Ces dames croyaient se rendre à l'une de ces sex-toys parties qui font florès des deux côtés de l'Atlantique, quand elles eurent la surprise de se retrouver dans une soirée Tupperware, comme à la grande époque de ces célèbres récipients qui pour la plus grande joie des ménagères de moins et plus de 50 ans, ont renouvelé de fond en comble l'art de la conservation, et boosté celui de la conversation entre femmes. Loin d'avoir à s'initier à la vibrante mais, peut-être, stressante prise en main des Ducks, Rabbits et autres bestioles high tech, nous les découvrons tout aussi heureuses, sinon davantage, de pouvoir se pencher sur le riche assortiment des bols, boîtes et bocaux de toute forme, tout format, toute contenance, composant la galaxie Tupperware. Nous voudrions seulement être assurés que, de retour au bercail, le cabas plein à ras bord de leurs achats plastifiés, elles ne vont pas, ne fût-ce que quelques unes d'entre elles, désespérément chercher dans le fatras ménager de ces articles lequel pourrait s'avérer assez allongé, ovoïde, oblong, ou pourvu d'un prolongement ou d'un bec pour, le soustrayant à la trivialité de sa fonction utilitaire, vaillamment tenter de l'engager dans une mission à certains égards plus haute, plus noble, plus spirituelle, comme on dit que font quelquefois les nonnes, au secret de leur cellule, avec les cierges.
mercredi 22 avril 2015
SOIRÉE TUPPERWARE
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .