(le Gérofi,
envoyé spécial rentrée littéraire estivo-automnale)
Fluctuat
et mergitur ! La péniche convoyant les 200.000 exemplaires du nouveau
roman d’Amélie Nothomb a coulé à pic au large de l’Île de la Cité, entrainant
par le fond la totalité de l’édition de cet ouvrage, passionnément attendu par
les innombrables fans de la romancière belge. Leur désespoir est illimité.
Rompant les barrières de sécurité, les plus valeureux ont déjà plongé et replongé
dans les eaux glauques, animés de la folle espérance de ramener ne fût-ce qu’un
exemplaire même déjà délavé, non par le passage du temps, mais par le fait des
eaux sales de la Seine. Quant aux plus douloureux de la cohorte, leurs parents,
leurs proches, les sapeurs-pompiers, les prêtres accourus de Notre Dame toute
proche, se multiplient pour les retenir de rejoindre à tout jamais le vaisseau
naufragé. D’autres, emportés par leur délire, scrutent sans fin le fleuve comme
s’ils espéraient voir remonter, moins le bouquin lui-même, dont ils ont – tout
comme nous - déjà oublié le titre, que le corps de l’illustre romancière,
agrandi aux dimensions de la péniche, suppléant le Livre et flottant genre
Ophélie sous leurs yeux noyés d’amour qui pourraient même se contenter, à
défaut de cette apparition magique, de la remontée du fameux chapeau de
l’écrivaine pourvu que pourvu d’un assez vaste pourtour pour sembler
pudiquement cacher la dépouille mortelle.