Traînant tous les coeurs après soi, ou ceux, du moins, d'un bon paquet de soupirants, cette dame blonde et de bleu vêtue les mène vers quelque locus amoenus, riante clairière ou murmurante rive où, c'est promis, elle fera son choix. L'élu sera-t-il ce grand monsieur, bien fait de sa personne, qui crut bon de se porter à l'avant du peloton, un peu trop hardiment, peut-être, tant nous sommes d'avis que chacun de ses rivaux aura, lui aussi, des atouts à faire valoir. Celui-ci sourit de toutes ses dents blanches, tel autre a le doigt levé comme pour scander les vers d'une troublante aubade de sa confection. Et celui-là, donc, au crâne d'oeuf dégarni, doté d'un embonpoint certain, et porteur de grosses lunettes, mais qui a résolument lancé le bras afin de cueillir quelques fleurs dont faire l'offrande agreste à la dame en bleu dont nous voulons croire qu'à l'encontre de certaine Colombine, suivie de Léandre le sot, et de Pierrot, et de Cassandre, et d'Arlequin, et de quelques autres naïfs, elle ne sera pas cette belle enfant méchante qui, nous dit le poète, preste et relevant ses jupes conduit, sinon la marche du monde, au moins son troupeau de dupes.
mercredi 10 juin 2015
FÊTES GALANTES
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Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .