Avec toute la légèreté de leur âge, ces jeunes gens ont cru bon d'applaudir bruyamment l'homme que voici, sans du tout pressentir que s'il ouvre ainsi les bras, s'il lève ainsi la tête, c'est que vient de lui apparaître, comme la Madone à Bernadette Soubirous, rien moins que la RÉPUBLIQUE ! Bouleversante expérience, mystique et fondatrice, dont nous voudrions croire que le tapage des jouvenceaux n'aura pas suffi à troubler la ferveur. Quant à ces deux fauteuils au premier plan, tournant eux aussi le dos au public, notre illuminé aura peut-être le bonheur de s'y asseoir en compagnie de soi-même ... Marianne, descendue exprès pour lui de l'empyrée. Espérons seulement qu'il ne va pas en profiter pour imiter Arthur Rimbaud qui nous confie : "J'ai assis la Beauté sur mes genoux", sauf que loin de trouver celle-ci "amère", comme le jeune poète déjà blasé, le goujat aura bientôt glissé la main sous sa jupe, avant de la trousser, de la violer, comme un soudard une soubrette, sous les vivats des groupies épatés du toupet de leur petit lider maximo.
jeudi 4 juin 2015
L'APPARITION
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Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .