Géronimots XXI

mercredi 11 janvier 2017

LE TAS C'EST MOI

A l'occasion de la prochaine ouverture trop longtemps attendue de la GGACC, la Grande Galerie de l'Art Conceptuel Contemporain, on pourra enfin voir  à Paris cette oeuvre passionnante du trop méconnu Delphin Pluchet. Ce ne serait, même talentueuse, qu'une illustration de plus de ces innombrables Tas de toutes sortes et tous matériaux, théorisés, exaltés et sublimés dans les espaces muséaux qui leur ouvrent hardiment leurs portes. Il en va autrement chez le génial Pluchet pour avoir osé, coup de force admirable — d'aucuns diront, pusillanimes, coup de folie —, introduire au sein de son tas un bâton invitant le visiteur à le touiller ! Ainsi, chez Pluchet, l'art devient  100% plastique, l'oeuvre est interactive : le regardeur est acteur, il prolonge, poursuit, approfondit le geste de l'artiste, il le transforme à sa guise et, ce faisant, le génie créateur infuse en lui, il s'incorpore l'oeuvre à quoi le relie le bâton qu'il remue, jusqu'à intimement éprouver et s'énoncer à lui même que : le Tas c'est Moi. Bouleversante expérience, non dénuée de danger si l'assimilation mystique instillait dans l'âme de l'expérimentateur le sentiment qu'il accède ainsi en sa plénitude au statut de déchet, avec droit voire devoir de se jeter dans la première benne s'offrant à lui ? Mais après tout, qu'importe, car viendront d'autres horribles travailleurs.

NB : Pluchet, à ce qu'on dit, aurait personnellement sélectionné ces superbes détritus puisés dans la Mer Tyrrhénienne, avant de les agencer avec amour pour généreusement les offrir à notre contemplation.