Peut-être aurait-il fallu aux démocrates un ou une autre candidat ou -date que cette politicienne datée, usagée, aux sourires cheese incroyablement factices, aux liens avérés voire suspects avec Wall Street, avantagée mais handicapée par un nom dynastique (le coup ayant déjà été joué avec les Bush), et déjà envoyée au tapis par son ex-concurrent Obama aux primaires de 2008. De là à croire que Bernie Sanders aurait été élu, bien trop peu mainstream pour ce pays ... Et puis Obama avait brillamment su faire le show, sans quoi impossible dans la société hyperspectaculaire US d'avoir le job. Absolument anti-Obama sur le fond, sur la forme Trump aura été lui aussi, à sa manière propre - et sale, et dégueulasse - dans cette campagne et cette foire, un prodigieux shwoman, un fabuleux archétype américain, un super Citizen Kane, cynique, vulgaire, violent, déchaîné, menteur, truqueur, drôle à l'occasion, transporté sur le tapis volant de ses milliards, même en partie hérités, signes et preuves au pays du In God We Trust d'une élection divine entérinée dans les urnes - grâce aussi à l'absurde système électoral américain, et aux jeunes idiots utiles qui, au motif qu'ils préféraient Bernie, n'auront pas voté du tout, ou auront voté pour l'écolo pure et dure Jill Stein (ou même pour le loufoque "libertarien" Gary Johnson), oubliant qu'aux élections de 2000 le célèbre écolo Ralph Nader coula Al Gore en lui faisant perdre la Floride : pour être élu haut la main il ne manquait au démocrate que 537 petites voix dans cet État, le très à gauche Ralph Nader fut le spoiler d'Al Gore et le Très Grand Électeur de Bush en raflant pour sa vénéneuse pomme, quoique bio, quelque 97.000 voix - on connaît la suite, épouvantable. De même en 2002 chez nous, la candidature de Taubira, diva de pacotille, ex-amie de Tapie, fit éliminer Jospin au 1er tour et Chirac fut élu. Le supposé mieux idéal est l'ennemi du bien imparfait. Reste que, pour revenir au choix US, Clinton n'ayant pas été the right woman in the right place (cf. en 2007 Royal), s'ouvre pour eux et pour nous l'ère Trump.
vendredi 11 novembre 2016
TRUMPOLOGIE
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Jacques Géraud est (s'efforce d'être) écrivain. Après des études austères (hypokhâgne, khâgne, bagne, ENS de Saint-Cloud, agrégation de lettres modernes), il a jusqu'à sa retraite enseigné en lycée dans la banlieue parisienne. Il vit à Lyon. Il a publié une dizaine de livres atypiques chez P.O.L, aux PUF, chez JBZ/Hugo&Cie, à l'Arbre Vengeur, aux éditions Champ Vallon.Conférencier des Alliances Françaises en 2009 aux États-Unis et au Canada. Il a été chroniqueur sur le Huffington Post (Culture), et sur ventscontraires.net (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point) .