sa robe blanche quand, inexplicable accident, les spectateurs jusqu'alors rigolards, émoustillés par les cuisses de la dame, la virent, ahuris, soudain soulevée tout entière et en un rien de temps elle grimpait dans le ciel, saluée par leurs mouchoirs et chahutée par les courants atmosphériques, et la voici qui au terme d'une croisière aérienne erratique aura atterri et même piqué du nez fort loin du lieu de son envol, voire à quelques milliers de kilomètres qu'elle aura apparemment mis à profit pour très sensiblement agrandir ses dimensions, sans réussir pour autant, dans ce cadre désolé désormais sien, à susciter l'intérêt des locaux si nous en jugeons par ce spécimen passant sous son chapeau placide ... Tout au plus pouvons-nous souhaiter à l'étrangère la venue inopinée de quelque garçonnet qui, tombé en arrêt derrière la mousseuse robe blanche éternellement en l'air, n'aura de cesse de déguster le spectacle, comme de la chantilly, assis dans l'axe idéal sur quelque grosse pierre comme si, en proie à sa fascination, lui-même allait se pétrifiant jusqu'à figurer l'autre élément d'un duo statuaire qui pourrait prendre place, un jour, dans un musée de Manhattan?
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Marilyn
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
mercredi 7 octobre 2015
L'USINE
L'un de nos correspondants vient de nous transmettre une information des plus préoccupantes, concernant un site industriel dont on nous pardonnera de ne pas livrer les coordonnées ... La disposition et configuration actuelle des énormes tuyauteries que nous révèle ce document exclusif, serait la résultante d'un très lent processus de déplacement, longtemps passé inaperçu, mais au point où en sont les choses peut-on encore se voiler pudiquement la face? Ne faudrait-il pas, tout au contraire, anticiper le moment où les deux énormes structures métalliques entrant en contact étroit, pour ne pas dire intime, de si puissantes vibrations pourraient s'ensuivre, et qui iront toujours s'amplifiant, et se communiquant à l'ensemble de l'immense édifice industriel, que c'est toute l'usine, la fabrique, la manufacture (de quoi? nous avouerons que nous l'ignorons) qui irrésistiblement devrait se mettre à trembler, toujours plus fort, dans un vacarme de plus en plus terrible et, c'était fatal, c'est le formidable appareil des poutrelles, tuyaux et autres tubulures qui en proie à ce séisme interne, n'y tenant plus, va devoir éclater puis s'écrouler pour donner lieu à une monstrueuse pyramide de débris métalliques, comme une chape enveloppant, sans réussir à celer tout à fait ses bruits et ses frémissements, l'éternelle action en cours dans la secrète chambre pharaonique.
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lundi 5 octobre 2015
ORANGE
![]() |
Photo proposée par Fabrice Lefaix sur FB |
Ce couple de touristes vient tout juste de signer un juteux contrat
publicitaire avec l’entité entrepreneuriale flatteusement désigné dans les
médias comme l’opérateur historique. Il n'y aurait donc rien d'étonnant qu' au prochain cliché, au prochain lacet, la fameuse couleur
orange, emblématique dudit opérateur, ait déjà entrepris de se propager au-delà du bob de l'homme
et du bandeau ornemental de la caravane, jusqu’à progressivement envahir et recouvrir toute la surface de l’élément tracté, toute la carrosserie, actuellement noire
et blanche, du modeste véhicule automobile, tous les vêtements de l’homme au bob, et
ceux de sa charmante fiancée, et le plaid sur quoi ils sont tendrement assis, et jusqu’à l’herbe de la prairie, au goudron de la
route, au paysage en son entier, jusqu’au ciel immémorialement bleu qui ira,
lui aussi, s’orangeant, en sorte qu’au sein de cette monochromie nous verrons tous les éléments en venir à perdre, à force de s’y fondre, toute
individualité, et sauf à faire
le 15 sur son portable pour que les secours accourent aux fins de l’extraire, de tenter de
l’extraire, notre petit couple se sera si bien dissous dans la soupe primitive
orange que c’est comme s’ils, elle et lui, lui et elle, n’avaient jamais été.
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .
samedi 3 octobre 2015
BEATA MARIA VIRGO
![]() |
Photo Il bar di Donna sur Facebook |
Il n'est pas exclu que nous ayons ici une image du retour de, soi-même, la Sainte Vierge, la Bonne Mère, la Madone, qui pour avoir été moultes fois chicanée quant à la sauvegarde et préservation de son merveilleux hymen, non seulement ante partum mais in partu et post partum, comme obligeamment nous en informe notre sainte mère l'Église, aurait souhaité s'offrir à une vérification gynécologique dans les règles de l'art, et dans la belle lumière bleutée et mariale de ce vitrail. Et si la pudique position de sa jambe droite vient présentement dérober l'objet, non pas du délit, ni du désir, mais de l'exploit, ce ne saurait être que dans l'attente des examinateurs agréés et missionnés auxquels la jambe gauche très haut levée a tout l'air de faire signe, non sans quelque impatience, sans doute, car si ces savants messieurs, assistés de deux ou trois matrones, mettaient trop de délai à leur déplacement sur site, sait-son jamais si la Bonne Mère ne nous fera pas le coup, abaissant cette jambe levée, et s'écartant largement, comme il sied dans ces cas-là, de bientôt propulser, 2000 ans après son premier, un nouveau nouveau-né? Et pourquoi pas un autre, et puis un autre, et puis un autre, et encore un autre, et ça continue, comme, dit le poète, "la Bérécynthienne ... joyeuse d'avoir enfanté tant de dieux"? Quant à ces messieurs du Vatican, flanqués de leurs docteurs ès monothéisme, ils n'auront qu'à se dépatouiller avec la championne vers les seins gonflés de laquelle nous verrons bientôt ramper, garçons et filles, et piaillant et se chamaillant quelque peu, une bonne douzaine de bambini.
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Beata Maria Virgo,
Théologie
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jeudi 1 octobre 2015
J'ARRÊTE LE PROGRÈS !
J'ARRÊTE LE PROGRÈS !
Oui, moi, personnellement, ça se passait hier 30 octobre sur ventscontraires.net, le site collaboratif du Théâtre du Rond-Point.
http://www.ventscontraires.net/article.cfm/15433_j_arrete_le_progres_.html
Oui, moi, personnellement, ça se passait hier 30 octobre sur ventscontraires.net, le site collaboratif du Théâtre du Rond-Point.
http://www.ventscontraires.net/article.cfm/15433_j_arrete_le_progres_.html
J’arrête le progrès !
J’ai
décidé d’arrêter le Progrès ! A moi tout seul, c’est urgent, c’est une
question de salubrité publique. Ils sont tant qui en parlent sans avoir jamais
rien fait, eh bien moi, si ! L’idéal ce serait sans doute, m’avançant
fièrement, lui barrant la route, de lui annoncer que, Progrès, au nom de la Loi
je t’arrête ! Et si tu n’obtempères pas je … Sauf qu’à procéder ainsi, je
risque de le voir continuer tout droit, buté comme il est, sans ralentir, sans
dévier d’un chouia, et je vais me faire renverser mais alors, grave … Encore
heureux si je ne me retrouve pas aplati à même le macadam par ce rouleau
compresseur sans état d’âme, mais aplati comme on n’a pas idée, jusqu’à ne plus
représenter qu’une sorte de, comment dire, film ? De film si parfaitement
appliqué à la chaussée qu’il lui est, que je lui suis consubstantiel, et comme
si de rien n’était, loin de s’être interrompu le trafic continue de plus belle,
quand je dis de plus belle c’est que, m’est avis, ça roule mieux que jamais,
tous les véhicules, à deux ou quatre roues ou davantage, sensiblement plus
véloces grâce à moi, à mon revêtement, à mon film, lequel s’est propagé tout du
long et jamais la circulation n’aura été aussi aisée, aussi fluide, sans parler
des bruits de roulement qui sont, si je tends l’oreille, si j’en avais encore
une pour la tendre, merveilleusement amortis. Et cela s’appelle, et je n’y suis
pas pour rien, moi qui d’apparence ne suis plus grand chose, cela s’appelle le
Progrès !
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Progrès
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