Nous avons reçu cette lettre, que nous avons
jugé bon de communiquer à nos lecteurs :
Françaises, Français,
Éloigné des affaires depuis près d’un
demi-siècle, à la suite de certain BAL TRAGIQUE à Colomb-Béchar … à … colombier
… à Coulommiers à … j’ai oublié le nom du patelin -, c’est à peine, dans ces conditions, si la
rumeur a pu enfin m’atteindre de ce drame qui aurait frappé et même, paraît-il, endeuillé la France. Quoiqu'il en soit, je tiens à vous dire que sans
hésitation, sans façons, sans flafla, sans tralala, sans tambour ni trompette ou plutôt si : avec
tambour, avec trompette : JE
SUIS CHARLI pardon : LO ... LO ... CHARLOT, et je veux que cela se sache. Même, du haut des hauteurs où je réside, je souhaiterais que l’écho de ce JE SUIS
CHARLOT répercuté, amplifié, gonflé par des batteries de haut-parleurs, revînt vers moi afin que désormais je sois environné, enveloppé, comme de ses bandelettes la momie d’un pharaon, bercé,
comme un enfançon par l'air que lui chante sa nourrice, par ce beau, ce grand, ce généreux
JE SUIS CHARLOT ... OH ... OH, c'est l'écho, qui me sera le mol oreiller sonore où reposer ma pauvre vieille tête. En espérant, Françaises, Français, que dans le sursaut qu’avec ce
drame vous me causâtes, mon képi, mon cher képi n'aura pas chu … Auquel cas, vous n’aurez qu’à lui courir après pour le réceptionner à l’atterrissage
et vous en faire une relique, à moins qu’à la faveur de son interminable chute
il ne se mette à s’agrandir, s’agrandir, s'agrandir au point de menacer, vous tombant sur
le chef, de vous coiffer tous, tous ensemble, d’un seul coup, et enclos en cette boîte ronde vous n’aurez pas fini de l’entendre bourdonner mon JE SUIS CHARLOT JE SUIS CHARLOT JE SUIS CH
…