POURQUOI PAS DE L'OIE ?

A l'issue d'une douloureuse traversée du désert, à peine égayée de vagues conférences plus ou moins bien rétribuées, à hauteur de 100.000 € pièce, dans un aimable royaume gazier, cet homme a pris un ou plutôt une coach ! Pour l'heure il s'initie sous la férule de la coach à la pratique d'une marche dont l'art était presque défunt. Nul doute que la coach, très attentive aux premiers pas de son élève, saura lui montrer comment monter plus haut la jambe, roidir le jarret, fermer l'expression, durcir les mâchoires et marcher, donc, vers son destin, à supposer qu'il y parvienne jamais.

BIOMASSE POPULAIRE

Cet agriculteur bio pose avec fierté devant son champ zéro pesticide. " Aucune chimie, nous confie-t-il, hilare, aucun recours à Monsanto et autres suppôts de l'impérialisme yankee ! Rien que des procédés locaux ! Nos sols sont fertilisés par l'engrais humain produit par la décomposition des corps des ennemis du peuple enterrés là-dessous en masse après leur juste châtiment par notre grande armée patriotique ! Ces nuisibles deviennent enfin utiles au progrès de notre merveilleux pays."

QUI SUIS-JE ?

Qui, dans cette bestiole, ne saurait reconnaître, saisi au coeur de son nouvel écosystème, loin du boulevard du Montparnasse et du Café de ... Flore, l'avatar, comme du dieu Vishnu  le poisson ou la tortue ou le sanglier, de certain  penseur et philosophe du siècle dernier, fameux pour sa petite taille et plus encore pour son fabuleux strabisme qui lui donnait la faculté de voir tout de travers? Jusqu'à prendre sa compagne, femme de haute taille, pour un castor, et pour le paradis l'enfer sur terre, russe ou asiate. Quant à son patronyme, c'est à peine s'il eut à en chambouler les lettres, et à s'en ajouter une, pour en tirer, comme le lapin du chapeau, son nouveau nom zoologique.

DISPARU(E)

Paul Gustav Fischer

Tous les "proustiens", comme on dit, chevronnés ou néophytes, n'auront pas manqué de reconnaître en ces deux jeunes personnes les demoiselles Albertine et Andrée, tournant leurs yeux de biche vers la mer comme si elles espéraient, ou craignaient, deux verbes dont la construction diffère, tant pis, de voir reparaître leur amie Gisèle qu'elles ont, tout à l'heure, en riant comme des folles, balancée par-dessus bord, à moins que la victime de leurs terribles jeux n'eût été soi-même ce bon Marcel, lasses l'une autant que l'autre des timidités de ce petit jeune homme tellement coincé que, et qui aura ainsi signé sa condamnation, et par surcroît celle du roman que ce prétentieux disait porter en lui, dans les pages certainement longuettes duquel elles le soupçonnaient de vouloir les verser toutes crues et de narrer, en les enjolivant, leurs plaisantes débauches : tant pis pour lui, et pour les lecteurs putatifs, ils n'auront qu'à se rabattre sur des livres érotiques sans orthographe ou alors un peu glauques et à succès genre Les Demi-vierges de ce Marcel Prévost, de l'Académie Française, dont le pauvre noyé - à moins que la marée ne le leur ramène, un peu sonné, on lui fera du bouche-à-bouche - disait en rigolant que son nom à lui semble un anagramme.

RAIES PUBLIQUES

La photo de ce trio devrait en principe faire ornement au calendrier 2017 des "Républicains", qui sera proposé en décembre dans les cages d'escalier par les vaillants militants de ce parti, dopés par l'approche de la présidentielle. Les trois caïds, les trois chefs les plus "capés", si l'on peut dire, remisant un moment au vestiaire rivalités féroces et haines recuites, ont voulu donner au pays l'image encore estivale d'une harmonie sublimée par les peintures dont ils se font parure, vêtus de probité candide et de raies blanches. Égalitairement coiffés tous les trois d'un bonnet rappelant l'emblématique bonnet phrygien, on aura reconnu, au centre du triptyque en sa qualité de senior, Juppé, dit "Juju", dit "Jupin" , flanqué à sa droite d'un "Sarko" teigneux, encore appelé "Sarkozyx", en mémoire de nos ancêtres les Gaulois, dont il descend directement,  et à sa gauche d'un Fillon, dit "Fifi", calme mais résolu. Espérons seulement qu'à l'issue de la séance photographique les trois chefs n'auront pas furieusement roulé dans la poussière, insoucieux de saloper la fragile beauté de leurs costumes minimalistes spécialement créés, nous dit-on, par le fameux Buren, grand maître mondial de la rayure.

WORK IN PROGRESS

Photo sur le site d'Yves Brette

Malheureuse victime des intempéries, ce jeune auteur n'a pu remettre son manuscrit à son éditeur, et le voici  exclu de la grande rentrée littéraire estivo-automnale, réduit à miser sur une prompte décrue pour reprendre le travail avec une ardeur nouvelle, méditant déjà la suite de son roman, les changements à lui apporter pour le rendre compétitif, comme, par exemple, une phrase plus courte, à moins qu'il n'en soit venu à ne méditer que de se laisser couler sous les lentilles d'eau, et ne surnageront que son bureau, ses lunettes, son ordi, laissant à quelque autre horrible travailleur qui passerait dans le coin le soin de reprendre l'oeuvre quitte à lui donner un autre cours, en espérant que l'oeuvre du marais ne suivra pas le sien jusqu'à submerger le nouvel auteur et ne surnageront que son bureau, son ordi,  ses lunettes, laissant à quelque autre horrible travailleur qui passerait dans le coin le soin de etc.

MY SECRET WIFE

Photo site Yves Brette

A l'occasion de sa visite en France, le Dalaï-Lama, comme toujours et plus que jamais tout sourire, a présenté aux médias son épouse secrète. Même, il a confié que dans un souci d'austérité la robe de "Kia", sa jeune femme, avait été coupée dans une chute de l'une de ses propres tenues rituelles. "Il y en a eu à peine assez pour le décolleté et les bretelles. Mais je ne m'en plains pas.", a-t-il conclu dans un grand éclat de rire.

REVERS

Donc Stanislas Wawrinka, le seul joueur beckettien du circuit - voir le tatouage : 

                 Ever tried. Ever failed. No matter

                 Try again. Fail again. Fail better.             -, 

- l'a emporté en finale d

e l'US Open contre "Djoko". Et c'est un revers de plus pour le si vilain revers à deux mains qui, n'étaient Federer et "Stan", ferait la loi dans les compétitions. Beauté des mots et du geste.

APPARITION(S)

Saurons-nous jamais quel objet aura été cause de l'horreur sacrée qui vient de fondre sur ces  trois enfants? Peut-être la soudaine vision, par l'effet d'une facétie du vent fripon, de leur maman toute nue, comme la chose advint au petit Sigmund Freud  à la faveur d'un voyage en train de nuit, et sans rémission, sans avoir eu le temps ni l'esprit de détourner son regard il eut devant lui,  sans chemise et sans pantalon, en pudique latin dans le texte, matrem nudam ! Tel notre trio enfantin, incluant ce garçonnet qui pourrait ne pas s'en remettre, à moins que dans une perspective on ne peut plus adverse, loin d'avoir eu, selon le mot de Lautréamont, à s'arrêter "un instant, en route, comme quand on regarde le vagin d'une femme", il n'ait vu ou cru voir lui apparaître, et de même les deux fillettes, qu'elles soient ou non ses deux soeurs, la sempiternelle dame-toute-vêtue-de-blanc, déjà signalée ici ou là et donnant lieu à des sanctuaires, des prodiges, des processions, tout autant que la béatifique ou effarante apparition du sexe delle donna .

A PLUS TARD TOUTOU !

Rentrée littéraire

Au sein de l'amas des 560 romans qui viennent de s'abattre sur les librairies,  comment ne pas pointer celui qui, selon nous, domine tout le lot : A plus tard Toutou ! , aux éditions de l'Apocalypse, de Victorin-Irénée Pluchet  que déjà quelques heureux lecteurs,  usant de l'acronyme, voudraient appeler "VIP", un statut que la force, l'éclat de ce premier roman devrait en effet conférer à son mystérieux auteur. On ne raconte pas A plus tard Toutou ! qui opère le prodige d'entrelacer sur à peine 130 pages une bonne centaine d'histoires, tout à la fois chatoyantes et sombres, en un noeud unique dont il faudrait l'oeil d'un lecteur idéal, osons le mot : divin, pour pénétrer les arcanes. Et pourtant l'admirable phrase de Pluchet, nervurée, aérienne, dense, n'est pas sans produire un euphorique effet de glissement, mais trompeur, au vu des failles qui, d'abord subreptices, s'ouvrent dans sa texture où, lecteur ingénu, tu pourrais, sache-le, sombrer. Car Pluchet est dangereux, il semble guider là où il égare, c'est un roman au risque de la folie. Les libraires le pressentent, sans doute, et l'on ne s'étonnera pas s'ils s'empressent de reléguer A plus tard Toutou ! sur une peu accessible étagère ou sous une table écartée. Et s'ils venaient à l'oublier dans son carton, à la bonne heure ! car celle de Pluchet peut attendre, à supposer qu'elle ait à sonner jamais.

FATUM FEU

Fatum

Cherchant à battre le record du monde du 100 mètres, catégorie des plus de 90 ans, la piste dévolue à mon exploit se trouva soudain obstruée par le passage malencontreux d’une tortue, et trébuchant sur sa carapace je chutai lourdement, me brisant une côte qui me perfora le cœur, si bien qu’à l’heure où j’écris ces lignes je suis mort.

Feu

Ayant lu qu’en frappant l’un contre l’autre deux silex il s’ensuit du feu, je cherchai à produire cet effet aux fins d’incendier cette paillotte où s’entassent les exemplaires de mon plus dangereux rival dans la quête du Prix A-Quoi-Bon, attribué au roman le plus inutile.

IDIOLATRIE & CRÉDULIE

THÉOLOGIE J'ÉCRIS TON NOM

La discipline baroque qui a nom "théologie", tout entière édifiée sur des fondations fictives, distingue d'une part le culte de "dulie", honorant les saints (la supposée Sainte Vierge ayant droit pour sa part à un culte dit d' "hyperdulie") et  d'autre partle culte supérieur, suréminent et suprême de "latrie", lequel a pour objet la divinité en personne(s) - avec un s puisque par chez nous elles sont 3, qui ne font qu'1, ou 0.
Moyennant quoi nous pourrions appeler "CRÉDULIE" le culte dû aux saints et aux saintes (une de plus dans le listing : la calamiteuse mère Teresa l'ayant emporté à l'aise sur la sympathique soeur Emmanuelle, qui ne cachait pas qu'elle fut amoureuse, osa le clito, lutta en Égypte contre les maternités à gogo), et "IDIOLÂTRIE" le culte dû à l'Être suprêmement non-étant et non-existant.

LES PRIX

En 1616, je me trompe, en 1919, l’ex-prix Congourd, rebaptisé prix Goncourt, tombait sur un rentier mondain non dénué de quelque talent de plume, pour un livre au titre déliquescent : A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Puis ce fut Nêne, en 1920, d’Ernest Pérochon.

La littérature française est une vieille dame dont il faut secouer les jupons pour en faire tomber de nouveaux enfants.

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Victor Hugo se flattait de manger les homards avec leur carapace ; ça n’empêche pas qu’il y a beaucoup de déchet dans son œuvre.

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La forêt
Jadis ébouriffée
Et puis très défrichée
Du sexe des femmes.