Ce monsieur escompte qu'au fur et à mesure de son approche, vélocipédique et démiurgique, de ces bâtiments bordant la rade, leur prosaïque architecture va pouvoir remonter le temps, et lorsqu'il mettra pied à terre devant les façades elles seront, pourquoi pas, contemporaines de son habit ! Il ne lui restera, pour immortaliser la scène, qu'à ôter son chapeau d'un geste magistral (espérons qu'il aura été assez prompt pour le suppléer par une perruque), désignant derrière lui, de cette coiffe théâtralement brandie, ce qu'il faut bien appeler son oeuvre, comparable peut-être à une ligne de palazzi de la Sérénissime, quitte à se retrouver soudain ... statufié devant leurs fronts majestueux, et sur le socle, contre lequel le vélo va commencer de rouiller, on lira son nom en lettres d'or, dûment latinisé : Dupons ou Durandus ou Martinus, simplement suivi de la mention : fecit.
samedi 11 avril 2015
*** FECIT
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Vélo
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .