Homard en mousse
Foie gras d'oie
Dos de bar cuit à la
vapeur
Soufflé glacé au Grand Marnier
… de quoi être soufflé, ou pas, par le menu servi dans le cadre obligé
du Drouant au lauréat et au jury de ce déjà lointain Goncourt-là (2011). L'art
français de la table vaut sans doute L'Art français de la guerre, mais que les médias ne manquent jamais de nous divulguer le menu Goncourt du Drouant, suggère que ce prix serait, pour un Roland Barthes, une mythologie
française, quand avec Mircea Eliade on y lira une hiérophanie, une manifestation du sacré.
Grands, petits, moyens, minis, tous nos autres prix littéraires n'ont d'essence que profane, on ne va pas en faire un plat de ce qu’auront mangé et bu jurés et lauréats, quand le Drouant, à l'inverse, est la sainte chapelle où s'autorise et s'opère la manducation du repas eucharistique par les dix apôtres du jury, dommage qu'ils ne soient
pas douze, entourant le Messie de l'année. Pour preuve, cette image pieuse où l'impétrant, ravi, les mains largement
ouvertes - quoique non stigmatisées -, arbore une longue écharpe qui est une
étole liturgique ; et, tel, voyez-le qui sous les spots et
les flashs, garants techniques de la transfiguration, sanctifie la nappe blanche de la Cène. Ecce homo.