Encore une lectrice de Marcel Proust pour s'imaginer qu'à plonger la tête la première dans une tasse de thé, elle pénètrera les arcanes de l'oeuvre du maestro! Quand à l'inverse ce pourrait bien être ce bon Marcello soi-même qui, avisant la posture intéressante de cette aimable ingénue, surgissant par derrière à pas de loup, en profite ni vu ni connu pour ... Sauf que déjà suffoqué, à cause de ses bronches fragiles, par les effluves des graminées, et bientôt achevé par, insurmontable épreuve, l'odor di femina, nous verrons le téméraire assaillant flageoler puis s'écrouler et même basculer dans la tasse où peut-être, maintenant, au risque de sa vie la demoiselle cherche à le repêcher, mais en vain, surtout si par l'effet d'un fatal prodige le pauvret, comme un morceau de sucre, s'y est dissous, ne laissant pour souvenir de sa personne abolie que les cercles concentriques qui indéfiniment ne cessent de se reformer à la surface du liquide orangé.
jeudi 19 mars 2015
THÉ
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Marcello
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .