FORNICA  

« Un soir, Albertine me supplia de la prendre illico sur la table de la cuisine en fornica. Déjà elle s’était désapée, sourde à mes protestations elle m’attirait entre ses jambes, je n’étais pas encore entré dans mon amie que notre vieille Françoise entrait dans la cuisine, désormais si myope que c’est à peine si la pénombre régnante devait lui permettre de s’aviser de nos travaux, même de notre présence. Le dos tourné elle se mit à remuer ses casseroles, couvrant ou accompagnant les cris aigus d’Albertine que j’essayais désespérément d’amortir de ma main plaquée sur sa bouche, au risque d’étouffer ma partenaire qui après force gigotements serait soudain toute molle sur le plateau de fornica, tandis que Françoise ferait claquer l’un contre l’autre deux de ses couvercles, retentissantes cymbales comme pour saluer ce dénouement, et je me rajusterais fissa en emportant sur mon dos l’inerte Albertine, comme un Romain une pudique Sabine terrassée par l’horreur de son enlèvement.»