Géronimots XXI

mardi 23 juillet 2019

GRETA / LISBETH



Entre ces deux Asperger, ou supposées telles, toutes deux venues du froid, et menues l'une et l'autre, la réelle et mythique Greta Thunberg et la fictive et géniale Lisbeth Salander - l'héroïne du regretté Stieg Larsson -, mon cœur ne balance pas : c'est Lisbeth que j'aime.

dimanche 21 juillet 2019

PROUST PRÉCURSEUR DE FACE-APP


   Vers la fin du « Temps retrouvé », longtemps absent de Paris le narrateur se rend à une « matinée » chez la princesse de Guermantes, où il a le choc de soudainement découvrir les effets opérés par le Temps sur le visage des invités, et de comprendre qu’il est lui-même devenu vieux … C’est la célèbre séquence du « bal de têtes », selon l’expression de Proust. Nul doute que les  rusés concepteurs de FaceApp, l’appli russe qui vous ride, creuse et flétrit la bobine en un clin d’œil, sont des proustiens invétérés.

jeudi 18 juillet 2019

LES CONQUÉRANTES

  
      (avec l'aimable collaboration de José Maria de Heredia)



 Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
 Fatiguées de porter les mecs et les nénettes,
 Bizarres instruments à long col de métal,   
 En travers des trottoirs gisaient les trottinettes.

dimanche 14 juillet 2019


L’ORACLE HOUELLEBECQ ET L’AFFAIRE VINCENT LAMBERT

    Michel Houellebecq, l’écrivain national, dans sa tribune du Monde daté du 12 juillet, voit dans la mort de Vincent Lambert un crime d’État, pas moins : « Ainsi l’État français a réussi à faire ce à quoi s’acharnait, depuis des années, la plus grande partie de sa famille : tuer Vincent Lambert. » Autrement dit, le combattant suprême et grand timonier de la littérature française s’aligne exactement sur les parents de Vincent Lambert, couple de catholiques intégristes, d’ailleurs en phase avec le Vatican selon lequel cet arrêt des soins est « une défaite pour notre humanité » ; à l’inverse, l’envoi au bûcher, par les Inquisiteurs de la sainte Église de Rome, des « hérétiques » de tout poil ou des sataniques « sorcières » était une victoire pour notre humanité.
    Houellebecq, de sa position suréminente et surplombante, est à même de nous délivrer un savoir absolu sur le vécu de la victime de « l’État français » : « Il n’était en proie à aucune souffrance du tout. » ; et puis, deux lignes plus bas : « Il vivait dans un état mental particulier, dont le plus honnête serait de dire qu’on ne connaît à peu près rien. » Un peu contradictoire avec ce qui précède ? Tant pis. Juste après : « Il n’était pas en état de communiquer avec son entourage, ou très peu (ce qui n’a rien de franchement original ; cela se produit, pour chacun d’entre nous, à peu près toutes les nuits). » Cette analogie, établie par le grand penseur, entre dix ans d’état végétatif et notre sommeil quotidien, laisse … rêveur. Et comme le romancier génial est doué de connaissances médicales et pharmacologiques sans pareilles, il est en mesure d’affirmer que, grâce à la morphine : « La souffrance n’est plus un problème, c’est ce qu’il faut répéter sans cesse aux 95% de personnes qui se déclarent favorables à l’euthanasie. » Vers la fin de « La carte et le territoire » (2010, prix Goncourt, respect), le père du personnage principal Jed Martin, atteint d’un cancer incurable va demander son euthanasie en Suisse. Que fait le fils, informé après coup ? Il va … tabasser et quasiment massacrer à coups de pieds et de poings  une malheureuse employée de la bien réelle association Dignitas qui a commis le crime de répondre favorablement au souhait, motivé, de son père. Cette salutaire intervention du courageux Jed aura été précédée de toute une série d’affabulations houellebecquiennes sur les horreurs des protocoles de ces euthanasies ; un procès s’ensuivra, mais Houellebecq, héros français, récemment décoré de la légion d’honneur des mains mêmes de Macron, sera relaxé au nom des droits de la fiction à dire tout et n’importe quoi.
    Les 95% de Français qui en effet sont favorables à l’euthanasie sont évidemment des idiots ; celles et ceux qui, refusant la perspective de leur déchéance, vont volontairement mourir en Belgique ou en Suisse, devraient plutôt faire soumission au discours du suprême savant Houellebecq. Mais notre grand homme national, vertueux défenseur de la vie ou la survie à tout prix, n’a pas trop à s’inquiéter : la lâcheté des Présidents successifs, craintifs devant l’Église catholique (2% de nos concitoyens vont à la messe tous les dimanches), le conservatisme dominant dans le corps médical, donnent encore de beaux jours au tabou français de l’euthanasie. La nouvelle loi de « bioéthique » se focalisera sur la PMA, sujet plus glamour, et notre pays devrait en rester aux tartufferies sédatives de la loi Leonetti. En attendant, comme antidote à l’oracle national, on peut lire « Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie », de la Belge Corinne Van Oost, ou « Le Tout dernier été » de la romancière Anne Bert, qui atteinte de la terrible maladie de Charcot avait choisi à 59 ans, en octobre 2017, d’aller mourir en Belgique.

mardi 9 juillet 2019

ABOUT "GODOT"

"En attendant Godot" décortiqué ce matin sur France Culture dans Les Chemins de la philosophie, l'animatrice et son invité ayant simplement oublié que la pièce ne se soutient que de ce nom génial : "Godot", lequel ne saurait être que la francisation burlesque du "God" anglais, dans cette pièce écrite en français par un natif anglophone. "Dieu" est mort, depuis toujours, non sans avoir longtemps été le signifiant majeur de l'Occident. Le Nom bouge encore dans la pièce de Beckett, assez pour polariser l'attente de Didi et Gogo. Et dans l'Arbre, oublié lui aussi, "arbuste" ou "arbrisseau" (les protagonistes d'une action absente se chamaillent à ce propos), tombe sur la scène, rabougri, celui primordial qui aura été cause (la faute à la Femme, bien sûr) de la Chute, que l'arbre de la Croix rédime, pour les tenants de la fable chrétienne. Ces Chemins de la philosophie n'auront pas su croiser ceux de la théologie, dommage pour l'intelligence de la pièce.