Sous le réfrigérant effet de la tempête de neige, ce building s'est d'ores et déjà si bien rétracté que sauf tropicalisation de la météo les temps sont proches où, toujours se désépaississant, il aura perdu sa 3ème dimension, jusqu'à finir à peu près aussi mince qu'une feuille de papier, immense, raidie par le gel, dressée vers le ciel gris, offrant le curieux spectacle de ses milliers de résidants qui, pour avoir suivi ou subi le même régime que leur immeuble, ne seront plus que des silhouettes ponctuant les embrasures et ondulant dans les courants d'air comme si elles participaient d'une chorégraphie fantomale dont le spectacle, de préférence nocturne, devrait attirer l'oeil des rares passants qui se hâtent dans la rue enneigée, serrant contre eux leur moelleuse doudoune de peur d'en venir à devoir se délester, eux aussi, de cette dimension sacrificiellement renoncée par les ondulants ectoplasmes qui semblent leur faire signe.
samedi 11 février 2017
EN ATTENDANT À MANHATTAN ...
Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .