Géronimots XXI

dimanche 5 janvier 2020

CREDO IN UNUM


















Le torchon brûle dans le ménage à trois de la Sainte Trinité !

De notre correspondant à Rome
 La rumeur court, dans les couloirs Vatican, que la bonne entente des trois personnes divines serait en péril, par suite de la mauvaise humeur de la troisième, le Saint-Esprit, qui n'aurait de cesse de battre frénétiquement des ailes et de claquer du bec juste au surplomb du Père et du Fils, très irrités par ce manège. Tout juste, paraît-il, si le Fils, retenu in extremis par le bras musculeux du Père, n’aurait pas fait mine de happer le cou de l’oiseau Saint-Esprit dans le trop évident dessein de l’étrangler ! Ajout tardif à la dyade divine, ce Saint-Esprit en aurait gardé, nous dit-on, un méchant complexe, aggravé lors de la fameuse querelle dite du Filioque — tous nos lecteurs l’ont en mémoire — qui fut à l’origine du grand schisme d’Orient. Même mis sur  un pied d’égalité avec les deux autres par l’Église de Rome, même reconnu comme l’opérateur qui permit à Marie de devenir mère sans que fût mise à mal sa bienheureuse virginité, ce ne serait pas la première fois que le drôle d’oiseau Saint-Esprit chercherait à semer là-haut la zizanie. Jamais il n’aurait réellement admis de figurer, sur les images pieuses, sous l’aspect d’un volatile de mince envergure, qui plane vaguement entre les deux autres siégeant avantageux sur leurs trônes respectifs.  Il n’est pas impossible qu’il trouve une oreille compréhensive du côté des animalistes, toujours prompts à prendre le parti de nos amis à poils, à nageoires ou à plumes. Le Vatican en serait presque à redouter l'apparition d'une nouvelle religion, non plus trinitaire mais strictement monothéiste, refoulant dans le néant les deux premières personnes du Credo canonique, au bénéfice de la troisième, devenue l’unique : Credo in Sanctum Spiritum, représentée sous les traits d’un oiseau gigantesque au vol majestueux.