Loin des produits frelatés de consommation courante, A l'ombre des jaunes filles en fleurs évoque avec art l'irrésistible évolution d'une station balnéaire normande, très chic, fréquentée par de riches bourgeois et des ducs, mais graduellement envahie par une clientèle asiatique. Le narrateur, petit jeune homme qui cherche à s'affranchir des jupons de sa grand-mère, ne tardera pas d'orienter ses désirs vers une petite bande de demoiselles nippones, non seulement très délurées mais adeptes de diverses pratiques spéciales, dont au premier chef le bondage. C'est ainsi que par un beau soir d'été, mi-consentant mi-contraint notre héros en viendra à se voir artistiquement mais solidement lié et ligoté en bout de plage, à peu près nu, dans le rien moins que simple appareil d'un réseau de cordelettes savamment nouées et entrelacées où sa pauvre grand-mère, tardivement alertée par un appel enjoué de Nanami, la perverse Nippone aimée de son petit-fils, n'aura pas fini d'embrouiller ses tremblantes mains, toutes marquées de taches de vieillesse, sans qu'au point du jour, après toute une nuit de cette lutte hasardeuse avec les noeuds, l'entortillé captif ait en rien approché de sa délivrance.
