Dans The Host (2006) – l’Hôte -, puissant film
fantastique du Sud Coréen Bong Joon-ho, un gigantesque monstre surgit du
fleuve, à Séoul, et galope sur la rive en écrasant et dévorant les promeneurs
épouvantés. Le 14 juillet 2016, à Nice, dix ans après, surgissant sur la
Promenade des Anglais, le camion frigorifique blanc de 19 tonnes conduit par un
tueur d’origine tunisienne écrase à mort 84 personnes et en blesse grièvement
des dizaines d’autres.
Le monstre de la fiction du cinéaste est le produit
d’une mutation génétique, causée par la folle imprudence d’un laborantin qui
jette dans le fleuve des produits hautement toxiques. De même, dans le réel, la mutation psychique, mais non accidentelle, celle-ci, produite par
un extrémisme politico-religieux islamiste apte à fabriquer des assassins non
pas sans foi ni loi, mais soumis à sa loi atroce et à sa foi fanatique, comme
en a produit, mais dans des temps anciens, heureusement révolus, l’autre grand
monothéisme, dans sa forme dominante catholique romaine, et sa ou
ses variantes réformées. Le sommeil de la raison engendre des monstres, comme
dit l’intitulé du tableau célèbre de Goya (1797-98), mais la raison raisonnante,
et non pas raisonnable, est capable d’en fabriquer aussi, sous forme d’idéologies :
nazisme, fascismes, communisme, Terreur « révolutionnaire ». Ne reste,
contre l'abomination de tous les fanatismes, que, disait Churchill, "le pire système à l'exception de tous les autres" : la démocratie - qui ne vaut que ce que valent les peuples qui la pratiquent.