Est-il admissible qu'un gardien, que - pire ! - une gardienne en poste au prestigieux Musée du Louvre, prenne ses aises et s'abandonne à l'instar de celle que voici, surprise en cette pose pendant les heures de service? Et que je te fume une clope, entre deux gorgées d'un ballon de blanc, et que je te croise très haut les jambes, avant de cyniquement les ouvrir, comme pour rivaliser avec certain tableau du Musée d'Orsay, de l'autre côté de la Seine, histoire de montrer qu'au Louvre aussi on a les idées larges ? Pas au point, tout de même, de tolérer pareilles infractions, au vu de notre deuxième document qui nous suggère que la trop désinvolte gardienne vient de perdre son job ... Et naguère lascive et licencieuse, désormais licenciée, elle poireaute esseulée près du Musée qui l'évinça, dans la prosaïque attente du 39 ou du 95, les mains vides, sans même un carton pour ses effets, et sans qu'aucun Parisien compassionnel, aucun touriste empathique lui adresse ne fût-ce qu'un regard, un sourire en réponse à celui, calculé, qui flottait sur ses lèvres, ou plutôt à cet air narquois où elle se complaisait, et qu'elle n'a pu garder.
samedi 21 novembre 2015
LA GARDIENNE
Est-il admissible qu'un gardien, que - pire ! - une gardienne en poste au prestigieux Musée du Louvre, prenne ses aises et s'abandonne à l'instar de celle que voici, surprise en cette pose pendant les heures de service? Et que je te fume une clope, entre deux gorgées d'un ballon de blanc, et que je te croise très haut les jambes, avant de cyniquement les ouvrir, comme pour rivaliser avec certain tableau du Musée d'Orsay, de l'autre côté de la Seine, histoire de montrer qu'au Louvre aussi on a les idées larges ? Pas au point, tout de même, de tolérer pareilles infractions, au vu de notre deuxième document qui nous suggère que la trop désinvolte gardienne vient de perdre son job ... Et naguère lascive et licencieuse, désormais licenciée, elle poireaute esseulée près du Musée qui l'évinça, dans la prosaïque attente du 39 ou du 95, les mains vides, sans même un carton pour ses effets, et sans qu'aucun Parisien compassionnel, aucun touriste empathique lui adresse ne fût-ce qu'un regard, un sourire en réponse à celui, calculé, qui flottait sur ses lèvres, ou plutôt à cet air narquois où elle se complaisait, et qu'elle n'a pu garder.
Libellés :
Joconde
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .