L'un de nos correspondants vient de nous transmettre une information des plus préoccupantes, concernant un site industriel dont on nous pardonnera de ne pas livrer les coordonnées ... La disposition et configuration actuelle des énormes tuyauteries que nous révèle ce document exclusif, serait la résultante d'un très lent processus de déplacement, longtemps passé inaperçu, mais au point où en sont les choses peut-on encore se voiler pudiquement la face? Ne faudrait-il pas, tout au contraire, anticiper le moment où les deux énormes structures métalliques entrant en contact étroit, pour ne pas dire intime, de si puissantes vibrations pourraient s'ensuivre, et qui iront toujours s'amplifiant, et se communiquant à l'ensemble de l'immense édifice industriel, que c'est toute l'usine, la fabrique, la manufacture (de quoi? nous avouerons que nous l'ignorons) qui irrésistiblement devrait se mettre à trembler, toujours plus fort, dans un vacarme de plus en plus terrible et, c'était fatal, c'est le formidable appareil des poutrelles, tuyaux et autres tubulures qui en proie à ce séisme interne, n'y tenant plus, va devoir éclater puis s'écrouler pour donner lieu à une monstrueuse pyramide de débris métalliques, comme une chape enveloppant, sans réussir à celer tout à fait ses bruits et ses frémissements, l'éternelle action en cours dans la secrète chambre pharaonique.
mercredi 7 octobre 2015
L'USINE
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .