Saurons-nous jamais quel objet aura été cause de l'horreur sacrée qui vient de fondre sur ces trois enfants? Peut-être la soudaine vision, par l'effet d'une facétie du vent fripon, de leur maman toute nue, comme la chose advint au petit Sigmund Freud à la faveur d'un voyage en train de nuit, et sans rémission, sans avoir eu le temps ni l'esprit de détourner son regard il eut devant lui, sans chemise et sans pantalon, en pudique latin dans le texte, matrem nudam ! Tel notre trio enfantin, incluant ce garçonnet qui pourrait ne pas s'en remettre, à moins que dans une perspective on ne peut plus adverse, loin d'avoir eu, selon le mot de Lautréamont, à s'arrêter "un instant, en route, comme quand on regarde le vagin d'une femme", il n'ait vu ou cru voir lui apparaître, et de même les deux fillettes, qu'elles soient ou non ses deux soeurs, la sempiternelle dame-toute-vêtue-de-blanc, déjà signalée ici ou là et donnant lieu à des sanctuaires, des prodiges, des processions, tout autant que la béatifique ou effarante apparition du sexe delle donna .
dimanche 11 septembre 2016
APPARITION(S)
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Beata Maria Virgo
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .