Tout fiérot d'arriver en tête au sommet, et d'arborer le maillot à pois de meilleur grimpeur, ce champion, nouveau Federico Bahamontes ou nouveau Charly Gaul, nouvel Aigle de Tolède ou Ange de la Montagne, ne semble nullement conscient que dans un ou deux dixièmes de seconde il va basculer dans la fatale faille malignement offerte à sa roue, et après lui tout le peloton, autant de pauvres gens promis à dévaler puis se coincer dans cette étroite fente où ils n'ont pas fini de se démener pour tenter de s'extraire, en vain, sans doute en vain, sous les flashes des photographes, voyeurs cyniques d'une agonie vélocipédique qui va mettre un terme à un Tour dont le tracé avait vicieusement prévu une descente impossible?
dimanche 14 juin 2015
LE TOUR
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .