Paul Gustav Fischer |
Tous les "proustiens", comme on dit, chevronnés ou néophytes, n'auront pas manqué de reconnaître en ces deux jeunes personnes les demoiselles Albertine et Andrée, tournant leurs yeux de biche vers la mer comme si elles espéraient, ou craignaient, deux verbes dont la construction diffère, tant pis, de voir reparaître leur amie Gisèle qu'elles ont, tout à l'heure, en riant comme des folles, balancée par-dessus bord, à moins que la victime de leurs terribles jeux n'eût été soi-même ce bon Marcel, lasses l'une autant que l'autre des timidités de ce petit jeune homme tellement coincé que, et qui aura ainsi signé sa condamnation, et par surcroît celle du roman que ce prétentieux disait porter en lui, dans les pages certainement longuettes duquel elles le soupçonnaient de vouloir les verser toutes crues et de narrer, en les enjolivant, leurs plaisantes débauches : tant pis pour lui, et pour les lecteurs putatifs, ils n'auront qu'à se rabattre sur des livres érotiques sans orthographe ou alors un peu glauques et à succès genre Les Demi-vierges de ce Marcel Prévost, de l'Académie Française, dont le pauvre noyé - à moins que la marée ne le leur ramène, un peu sonné, on lui fera du bouche-à-bouche - disait en rigolant que son nom à lui semble un anagramme.