Tels les Houyhnhnms de Jonathan Swift, intelligents et vertueux chevaux qui règnent sur les répugnants Yahoos à face humaine, celui-ci considère, à travers sa fenêtre, le ciel, les nuages, le paysage, et tout en bas les petits hommes affairés à leurs occupations sordides, soit qu'ils s'entretuent à qui mieux mieux, ou qu'ils adorent quelque Dieu de leur confection, ou qu'ils se reproduisent jusqu'à pulluler, ou qu'ils détruisent les sols, creusant de grands trous dont les parois s'effondrent et c'est en vain qu'ils voudraient s'extraire de ces tombeaux qui sur eux se referment et que, plus tard, négligemment le beau cheval piétinera, avant de s'éloigner au petit trot, laissant sur la tombe des petits hommes, en guise d'inscription funéraire, le dessin configuré par la marque de ses sabots équins.
mardi 30 juin 2015
UN HOUYHNHNM
Libellés :
Swift
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .